Affichage des articles dont le libellé est New Austrian Economics. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est New Austrian Economics. Afficher tous les articles

2014/11/22

Le Référendum des Suisses sur l’Or : une Bonne Idée aux Conséquences Imprévues

Je publie ici la traduction en français que j'ai faite de l'article de Keith Weiner, "Swiss ‪Gold‬ Initiative: Good Idea With Unintended Consequences" publié cette semaine sur Forbes.com, avec l'autorisation de l'auteur.

________________


Il se prépare en ce moment une initiative très intéressante en Suisse, sous la forme d’un référendum qui vise à imposer à la Banque Nationale Suisse (BNS) de maintenir 20 % de ses réserves en or. Les électeurs se prononceront le 30 novembre. Je ne cherche pas prédire le résultat du vote, mais je veux discuter ici de l'impact probable en cas de victoire du oui.

La plupart des analyses sur cette initiative porte sur le prix de l'or. Une prédiction typique est que ce dernier va monter, puisque l'achat d’or de la BNS excéderait l'offre. Cependant Mike Shedlock note que, "Quasiment tout l'or jamais extrait est disponible ...". En effet l'or est infiniment recyclable. La demande de la BNS serait faible par rapport aux stocks d'or présents à travers le monde, et c’est pourquoi le prix ne variera pas beaucoup. Shedlock ajoute: "Il est tout à fait possible que les achats de la BNS pourraient modifier de manière significative les perceptions ...". Je suis d'accord que le sentiment du marché est mûr pour basculer.

Le prix n’est pas une perspective très intéressante, sauf si vous êtes un trader sur le marché de l’or. Il est beaucoup plus important de noter que le référendum propose le premier changement monétaire positif depuis des décennies. Il réintroduit un lien entre l'or et l’activité bancaire, et impose un obstacle à la dévaluation monétaire. Pour cela, les Suisses sont des héros.

Il existe une faille critique dans notre système de devises flottantes. Chaque actif financier est une dette portée par quelqu'un. Lorsqu’une devise varie, elle crée des gagnants et des perdants. Les grands mouvements peuvent nuire aux banques dont les portefeuilles de prêts sont situés dans d’autres pays.

C’est pourquoi la BNS ne permet pas actuellement que l'euro chute en dessous de 1,2 francs. Pour maintenir cette parité, la banque centrale vend des francs et achète des euros. Il n'y a aucune limite à cette dévaluation du franc délibérée, qui dépouille les épargnants suisses, les investisseurs et les entreprises.

Les grands exportateurs comme Swatch et Nestlé peuvent avoir exercé des pressions pour un franc suisse plus faible, dans l'espoir de rendre leurs produits plus compétitifs, mais ce n’est qu’un aspect annexe. Le but réel de la dévaluation du franc est de protéger les banques suisses de la dévaluation de l'euro. Elles sont vulnérables, parce qu'elles accordent beaucoup de prêts hors du pays. Ils ont des actifs libellés en euro et les passifs libellés en franc suisse. Ils subissent des pertes lorsque l'euro chute, ou que le franc monte.

Deux exemples permettent d'illustrer le problème. Tout d'abord, imaginons que Jens en Allemagne emprunte un million d'euros auprès du Crédit Suisse. Alors que l'euro chute, Jens rembourse la banque en euro dont la valeur est de plus en plus petite. Sur les livres de compte en franc suisse du Crédit Suisse, la valeur du prêt chute comme une pierre. Jens est heureux, mais le Crédit Suisse ne l’est pas.

Ensuite, regardons Adriana en Italie qui emprunte aussi de l'argent, mais pas en euro. Elle obtient un million de francs suisses d’UBS. Alors que l'euro chute, Adriana le ressent comme un franc en hausse. Son paiement mensuel monte de plus en plus. UBS est heureux, au moins au début, parce que le prêt d’Adriana est en francs. Cependant Adriana se retrouve coincée. Quand elle ne peut plus rembourser, alors UBS devient aussi malheureux que le Crédit Suisse.

A chaque fois, le capital des banques suisses s’érode. Si l'euro chute suffisamment, alors les banques pourraient faire faillite. Seulement, ils savent où est la limite, et ce n’est probablement pas trop loin sous de la parité actuelle de 1,2 francs.

En cas de victoire du oui, les déposants des banques suisses ne vont pas ressentir la douleur causée par la devise, au premier abord. Ils sont heureux de posséder des francs suisses, surtout si le franc est à la hausse. Au lieu de cela, ils devraient se soucier des conséquences inattendues de la fin de l’ancrage à l'euro. Leur franc fort ne sera pas bienvenu dans le cas d'insolvabilité bancaire.

Malheureusement le régime du papier-monnaie impose un dilemme amer au peuple suisse. Ils n’ont que le choix entre des pertes lentes par la dévaluation ou des pertes totales par la faillite. Ils méritent une meilleure option, celle d’une feuille de route concrète vers l'étalon-or.

Il est formidable que le peuple suisse lutte pour se rapprocher de l'or. Je suis un ardent défenseur de l'étalon-or, et je tiens à applaudir mes amis suisses. Pourtant, je dois les mettre en garde aujourd'hui. Je me rends compte qu'ils ont dépensé beaucoup d'argent et de capital politique pour arriver jusqu'ici, mais je ne veux pas gagner cette bataille et perdre la guerre. Ils ont besoin d'une nouvelle initiative populaire, qui prenne en compte les prêts des banques libellés en euro.


2014/10/06

And The Gold Bank Appears: following Fekete, China is embracing New Austrian Economics as the foundation for the new International Monetary System

You might already know that China aims for Official Gold Reserves at 8500 tonnes.


But you surely not know about the golden treasure embedded in the original opinion editorial by Song Xin, General Manager of the China National Gold Group Corporation, Party Secretary and President of the China Gold Association, 07/30/2014. 

He spoke about the strategic role of gold, and new institutions needed for gold circulation, precisely in the logic based on New Austrian Economics that I'm using in my articles on Conscience Sociale and elsewhere since 2011. [articles in english ; en français]. 

His sentences about the GOLD BANK is truly one of strong evidence of what I called the 'Grande Renaissance' which will transform the whole world in the following decades (another one is the growing interest in Agile Democracy).

Chosen excerpts of Xin's editorial [Translation by BullionStar], with emphasis mine :

"For China, the strategic mission of gold lies in the support of RMB internationalization, and so let China become a world economic power and make sure that the "China Dream" is realized. 

Gold is the only thing carrying the dual mantels of a commodity as well as a monetary substance. It's both a very 'honest' asset and forms the very material basis for modern fiat currencies. Historically, gold has played an irreplaceable role in responses to financial crises and wars as it comes to protecting a country's economic security. Because of this, gold carries with it an honored and divine-given strategic mission in the ascend of the Chinese people and the pursuit of the "China Dream".

The Important Function Of Gold.

Gold is the world's only monetary asset that has no counter party risk, and is the only cross-nation, cross-language, cross-ethnicity, cross-religion and cross-culture globally recognized monetary asset. Gold is the last protection for a country's economic security; it safeguards a nations sovereignty in times of crises. [...] 

From our country's point of view, gold has played an irreplaceable role in the development of our economic society.[...] After 1989, we suffered economic sanctions from Western countries for a while and the PBOC used our gold reserves to enter into swap agreements to obtain needed foreign currencies. Right now, gold is still serving its functions to protect against economic risks; contributing in ever more important ways to our financial security. For the moment, although in general the international scene is peaceful, conflicts can develop in certain regions. If there should be a blockade or regional war, there could be only one method of payment left: gold.

The strategic Mission Of Gold.

Since the 18th People Congress, general secretary Xi Jinping brought up the goal to revive our nation, to realize the "Chinese dream ". One important part of this dream is to have a strong economy. Though China is already the world's second largest economy, there is still a long way to go to become an economic powerhouse. The most critical part to this is that we don't have enough say in matters such as international finance and matters regarding the monetary system, the most obvious of which is the fact that the RMB hasn't fully internationalized.

Gold is a monetary asset that transcends national sovereignty, is very powerful to settle obligations when everything else fails, hence it's exactly the basis of a currency moving up in the international arena. When the British Pound and the USD became international currencies, their gold reserve as a share of total world gold reserves was 50% and 60% respectively; when the Euro was introduced, the combined gold reserves of the member countries was more than 10,000 tonnes, more than the US had. If the RMB wants to achieve international status, it must have popular acceptance and a stable value. To this end, other than having assurance from the issuing nation, it is very important to have enough gold as the foundation, raising the 'gold content' of the RMB. Therefore, to China, the meaning and mission of gold is to support the RMB to become an internationally accepted currency and make China an economic powerhouse.

In this view, our gold reserves are very low, both in terms of a nominal level as well as a percentage of official reserves. [...] The average of the world is about 10%, but for us it's only 1%.

That is why, in order for gold to fulfill its destined mission, we must raise our gold holdings a great deal, and do so with a solid plan. Step one should take us to the 4,000 tonnes mark, more than Germany and become number two in the world, next, we should increase step by step towards 8,500 tonnes, more than the US.

All-round, Multi-channel Increases In Gold Levels. Fulfill Our Part In Enabling Gold To Accomplish Its Strategic Mission.

How to achieve growth in our gold reserve? Apart from the PBOC directly buying in the open market, we should use also use the following strategies:

1. Relax gold import controls, grant large scale gold enterprises permits to import gold. In 2013, our gold consumption reached 1176.4 tonnes. Compared to the 426 tonnes of local production, there is a shortage of 750 tonnes. To meet this gap, we presently let the 12 commercial banks with gold-trading rights import standard gold ingots. But these banks lack the ability to refine and assay gold, they can only import standardized gold, missing the large amount of non-standardized gold and wasting the international resources that we could reach. By relaxing import controls, the large-scale gold companies can then obtain this gold and use their own technology to refine it into standard quality gold. This can help meet demand in the market, or turn gold into official reserves as required.

2. Establish a gold reserve building fund. This can be seeded using capital from the State Treasury, and open it for participation by private-sector capital in the public. It should be controlled by the State and used to target diverse off-shore gold resources, acquire mines and raw gold and in so doing, extend our reach beyond our borders and add a layer of opaque reserves to otherwise standard reserve numbers. 

3. Establish a Gold bank. We need to establish our gold bank as soon as possible, and enable it to break the barrier between the commodity and monetary world. It can further help us acquire reserves and give us more say and control in the gold market. It may be guided under the PBOC and led by the China Gold Association, involving leading gold industry companies and commercial banks, and it's business would include: gold pricing (fix), gold financing and leasing, gold-guaranteed payments, gold saving accounts, gold lending, gold production chain financing and issuance and trading of paper gold and other gold investments. This gold bank can then naturally use market-oriented methods to change commodity gold into monetary gold reserves, thus help us increase our strategic gold reserves."

And here they are, as we have anticipated: the Mint, the gold Clearing House, the Gold Bills, the Gold Bonds. Hats off, Pr. Fekete! 
Les bonnes idées ne meurent jamais. C'est même à çà qu'on les reconnaît.



_________________________

ps: Dear readers, with this reform of the IMS now on the right track, this was my last post on Conscience Sociale, which is put on hold. Thanks for your constancy and your always growing interest : more than 10,000 pages viewed each month, specially by education, research institutes, banks and ministers all over the world.

My last advice would be to read again from time to time the most important and unfinished page on this site.

À mesure qu'on avance dans la vie, on s'aperçoit que le courage le plus rare est celui de penser.
(F.A. Thibault, 'Anatole France', 1844 – 1924)


2014/09/19

2015 : émergence d’un nouveau système monétaire international multipolaire. L’or se réveille.


Cet article s’intéresse au mouvement de fond touchant le système monétaire international, et décrit son prochain "palier" qui est en train d’être mis en place par des actions locales, rapides et successives, sans obligatoirement être chacune accompagnée dans la foulée par un communiqué public. 

Dit schématiquement, nous décrivons le processus de sortie du dollar : la dé-dollarisation du monde qui commence par les pays BRICS.

Dollar contre or

L’histoire humaine depuis plus de 6500 ans est jalonnée par l’or, sur tous les continents. En effet cette matière présente des qualités physico-chimiques, géologiques et historiques[*] absolument sans équivalent sur notre planète. Elle représente ainsi le meilleur moyen qui puisse exister pour stocker la valeur sur une longue durée.[**] L’or a donc été sélectionné par l’homme au cours des millénaires pour être le support matériel de la monnaie[1], qui permet de développer les échanges de valeur c’est-à-dire l’économie.

La monnaie représente dans l’esprit des hommes la stabilité de la valeur dans le temps futur. Remarquez l’éclat inaltéré des bijoux de Varna, ou plus proche de nous l'évolution du pouvoir d’achat de l’or lors des derniers siècles écoulés (figure 1). La stabilité de l’or (en termes de pouvoir d'achat) ne subit des fluctuations importantes que lors des événements suivants : découverte des Amériques et de leurs mines par les Européens (XVIème siècle) ; abandon du standard or par la France et l’Allemagne en 1914 pour financer la Grande Guerre, puis par tous les pays de l'Union Latine ; confiscation de l’or des citoyens américains en 1933 ; défaut sur les accords de Bretton Woods par les USA (1971) ; mise en place du premier accord CBGA (1999) ; crise financière globale de 2008.

Figure 1: pouvoir d’achat de l’or entre 1560 et 2010 aux Etats-Unis ; source : WGC

On peut comparer cette stabilité, fondamentale pour la croissance de l’économie, avec l’évolution du pouvoir d’achat du dollar (figure 2a). Cette courbe se lit aussi comme suit : « combien d’onces d’or faut-il pour acheter 1 dollar ? ». 

Figure 2a : pouvoir d’achat du dollar par rapport à l'or entre 1718 et 2013 ; Source : goldsilverworlds.com

On peut également comparer l'évolution des autres monnaies fiduciaires par rapport à l'or lors du siècle écoulé (figure 2b).

Figure 2b: destruction des monnaies fiduciaires depuis 1900; source

Car la référence ultime doit toujours être ce qui varie le moins : on ne mesure pas une règle avec un élastique mais les différentes longueurs de l’élastique (le dollar) au cours du temps, à l’aide de la règle (la masse d’or). Toute économie fondée sur des principes différents est condamnée à faire illusion. La mesure au moyen de l’or, par exemple pour l'évolution du PIB des USA ou de UK, dissipe instantanément cette illusion (figure 3).

Figure 3 : PIB annuel des U.S.A et de UK par habitant (1830-2012) exprimés en onces d'or fin ; Source: Conscience-Sociale.org & Samuel H. Williamson, Measuring Worth

Le retour de l’or

Nous avons déjà décrit les relations actuelles profondes entre les marchés de l’or et du dollar.[1b] Le mouvement profond de la grande crise actuelle doit s’analyser comme une « remontée irrésistible à la surface » de l’or dans le système monétaire international, suivant des paliers de décompression. Le naufrage du dollar (ou plus exactement du système pétro-dollar, et des Bons du Trésor US comme référence commune) doit se comprendre comme ceci : 
  • Toute monnaie ne peut être qu’un instrument d’échange dérivé[2] de l’or, ou d’une autre monnaie, suivant une hiérarchie d’influence. A cet égard, l’euro est actuellement un dérivé du dollar. 
  • Le dollar est un instrument dérivé de l’or, grâce à un marché jusqu’à présent encore liquide et profond.[3] 
  • Le dollar est l’instrument de référence du système monétaire international, reflétant l’organisation unipolaire du monde au XXème siècle.[4] 
  • Réformer le système monétaire international basé sur le dollar, c’est introduire à la place du dollar un autre instrument d’échange dérivé de l’or… ou plusieurs !
Nous avons précédemment mentionné dans nos travaux le stade ultime d’instrument dérivé de l’or, qui est le billet à ordre remboursable en or (Gold Bill).[5]
Nous décrivons ici un palier intermédiaire, reflétant désormais l’organisation multipolaire du monde.
Il ne s’agit pas de remplacer le dollar par un panier de devises. Il s’agit d’abord de remplacer le marché assurant l’échange entre dollar et or (le COMEX), par d’autres marchés. C’est là que nous devons nous intéresser de près à l’accumulation de stocks d’or par les pays BRICS, les seuls ayant la volonté de réformer le système monétaire international.
Les statistiques officielles de stocks d'or (WGC, FMI) ne peuvent pas être tenues pour argent comptant, pour deux raisons :
  • L’importance stratégique primordiale des stocks d’or implique que les valeurs publiées ne reflètent pas les évolutions réelles, en particulier les stocks issus de l’extraction minière dans le même pays. 
  • Les banques centrales, en particulier occidentales, ont pratiqué pendant des décennies le leasing de leur or national, ou l’achat de certificats ETF, ou le déplacement de leur or à New York ou Londres pour soi-disant « faciliter les transactions ». Ces stocks ne sont représentatifs en aucune façon de la réalité[6] de ce qui peut effectivement être mis à disposition sur un marché qui autorise le retrait d'or physique par n'importe quel acteur.[7] 


L’or dans la stratégie des BRICS

Commençons par la Chine.
Sa banque centrale vise officiellement à réunir plus de 8500 tonnes dans ses réserves.[8] Il est donc essentiel de suivre les importations d’or parallèlement aux stocks officiels (figures 4 et 5) et aux volumes de retrait sur le marché de Shanghai qui joue le rôle de porte d’entrée des flux importés. Son ambition de développer un vaste marché de l’or permettant de participer activement au processus de fixation du prix de l’or, s’étale au grand jour.[9] Le marché international des contrats à terme pour l'or (gold futures) qui a ouvert aujourd'hui 18 septembre à Shanghai.[10] Pourquoi cette annonce historique ne fait-elle pas les grands titres du journal télévisé dans votre pays ?

Figure 4; source

Figure 5; source

Passons à la Russie. 
Il est essentiel ici de comprendre la nature multipolaire de tout ce qui se joue et qui compte en ce moment. La Chine ne remplacera pas les USA. C’est l’ensemble des BRICS, articulé lui-même autour de l’axe fort Russie-Chine. La Russie présente le partenariat idéal pour le nouveau système : une monnaie solide ancrée sur des réserves officielles en croissance (sans leasing)[11], et la plus importante capacité d’exportation d’énergie de la planète. 

Ce partenariat Russie-Chine remplace celui du pétrodollar (US-Arabie Saoudite), sans présenter la faiblesse géopolitique de ce dernier pays. Il est beaucoup plus équilibré. C’est pourquoi les ventes d’énergie pourront s’opérer en rouble avec les autres pays[12], la Chine payant soit en rouble soit en Renminbi suivant les accords de swap… voire en billets à ordre remboursables en or (Gold Bills), qui pourront servir dans les 3 mois à la Russie pour acheter des produits chinois. L’ensemble de ces mécanismes assurent qu’aucun déficit de la balance commerciale ne se creusera entre ces deux pays.

Figure 6 : réserves d'or officielles de la banque centrale russe, 1994 - 2014/05; source

La nature multipolaire des BRICS intègre naturellement le Brésil, l’Inde, et l’Afrique du Sud dans ces accords de commerce internationaux.
Chacun de ces pays effectuera ses paiements suivant ses propres atouts :
  • Le Brésil et l’Afrique du Sud vendront des produits agricoles et des matières premières à la Chine (ou à d’autres pays des BRICS) en s’appuyant sur leur accord de swap de devises, en retour de l’achat de produits manufacturés des BRICS. 
  • L'Afrique du Sud est encore un très important producteur d'or mondial, après avoir été le numéro 1 pendant des décennies (figure 6b). Ses mines lui permettent si nécessaire de constituer des réserves nationales de 200 t / an sans l'acheter sur les marchés internationaux. 
Figure 6b ; source
  • Le Brésil est le 14ème producteur d'or mondial malgré des réserves géologiques plus significatives. Les chiffres de l'US Geological Survey annoncent une production en 2011 de 60.3 tonnes, et de 63 tonnes en 2010. Les projets impliquant d'autres pays d'Amérique du Sud (par exemple les projets de Yamana Gold, figure 6c) sont à souligner du fait du fort rapprochement entre BRICS, Mercosur et Argentine.
Figure 6c; source
  • L’Inde importe massivement de l’or depuis les années 90 (figure 7) et dispose après la Chine du plus important stock d’or mondial dans les mains de ses citoyens. Ceux-ci pourront rapidement s’insérer dans le commerce des Gold Bills, après l’étape utilisant les swaps.


Figure 7

Les conséquences de ces rachats d’or sur les équilibres de forces dans le monde se jouent avant tout sur le terrain monétaire, qui est le socle de tous les autres attributs d’indépendance. Grâce à ces stocks astucieusement exploités, et à la confiance mutuelle de très long terme qu’ils inspirent, de puissants partenariats stratégiques peuvent se développer, des nouvelles filières internationales d’approvisionnement (supply chain) peuvent se mettre en place. Le commerce international progresse sur des bases saines.
Nous estimons que ce prochain "palier" du système monétaire international sera techniquement atteint dès fin 2014, et communiqué publiquement pour le prochain sommet des BRICS en juillet 2015.
Le prochain système monétaire international sera donc réellement multipolaire, et favorisera des équilibres commerciaux dynamiques. Il reposera à nouveau sur un repère universel et intangible : l’or, et une cohabitation avec des monnaies fiduciaires. D’autres mécanismes comme les Gold Bills, les obligations remboursables en or (Gold Bonds), viendront consolider le système dans de prochains paliers de maturité.

Mais que font les pays Européens ?

L'Europe a loupé le coche en 2009 pour s’émanciper de sa tutelle américaine et pour participer significativement à l’organisation de ce prochain système monétaire international, malgré nos appels. C’est une erreur historique, collective, qui jouera en faveur de la remise en cause, à terme, du mode de gouvernance des pays européens, des institutions européennes et des banques centrales occidentales.

La plupart des pays Européens sont aspirés dans le mouvement que nous décrivons et peuvent se raccrocher au nouveau système monétaire initié par les BRICS, en particulier grâce aux accords bilatéraux passés tout dernièrement avec la Chine.[13]

Il s’agit bien évidemment d’inciter les pays Européens à participer dès à présent à ce mouvement de fond historique de manière plus étendue. Continuer de ne pas vouloir le faire dès maintenant, c'est être de toute façon contraint et forcé de le faire plus tard, avec beaucoup plus de problèmes de mise en place, sans compter ceux qui continuent à grossir. Les conséquences sociales et géopolitiques consécutives à chaque année de retard se paieront au prix fort dans le destin de l’Europe.

En particulier, il est essentiel de rappeler qu’à l’opposé des Quantitative Easings, l’or est le souverain remède contre la déflation.[14]

Après un état du Canada[15], la Banque d'Angleterre a surpris tous les analystes habituels en devenant le premier pays européen à émettre des obligations en Renminbi.[16]
Cette annonce prouve que la BoE préfère favoriser un système monétaire international basé sur le duo Yuan/Rouble et donc intimement adossé aux banques centrales, plutôt qu'un autre plus distribué et basé sur l'or.
En effet pour la BoE, annoncer reconstituer des réserves d'or serait renier une stratégie de 150 ans.
La City espère ainsi devancer ce nouveau marché et continuer à dominer les pays européens (à defaut du monde) en devenant le centre financier européen incontournable pour le clearing en RMB.
Au moins 4 autres pays européens ont compris la manœuvre: France, Suisse, Allemagne, Luxembourg. Tous luttent maintenant entre eux pour être des seconds couteaux par rapport à l'Eurasie qui se consolide. Nous aurons confirmation de ce pitoyable vide stratégique européen au G20 de Novembre en Australie. C'est ce que nous avions appelé la satellisation des pays européens.

Si l’Europe se contente de rester dans cette position, elle place naturellement le Renminbi échangeable en or au SGE sur le chemin le plus favorable pour le développement du commerce international. La Chine ayant compris la limite lointaine mais mortelle pour eux de ce système, en observant les Etats Unis depuis 1971, favorisera à terme la diffusion internationale des Gold Bills qui résolvent élégamment ce problème.

Remonté des profondeurs de l’histoire, l’or aura alors émergé à nouveau à l’air… libre. Free gold.




[*] L'accumulation des stocks disponibles extraits des mines depuis la préhistoire humaine sur tous les continents, ainsi que son caractère inaltérable et recyclable ("l'or ne se mange pas") explique que le ratio (volume de la production annuelle / stock mondial d'or) est le plus faible de toutes les matières ou composés sur notre planète. Ceci induit une stabilité sans équivalent de la valeur de l'or, issue d'un lent et continu processus historique. A ce titre, la valeur de l'argent métal fluctue librement: elle aussi est mesurée par rapport à celle de l'or.
[**] "Ainsi la valeur n'est pas inhérente aux biens, elle n'en est pas une propriété [...]. C'est un jugement que les sujets économiques portent sur l'importance des biens [...]. Il en résulte que la valeur n'existe pas hors de la conscience des hommes". / "Value does not exist outside of the consciousness of mankind". (Carl Menger, 1840 – 1921)
[1] Gold history in the monetary systems since 5000 years : galmarley.com ; Pour un résumé des vraies caractéristiques de la monnaie voir BullionStar, 09/2014.
[1b] Conscience-Sociale.org, 10/2013 et 03/2014 .
[2] i.e. a derivative.
[3] Hugo Salinas Price, ‘How the Dollar Will Die’, 2014/09. 
[4] L’Union Soviétique n’a pas développé de système monétaire international concurrent pour son commerce international ; source : wikipedia
[5] a) Aussi appelé effet réel de commerce ou lettre de crédit, i.e. Gold Bills, tel que décrit par la Nouvelle Ecole Autrichienne d’Economie (NASoE) ; b) Conscience-Sociale.org, 03/2014
[6] Voir la liste des processus de rapatriements des stocks d’or nationaux, dont 8 concernent des pays européens. 
[7] A échéance du contrat, si celui-ci n’est pas reconduit (roll). 
[8] a) A 2012 paper, ‘A Study on Optimal Scale of China Gold Reserves’ co-authored by the Vice-President of the China Gold Association recommended that by 2020, China’s optimal reserves should be 5,787 – 6,750 tons. If the State Council has followed this recommendation then the PBOC should currently hold between 2,947.2 tons and 3332.4 tons of gold in reserve (source: GoldSeek.com, 10/2013); b) BullionStar, 09/2014; c) Sina Finance, '黄金的战略使命 支撑人民币走向世界', 07/2014.
[9] a) In Gold We Trust, ‘SGE Chairman: China Should Become First Class International Gold Market’, 05/2014; b) Scrapmonster.com, ‘China Invites Top Foreign Banks to Global Gold Exchange’, 05/2014 ; c) Reuters, 05/2014 ; d) Inteligencia financiera global, 05/2014; e) In Gold We Trust, ‘LBMA Forum Singapore - Xu and Zhou speeches’, 06/2014. 
b) L'ouverture était annoncée 10 jours plus tard : Bloomberg, ‘The Shanghai Gold Exchange plans to start bullion trading in the city’s free-trade zone on Sept. 26’, 08/2014 ; c) The SGE IB will facilitate off shore gold trading in renminbi, it will not open the Chinese physical gold market to the rest of the world. Source: Bullion Star, 08/2014
[11] With 1104 tonnes, Russia now has the world’s 6th largest gold reserves, officially higher than both Switzerland’s 1,040 tonnes and China’s 1054 tonnes. As well as Kazakhstan, other countries in the region have also actively been increasing official gold reserves this year including Azerbaijan, Kyrgyzstan and Tajikistan. Source: GoldSeek, 08/2014
[12] Voice of Russia, ‘Russian-led 'gas OPEC ' may emerge soon’, 05/2014. 
[14] NASoE, ‘The deflation nobody understands’, 11/2013.
[15] CBC News, 'British Columbia to issue Chinese-denominated bonds', 11/2013.
[16] Xinhua, 'Britain to include China's RMB as foreign currency reserve', 09/2014.

Mises à jour 
20/09 : ajout du § comportant les réf. 15 et 16 et des figures 6b, 6c ; enrichissement de la figure 11 ; ajout des notes * et **.
29/09 : ajout de la video
05/10 : ajout des références 8b et 8c, mise à jour de la figure 5

2014/06/06

Les banques dupées par Draghi et la BCE


De "la pluie d'annonces" que la BCE a fait tomber hier, nous retiendrons ceci:
  • tout d'abord que ces mesures sont sensées parer à la déflation et à la baisse de croissance dans la zone euro, notamment en faisant baisser l'euro par rapport au dollar
  • que les traders et analystes des grandes banques ou fonds (ce que l'on nomme un peu vite "les marchés") ont tous applaudis des deux mains;
  • que les effets seront longs à se faire sentir d'après Draghi : "Il est très vraisemblable que nous constaterons des effets immédiats sur le marché monétaire et des effets sur l'économie réelle attribuables à ce programme avec retard... cela prendra probablement trois à quatre trimestres."
  • que les projections des services de la BCE sont révisées pour 2014 avec les risques à la baisse : risques géopolitiques, pays émergents, demande intérieure insuffisante, réformes insuffisantes.
  • qu'à la fin de la journée un analyste à ce point convaincu a déclaré : "Après ce paquet d'annonces vraiment, si ça ne fonctionne pas, ça ne peut être que la faute des banques!"

La dernière section de cet article détaille les principales mesures. Il y en a d'autres, notamment concernant l'arrêt de la stérilisation -déjà lacunaire- lors des rachats de SMP (retrait de liquidités), qui vont gonfler la masse monétaire de 165 milliards d'€ environ; ainsi que les rachats de certaines dettes titrisées dites ABS (mais on ne sait pas encore lesquelles exactement: credit immobilier, credit aux entreprises grandes ou petites...). Dans tous les cas leur volume sera faible :
Before the global financial crisis erupted in 2007, Europe had a nascent market for ABS backed by small business loans. In 2006, for example, there were 34 issues worth a total €46 bn, with Spain accounting for 15 of them, according to data from the Fitch rating agency. [1]

Revenons au début: la déflation.

Comment l'observe t'on? Certainement pas par une inflation entre 0 et +1%, comme actuellement. Au mieux, c'est de la desinflation, au pire de la desinformation.
Elle s'observe par l'évolution longue de la structure des taux d'intérêts, ramenés à 10 ans. Or ceux-ci continuent de baisser, baisser, depuis plusieurs années en Occident malgré les QE, LTRO et politiques monétaires non conventionnelles, ce que ne comprend aucun analyste ou économiste hors ceux de l'école de Menger :

10 Year Eurozone AAA government bond yield since 2004 (source)

... idem pour les USA depuis 1980 :
US government bond 10Y since 1912, implied yield

... et pour UK :
UK government bond 10Y since 1980, implied yield

Et cela se mesure aussi clairement sur la vélocité de la monnaie, calculée ici avec le rapport PIB/M2 pour les US et la zone euro :

Velocity of M2 money stock (calculated using GDP/M2): U.S. (lhs) and Euro Area (rhs); data series since 1959 and 1994; updated quarterly

L'explication est pourtant simple: des baisses de taux directeurs appellent des taux encore plus bas. Les entreprises et les ménages l'anticipent et retardent un peu leurs investissements, dans l'attente de taux plus bas, c'est à dire un crédit moins cher. Comme les médecins de Molière, les banquiers centraux n'ont pas compris qu'un malade pouvait mourir de saignées répétées (c'est à dire les baisses de taux directeurs), parce que c'est le seul traitement à leur disposition dans leur valise. Parce qu'ils n'ont pas étudié ou compris Menger et Fekete. Et les retards d'investissement (un problème de demande et de confiance, voir la dernière section) signifient une transmission cassée ou opposée de l'impulsion souhaitée par la politique monétaire (sauf si ce que l'on souhaite en réalité c'est la déflation!). 

Les politiques monétaires des banques centrales depuis un siècle (hormis la période gaullienne) sont devenues une partie essentielle du problème, au lieu d'être une partie essentielle de la solution comme tous les médias et économistes le diffusent.

En l'absence de guerre militaire et de destruction physique du capital, la seule issue possible d'un système monétaire centralisé et entièrement fiduciaire est la déflation.

L'euro est-il trop cher actuellement? Clairement non, pas encore.

La position relative de l'euro par rapport aux autres devises ne doit se mesurer que sur une longue période pour avoir le moindre sens. Voila ce qu'il en est pour la position vis à vis du dollar :

US Dollar / Euro exchange rate since 1999, updated daily (source: BCE)

Bref entre 1.2 et 1.4 on est dans un territoire absolument normal, qui n'a pas exigé des mesures non conventionnelles auparavant, et qui n'en exigent donc pas maintenant. Au mieux on peut dire que c'est le dollar qui s'affaiblit et qu'on veut éviter de franchir bientôt le seuil de 1,4 USD/€
Et pour la position de l'euro vis à vis des autres devises... :

Euro area-17 countries vis-a-vis the EER-20 group of trading partners (AU, CA, DK, HK, JP, NO, SG, KR, SE, CH, GB, US, BG, CZ, LV, LT, HU, PL, RO and CN) ; Data serie since 06/1993; updated daily

... c'est pareil. Il n'y a pas le feu au lac sur ce sujet, pas plus ni moins qu'en 2006.

Les banques dupées

En résumé:
  • concernant la déflation les mesures prises sont neutres ou négatives,
  • concernant le ratio euro / dollar, l'effet le plus grand est du côté de la faiblesse du dollar et des US et non pas de la force de l'euro. Cette faiblesse entraîne un flux des assets vers la liquidité maximum et le risque minimum donc la devise dont les stocks gonflent (maintenant que les obligations court terme sont à zéro virgule zéro pour très longtemps et qu'il n'y a quasiment plus d'or disponible),
  • les "marchés" sont pris à leur propre jeu d'influence médiatique parce qu'ils ne maîtrisent pas les fondamentaux économiques de la situation ; ayant fortement pressé Draghi dans cette direction, puis l'ayant désormais glorifié d'être passé aux actes, ils ne pourront plus mener campagne contre la BCE quand les faits montreront que la situation économique en zone euro stagne (au mieux),
  • les banques seront donc la cible privilégiée de fortes attaques dans les mois à venir, "parce qu'elles renaclent à faire leur travail de soutien de l'économie réelle"
  • la BCE a acheté du temps pour préparer de nouvelles régulations nécessaires pour encaisser le choc principal encore à venir, 
  • les acteurs financiers occidentaux ont perdu de l'influence stratégique auprès de la BCE,
  • non, la BCE ne rachètera jamais aveuglément d'assets des banques européennes (QE) qui ne feraient qu'acheter de nouveaux bons du Trésor US avec ces nouvelles liquidités. Les "marchés" ne forceront pas la main à la BCE pour soutenir la Fed.

Détail sur les mesures annoncées par Mario Draghi [2]

Elles sont globalement au nombre de trois. 

1/ Le principal taux d’intérêt directeur passe de 0,25 % à 0,15 %. En gros, nous allons pouvoir emprunter un poil moins cher de l’argent que nous ne voulons pas emprunter puisque nous ne sommes pas sûrs de pouvoir le rembourser en particulier pour ceux qui n’ont pas de visibilité sur leur emploi. Cela ne changera donc pas grand-chose. Je n’emprunte pas parce que les taux viennent de baisser de 0,10 %, j’emprunte parce que j’en ai besoin ou parce que je vais réaliser un investissement rentable. 
Retenez donc que le taux directeur est celui qui fixe en gros le prix d’emprunt de l’argent.
2/ Le taux de dépôt de la BCE, lui, est devenu carrément négatif et c’est une grande première historique pour la BCE. Il y a bien eu quelques expériences de ce genre il y a quelques années en particulier dans des pays nordiques, mais cela n’a pas réellement fonctionné. Disons que sur ce sujet nous n’avons pas de recul suffisant pour être affirmatifs dans nos appréciations. Néanmoins, mon point de vue est que là encore, cela ne va pas fonctionner.

Avant de vous expliquer pourquoi, expliquons ce qu’est le taux de dépôt. Lorsqu’une banque commerciale comme la Société Générale ou la BNP dispose d’un excédent de trésorerie, elle peut prêter ces fonds par exemple à d’autres banques qui, elles, seraient en manque ponctuel de liquidités. Le problème c’est que depuis 2007 plus personne n’a confiance en personne, donc les banques en excédent déposent leur argent directement à la BCE qui, jusqu’à présent, rémunérait ses fonds (bien que de moins en moins).

Désormais, une banque qui placera son argent à la BCE aura moins à la sortie de son placement qu’à son entrée. En clair, les banques vont devoir payer pour placer leur épargne à la BCE !

L’idée c’est de forcer les banques en excédent à prêter et à financer l’économie… enfin officiellement !
Pourquoi cela ne va sans doute pas marcher ?
Les raisons sont multiples. Tout d’abord, le problème de fond est la confiance. Certaines banques préféreront perdre très légèrement plutôt que d’aller prendre des risques inutiles.

La réalité c’est que certaines banques vont préférer prêter à des États surendettés et en situation de solvabilité très dégradée pour la raison simple que la BCE devrait intervenir en cas de pépin grave (en tout cas c’est le pari), donc plutôt que de financer l’économie réelle, moi banquier, je préfère prêter mes sous à l’Espagne à 3 % !  
Évidemment, 3 % cela rapporte plus que de payer 0,10 % ! Le calcul est donc vite fait pour nos rapaces de banquiers.

Enfin, certes les banques se montrent réticentes à financer l’économie réelle, en revanche ce n’est qu’une partie de ce problème. Il y a l’offre de crédit (côté banque) mais il y a aussi une demande de crédit (côté client). Or la demande de crédit est orientée dramatiquement à la baisse depuis plus de deux ans. La raison est simple. Les particuliers, qui ont peur pour leur emploi, ne veulent pas emprunter. Logique. Les entreprises, qui n’ont pas de visibilité, ne veulent pas investir… donc elles n’empruntent pas. Logique aussi.

Enfin, et c’est le dernier élément, les banques garderont tout simplement leur argent sur leur propre compte et préféreront plutôt ne rien faire que d’en perdre !

3/ Comme nous l’apprend la dépêche AFP, « selon les analystes, il pourrait annoncer entre autres un nouveau crédit à long terme (LTRO) aux banques, soumis cette fois à la condition qu’elles prêtent à leur tour contrairement à deux LTRO à trois ans lancés précédemment par la BCE ». C’est le fameux « crédit easing » européen que j’avais déjà évoqué à plusieurs reprises et qui se précise. 

Cependant, Mario Draghi garde des « cartouches » et des munitions pour plus tard et continue sa politique qui, essentiellement, vise simplement à gagner du temps. Pour quoi faire ? Nul ne le sait. Disons que nous gagnons du temps ou plus précisément nous achetons du temps non pas tant pour ce que cela nous permettra de faire que pour ce que cela nous évitera de vivre.

Nous n’en sommes plus, et depuis longtemps, à vouloir améliorer la situation puisque nous n’avons rien fait depuis 7 ans pour changer véritablement les modes de fonctionnement de notre système. Nous en sommes juste à vouloir éviter les conséquences désastreuses d’un effondrement et les autorités tentent désespérément d’organiser une lente descente plutôt qu’une chute violente.

Je laisse donc le mot de la fin à Carsten Bzreski, économiste de la banque ING repris par l’AFP, qui a déclaré à propos des annonces de Mario Draghi que :
« Mais cela aidera-t-il à faire repartir l’économie ? Probablement pas mais la BCE a montré sa détermination et sa capacité à agir ! »
Ce qui peut être traduit par un lapidaire « ce que fait la BCE ne servira à rien mais tout le monde fait semblant de croire que ce que l’on fait sera efficace ! »  Si la situation n’était pas aussi dramatique, ce serait drôle.

 _________________________

[1] Financial Times, 05/2013

[2] Cette section (avec quelques modifications que j'ai apportées) est sous licence ‘presslib’, c’est-à-dire libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Le Contrarien Matin est un quotidien de décryptage sans concession de l’actualité économique édité par la société AuCOFFRE.com. Section écrite par Charles SANNAT, directeur des études économiques. Merci de visiter notre site. Vous pouvez vous abonner gratuitement www.lecontrarien.com.

2014/04/10

The golden age of our times is the age of gold


Towards a new international monetary system - Part 2.

[Ceci est la traduction en anglais de l'article original écrit en français]


We first established in January 2013 the need to resolve the problem of the international monetary system, and its absolute priority. [1] 

We then proposed in May 2013 a strategy to effectively prepare the necessary resilience to support the change in the international monetary system. [2] The various official announcements over the past months have largely confirmed that this anticipation was shared. [3] 

The synthesis of this strategy was again stressed by Laurence Brahm on 21/10/2013: 
It is not the complete removal of the old Bretton Woods financial architecture but rather the creation of a new parallel structure to the old. Eventually, countries will be able to choose which architecture is better suited to their own plans for reconstruction and renovation. " [4] 
The Golden Age (Zucchi)
This week of March 2014 where I release this article sees an important step in international relations. It is nothing less than discussing the 2015 framework and choosing between the repetition of the Vienna Conference in 1815 (the Concert of Nations) or Yalta Conference in 1945 (the Cold War) that will support the “new rules of the game in international politics“. [5] 

In fact, this week in Europe a large number of high level bilateral meetings take place: 
·                     President Xi with the Prime Minister of the Netherlands, François Hollande, Angela Merkel then with the European Commission president [6] 
·                     President Obama with President Xi, and then he has extended his trip at the last minute to meet the Heads of State of the Netherlands, Italy, Belgium, UAE, South Korea, Japan, then a meeting with the Pope in Rome and a meeting with the King of Saudi Arabia. [7] Not to mention a planned meeting with Mr Barroso and Van Rompuy [8] 
·                     The G7 meeting on the sidelines of the Nuclear Security Summit in 2014 
·                     And other bilateral meetings, more or less official and prepared, among other heads of state following their presence at the Nuclear Security Summit 2014.
Officially the goal is mostly to talk about the crisis in Ukraine and Crimea, or to sign some contracts. The public communiques will mention them. 

We believe that other issues, much more important but related, will be discussed : those around the current reorganization of the new international monetary and financial system. [8.1]
Marketable U.S. Treasuries held by the Fed in custody for Foreign Official and International Accounts; till 3/26/2014; 
(Sources: St Louis Fed, Conscience-Sociale.org)

Our analysis is that the Ukrainian crisis was triggered by the U.S. deep state in preparation for the introduction of this next reorganization. [9] This is to retain the EU in the area of U.S. domination. [9.1] 

The time has come to clarify what we mean by new international monetary and financial system. 
We believe this is not only about launching what is already announced: 
·                     A Development Bank for BRICS parallel to the World Bank 
·                     A BRICS stabilization fund parallel to the IMF 
·                     New bilateral trade agreements parallel to the WTO 
but to go much further. 

Firstly, BRICS Development Bank is becoming a "Bank initiated by BRICS for the development of all interested parties" and whose governance is open to any state wishing to join with the framework agreement. [9.2] 

Secondly, and this is the most innovative part: it is to create another institution parallel to the Bank for International Settlements (BIS)
This is the oldest international financial institution fully governed by the West (6 permanent members and founders are the central banks of Belgium, France, Germany, Italy, UK and USA, which can have a double voting weight - analogy with Obama's meetings this week is not a coincidence [10]) 

BIS is the central bank of central banks, that is to say, it organizes and manage trade between them ... especially those concerning physical gold. Activities related to financial regulation (the famous Basel Committee rules) were added much later, after the existence of the bank became public when it was kept secret since its inception. [10.7]

The first problem to solve for the overhaul of the international monetary and financial system is not really the choice of a new currency. This is only a means. This is primarily to ensure price stability and the development of international trade. Otherwise, the only alternative is endless war for resources that are increasingly scarce. It is therefore necessary to separate the problem of a reference currency for international trade, from that of a reserve currency for central banks.

Global geopolitical dislocation following the 2008 crisis has cut the Gordian knot: there is no need any more to make a decision for all countries (which has blocked reform for many years [10.6]). Now BRICS countries have the initiative and willingness to move forward. This will is the key factor as we wrote: [10.9]
The global geopolitical context is characterized primarily by a tilt after reaching the tipping point: the decline of the American empire on the one hand and the rise of the multipolar initiative led by BRICS on the other. Because they are so desperately lacking in autonomy of decision and willingness, the EU and Japan find themselves buffeted by this tidal wave of history. 
The choice is made for several years, international trade will be based on gold [10.3]. 

How will this happen in practice? Not with boats or trucks loaded with bullions, of course. As we said a "second BIS" was designed that can manage a clearing house for payments (settlements) in physical gold, especially to add to it a fundamental function to allow again international settlements for goods using "Real Bills" (a.k.a. Gold Bills), as recommended by the New Austrian School of Economics. In his work Professor Fekete described these Gold Bills as being “destined to be settled in gold coins that are made available after the ultimate consumer surrenders them in exchange for finished consumer goods upon maturity”. [10.4] Their issue is strictly limited by the orders received to buy goods. They allow increasing the money velocity without systematically using coins and without any risk of inflation. [10.1] 

This is far from a simple "100% gold" standard.

Gold is the only money (gold - silver ratio must float) as everyone knew for millennia. Today most people have more or less forgotten this unique role, but not Western central bankers who have tried for a century to put lipstick on a pig, so to speak. [10.8] By deceiving us, they deceived themselves and began to believe their own nonsense. A historical failure and on a global scale. Alas, alas, it is a failure of the European spirit. We need to recognize it in order to find the impetus beneath our feet allowing us to arise from the depth of this graveyard by the sea. [10.2] 

BRICS countries do not necessarily need the West to initiate this new settlement system. [10.5] It must be noted in this respect what it can supersede. The dollar currency and U.S. Treasury at the foundation of famous "petrodollars" are replaced by the Gold Bills that will allow buying oil for example. [11] It is the function of reference currency for international trade. 
But US Treasuries have a function of income related to their mid/long term interest rate too - it is also a fatal flaw in this system. This is the second problem: the choice of the reserve currency for central banks.

The new system offers very smartly to decouple these two functions. The income function can be brought (at appropriate time) by introducing gold bonds, that is to say bonds denominated in gold weight, with interests denominated in gold weight and whose principal is redeemable in gold weight (ie not merely an obligation backed by a collateral gold and denominated in fiat currency – a.k.a. gold backed bonds). Again, we must have an institution for the issuance of these bonds. 

Note that to start, it is not necessary to replace any national currency by gold coins. The gold bills will circulate in parallel of currencies, and user confidence in these currencies will be reflected in real time in the local price of that currency measured in mg of gold (that is to say, the inverse of the ‘price of gold’ measured in the currency, which is the usual vision that we have - a totally wrong perception because you can not measure the length of a bar with a rubber-band: you must take the opposite approach). Hence the fundamental importance of not having rigged gold markets as currently in New York and London. [12]


Price of one U.S. dollar in mg of fine gold between 1968 and 3/24/2014
(Sources: St Louis Fed, LBMA, Conscience-Sociale.org )

The U.S. have no way to prevent BRICS countries to launch this parallel system, a competitor of the one based on U.S. Treasury bond, and which finally obliterate their attraction.  

The only remaining choice as new rules for American decision-makers (that is to say, the public state and the deep state) are the following, as they are standing with their back to the wall [12.2]: 
·                     either to accept an open cohabitation  of two parallel systems, with 100% of the players who know that the dollar system can not be competitive (very quickly one system will endure and all U.S. Treasury assets going up in smoke). Modestly this is called "asset restructuring in U.S. bonds market." This is the path of Vienna in 1815. [12.1] 
·                     or not to accept this open cohabitation, that is to say close the door to hide behind and build a wall as high as possible so that no one can escape from the dollar zone. For this area can last as long as possible (while being doomed because of deflation), it must be the largest possible, and the EU is a tempting (with its remaining gold reserves) and very easy prey thanks to Atlantist governments and European Commission who are obediently following the interests of the American deep state. The strategy is therefore to make them sign the TTIP as soon as possible, which quickly convince them not repatriate their gold and abandon the euro (two currencies for the US-EU area only, is one too many) as they have already abandoned their sovereignty. This is the way of Yalta in 1945. [12.3] 

The next time you meet your President or Prime Minister, you now know which good question to ask him: what did he choose for us and that is supposed to commit all?
BRICS countries are reaching out to European peoples since 2009, and our governments show their disdain so far, preferring the shadows of the world before. [13] But it is not too late to think about our place in Europe and in the world, it remains few short months and the ticket can be taken since this week. Hurry up or repent. 
What is currently discussed off-line is however everybody's concern, and will commit us for a long time to come. Do not suffer without understanding.

An error doesn't become a mistake until you refuse to correct it.
(O.A. Battista, 1917-1995)

_______________________

[1] ‘La crise écologique globale exige une refonte du système monétaire international’, Conscience Sociale, 01/2013 ; This article was itself in the continuity of the fundamental question raised in 2011: 'How to replace the world trade reference currency', Conscience Sociale, 06/2011 

[2] a) 'Towards a new international monetary system - part 1', EN or FR version, Conscience Sociale, 2013 ; b) The first mention of this strategy can be found in the conclusion of 'La géoéconomie des Bons du Trésor US', Conscience Sociale , 12/2012 

[3] a) ‘China, Europe Agree on Currency Deal’, TheTrumpet.com ; b) ‘China's planned crude oil futures may be priced in yuan’, Reuters ; c) ‘India to resume paying Iran in Euros’, India Times ; d) ‘PBOC Says No Longer in China’s Interest to Increase Reserves’, Bloomberg ; e) ‘China’s central government has reportedly approved 12 new free trade zones, including ones in Tianjin and Guangdong’, The Diplomat ; f) ‘Harbinger: 23 countries begin setting up swap lines to bypass dollar’, The Examiner ; g) ‘FMI: La réforme de l'institution reste bloquée par Washington’, Les Echos ; h) ‘Dollar-based system is inherently unstable - The culprit is the dollar’, Financial Times ; i) ‘A Shanghaï, Pékin s'offre un laboratoire des réformes’, Le Monde ; j) ‘La banque de développement et le FMI des BRICS sont nés’, L’Express ; k) ‘Shanghai Free-trade Zone to lead on yuan reform’, South China Morning Post ; l) ‘IMF Quota and Governance Reform: Political Impulse Needed for Progress on Reform Process’, CIGI ; m) ‘South Korea, Australia ink US$ 4.5 billion currency swap agreement’, Sovereign Wealth Fund Institute ; n) ‘BRICS Bank: Caution is a good policy’, India&Russia Report ; o) ‘G20 regrets IMF reforms delay, India says can't wait for long’, Industan Times ; p) ‘Медведев: особую экономическую зону в Крыму будет курировать Козак’, RBC Daily ; q) ‘Gold trading to open up to foreigners in Shanghai’, SCMP, 03/2014; r) 'Russia without dollar - what are the risks?', pravda.ru, 03/2014 

[4] a) 'Les Brics veulent en finir avec l’extrémisme des marchés financiers’, RIA Novosti ; b) original article: 'БРИКС положит конец рыночному фундаментализму' RBC Daily

[5] a) R. Cohen, ‘International Politics: The Rules of the Game’, Longman Group United Kingdom, 1982 ; b) China's President Xi hence said this week: "China is firmly committed to ... building a new model of major country relations", Reuters, 03/2014 

[6] Le Parisien, 03/2014 

[7] The Guardian, 03/2014 

[8] European Council, 24/03/2014 

[8.1] For instance we should not ignore: a) 'Did Russia Just Move Its Treasury Holdings Offshore?', WSJ, 03/2014 ; b) 'Emerging Markets central banks sell US government bonds', Financial Times, 03/2014 

[9] a) ‘La crise ukrainienne, un événement de la politique profonde’, Conscience Sociale, 03/2014; b) For the exact definition of deep state see 'La politique profonde et l’Etat profond (deep deep politics and the State), Conscience Sociale, 03/2014 

[9.1] ‘Global systemic crisis-escalation in the US reaction for survival: trigger a cold war to make it easier to annex Europe’, Global Europe Anticipation Bulletin n°83, 03/2014 

[9.2] 'The Way Forward for the Brics New Development Bank ', All Africa , 03/2014 

[10] Obama and Cameron prepared this meeting last week: whitehouse.gov , 03/2014 

[10.1] Real Bills maturity is 91 days maximum. 


[10.3] 'Building a strong economic and financial security barrier for China - Actively build and implement national gold strategies', In Gold We Trust, 09/2013 

[10.4] a) For more details, you can read his recent announcement ‘Gold Bills Payable in Gold Sovereigns' AE Fekete, 03/2014 ; b) On the distinction between Gold Bills and Real Bills: ‘Interview with Prof. Fekete’, Daily Bell, 03/2014 

[10.5] The group formed by the BRICS is already sufficiently autonomous: 'Sanctions effect: Russia to change its Economic Partners... for the better', Russia Today , 03/2014 

[10.6] 'U.S. Dollar, Euro, Renminbi as invoicing currencies in international trade and as reserve currencies - A bibliography', Conscience Sociale

[10.7] Founded in 1930, its existence was publicly unveiled in 1977. Note also that according to the by-laws the small territory of the BIS building is not subject to Swiss law. Police or army can not have access. See also 'Tower of Basel: The Shadowy History of the Secret That Runs the World Bank', Adam LeBor , PublicAffairs, 2013 

[10.8] 'Bernanke Tells Congress: I Don’t Really Understand Gold' , Forbes , 07/2013; But they recognized themselves be burnt out: see Conscience Sociale, 08/2013 

[10.9] 'Focus' chapter in Global Europe Anticipation Bulletin No. 83, 03/2014 

[11] It should be noted in this respect that the BRICS countries have learn from the experience of purchases by India of Iranian oil using gold, through Turkish banks. This is a case of an unjust embargo imposed by the West proved to be a weakness that would lead to huge consequences. History is fond of this kind of irony. See a) WSJ , 02/2014 ; b) Foreign Policy , 02/2014 

[12] a) 'Sun Zhaoxue: The United States Intends To Suppress Gold To Ensure The Dollar’s Dominance', In Gold We Trust, 01/2014 ; b) The origin of this strategy date back to distant times. See for instance: 'Minutes of Secretary of State Kissinger’s Principals and Regionals Staff Meeting, Washington, April 25, 1974', in FOREIGN RELATIONS OF THE UNITED STATES, 1973–1976, VOLUME XXXI, FOREIGN ECONOMIC POLICY, DOCUMENT 63 ; c) 'La Manipulation du Prix de l’Or', 24hgold, 09/2008 ; d) 'Barclays, Deutsche Bank Accused of Gold Fix Manipulation', Bloomberg, 03/2014 

[12.1] 'What the world needs is 19th century behavior', Russia in Global Affairs, 03/2014 

[12.2] 'L'implosion du marché COMEX et la dé-américanisation du monde’, Conscience Sociale, 10/2013 

[12.3] 'L'Union européenne: la nouvelle URSS', Vladimir Bukovsky

[13] ‘La dérive néo-conservatrice de la politique française’, Agile Democracy , 03/2014