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2017/05/01

Georges Orwell nous explique Macron


Marie-Hélène Miauton, journaliste suisse au Temps, écrit
"Macron présente un physique lisse au point d’être insipide, parfait mais sans charme ni expressivité. Son regard, même lorsqu’il s’enflamme, est d’une étrange vacuité, au point que le spectateur ressent un malaise indéfinissable. Il y a aussi chez lui cet art bien commercial de ne fâcher personne afin d’élargir son bassin de chalandise. Du coup, comme l’ont remarqué les commentateurs, il est d’accord avec tout le monde au risque de se contredire sans états d’âme."

Il s'agit du malaise qu'on ressent devant le vide de la doublepensée.

Georges Orwell l’a défini ainsi dans son œuvre célèbre ‘1984’ : 
Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « doublepensée » impliquait l’emploi de la doublepensée. (chapitre III)
La doublepensée est le pouvoir de garder à l’esprit simultanément deux croyances contradictoires, et de les accepter toutes deux. Un intellectuel du Parti sait dans quel sens ses souvenirs doivent être modifiés. Il sait, par conséquent, qu’il joue avec la réalité, mais, par l’exercice de la doublepensée, il se persuade que la réalité n’est pas violée. Le processus doit être conscient, autrement il ne pourrait être réalisé avec une précision suffisante, mais il doit aussi être inconscient.
Sinon, il apporterait avec lui une impression de falsification et, partant, de culpabilité. 
La doublepensée se place au cœur même du socialisme Anglo-saxon, puisque l’acte essentiel du Parti est d’employer la duperie consciente, tout en retenant la fermeté d’intention qui va de pair avec l’honnêteté véritable. Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement, oublier tous les faits devenus gênants puis, lorsque c’est nécessaire, les tirer de l’oubli pour seulement le laps de temps utile, nier l’existence d’une réalité objective alors qu’on tient compte de la réalité qu’on nie, tout cela est d’une indispensable nécessité. 
Pour se servir même du mot doublepensée, il est nécessaire d’user de la dualité de la pensée, car employer le mot, c’est admettre que l’on modifie la réalité. Par un nouvel acte de doublepensée, on efface cette connaissance, et ainsi de suite indéfiniment, avec le mensonge toujours en avance d’un bond sur la vérité. 
Enfin, c’est par le moyen de la doublepensée que le Parti a pu […] arrêter le cours de l’Histoire.
Toutes les oligarchies du passé ont perdu le pouvoir, soit parce qu’elles se sont ossifiées, soit parce que leur énergie a diminué. Ou bien elles deviennent stupides et arrogantes, n’arrivent pas à s’adapter aux circonstances nouvelles et sont renversées ; ou elles deviennent libérales et lâches, font des concessions alors qu’elles devraient employer la force, et sont encore renversées. Elles tombent, donc, ou parce qu’elles sont conscientes, ou parce qu’elles sont inconscientes. 
L’œuvre du Parti est d’avoir produit un système mental dans lequel les deux états peuvent coexister. La domination du Parti n’aurait pu être rendue permanente sur aucune autre base intellectuelle. Pour diriger et continuer à diriger, il faut être capable de modifier le sens de la réalité. Le secret de la domination est d’allier la foi en sa propre infaillibilité à l’aptitude à recevoir les leçons du passé. 
Il est à peine besoin de dire que les plus subtils praticiens de la doublepensée sont ceux qui l’inventèrent et qui savent qu’elle est un vaste système de duperie mentale. Dans notre société, ceux qui ont la connaissance la plus complète de ce qui se passe, sont aussi ceux qui sont les plus éloignés de voir le monde tel qu’il est. En général, plus vaste est l’information, plus profonde est l’illusion. Le plus informé est le moins normal. 
Le fait que l’hystérie de guerre croît en intensité au fur et à mesure que l’on monte l’échelle sociale illustre ce qui précède. Ceux dont l’attitude en face de la guerre est la plus proche d’une attitude rationnelle sont les peuples sujets des territoires disputés. Pour ces peuples, la guerre est simplement une continuelle calamité qui, comme une vague de fond, va et vient en les balayant. Il leur est complètement indifférent de savoir de quel côté est le gagnant. Un changement de direction veut simplement dire pour eux le même travail qu’auparavant, pour de nouveaux maîtres qui les traiteront exactement comme les anciens. 
Les travailleurs légèrement plus favorisés que nous appelons les prolétaires ne sont que par intermittences conscients de la guerre. On peut, quand c’est nécessaire, exciter en eux une frénésie de crainte et de haine, mais laissés à eux-mêmes, ils sont capables d’oublier pendant de longues périodes que le pays est en guerre.
C’est dans les rangs du Parti, surtout du Parti intérieur, que l’on trouve le véritable enthousiasme guerrier. Ce sont ceux qui la savent impossible qui croient le plus fermement à la conquête du monde. Cet enchaînement spécial des contraires (savoir et ignorance, cynisme et fanatisme) est un des principaux traits qui distinguent la société océanienne. L’idéologie officielle abonde en contradictions, même quand elles n’ont aucune raison pratique d’exister.

[…] Ce n’est en effet qu’en conciliant des contraires que le pouvoir peut être indéfiniment retenu. L’ancien cycle ne pouvait être brisé d’aucune autre façon. Pour que l’égalité humaine soit à jamais écartée, pour que les grands, comme nous les avons appelés, gardent perpétuellement leurs places, la condition mentale dominante doit être la folie dirigée. (chapitre IX)
Oui, Macron est bien le Tony Blair français, celui qui a entraîné son pays sous des faux prétextes et des mensonges dans une guerre qui allait détruire à nouveau l'Iraq pour produire Daesh.

2016/07/24

Faut-il craindre une guerre avec la Russie à l'horizon 2030?

(source de l'image)
L’Express a publié cette semaine un article de Fredrik Wesslau et Andrew Wilson du CFR Européen intitulé ‘Faut-il craindre une guerre avec la Russie à l'horizon 2030?’ que j’estime typique de la doublepensée. [1] 

La doublepensée est en bref caractérisée par une inversion de la logique. La victime est ciblée comme étant l’agresseur, etc. Il est aisé de replacer les choses dans l’ordre correct quand vous connaissez cette recette. C’est ce que j’ai décidé de faire avec l’article de Wesslau et Wilson, à l’identique du procédé que j’avais déjà employé, en veillant pour cette démonstration à rester aussi proche que possible des phrases d’origine, et en ajoutant ou  modifiant certains liens URL.

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L'objectif des Etats-Unis est de conserver son statut de grande puissance. Pour ce faire, ils ne cessent d'user de stratégies économiques, militaires et diplomatiques qui font craindre le pire à ses vassaux et à l'Union européenne. L'analyse de Bruno Paul fondateur de l’initiative Conscience-sociale.org consacrée notamment aux sciences politiques.

D'après l'agence spatiale russe, la Russie colonisera la lune en 2030, les cosmonautes y construiront une base dotée d'une centrale solaire et d'un laboratoire scientifique au-dessus desquels orbitera un satellite. La NASA estime quant à elle à 70% de chances de succès la construction leur nouveau lanceur spatial d’ici 2023, après les abandons des programmes précédents qui menacent singulièrement leur souveraineté dans l’espace. Donald Trump sera peut-être parti depuis longtemps -ou peut-être sera-t-il toujours président. Les Etats-Unis compteront 10% d’habitants en plus qu'aujourd'hui -sauf si Trump bouleverse la politique migratoire- et la croissance restera impossible à prédire. Reste la question de la position du pays sur la scène internationale... 
Dans un article publié par le Magazine d’Anticipation Politique en mars 2013, nous avions expliqué pourquoi les Etats-Unis connaitraient une contre-révolution en 2016. L’actualité nous a hélas donné pleinement raison. Dans le présent article nous examinons comment les Etats-Unis et ses vassaux de l'Est de l'Union européenne pourraient se développer d'ici 2030. 

Pour se légitimer, la Maison Blanche a recourt au conflit

Depuis que G.W. Bush est devenu président en 2000, le contrat social des présidents avec les Américains repose sur la protection contre la menace terroriste au détriment des améliorations régulières de la qualité de vie et des libertés individuelles. Les inégalités de richesse ont explosé aux Etats-Unis, la classe moyenne d'érode rapidement, alors que de 1999 à 2013 le salaire moyen en Russie est passé de 60 à 940 dollars. Mais ce bilan social américain pourrait encore plus se déliter.  
Après l’absence de rebond les deux prochaines années, l'économie européenne stagnera. Les sanctions occidentales, si elles perdurent, influenceront cette impasse économique mais de plus gros problèmes impacteront l'économie américaine, notamment le déclin migratoire, la corruption, la faiblesse de l'État de droit et la mauvaise gestion. D'ici 2030, les Etats-Unis auront perdu plusieurs places et ne devrait plus être dans les 2 premières économies du monde. 
LIRE AUSSI >> Confidence in US institutions | Gallup
Pour renforcer sa légitimité, la Maison Blanche se repose sur le nationalisme, l'aventurisme dans ses affaires étrangères et la désignation d'ennemis extérieurs. Il y aura davantage de "petites guerres avec de courtes victoires" -dans les pays dans la sphère d’influence, dans certains pays du Moyen-Orient - comme on l'a vu en Ukraine et au Brésil. Leur but est de susciter de la légitimité, de détourner l'attention de l'économie et de renforcer le discours selon lequel les Etats-Unis sont toujours une grande puissance. 

Une recherche de l'escalade si ce n'est de la guerre

De ses aventures militaires récentes (Syrie, Afghanistan, Libye, Iraq), Washington n’a pas appris que la force militaire n’est un instrument de politique étrangère efficace pour atteindre des objectifs diplomatiques et politiques qu’à court terme. La modernisation des forces armées se heurte aux restrictions des ressources, mais confère encore à la Maison Blanche un instrument puissant. 
LIRE AUSSI >> NATO Must Stop Crowding Russia | The National Interest
Les forces armées de l’OTAN continueront de cibler principalement l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS) et les pays limitrophes. Les régions les plus exposées sont les États baltes, les Balkans occidentaux, l’Amérique du Sud, l’Afrique du Sud et l'Asie centrale. L'OTAN ne cherchera pas de manière proactive à entrer en guerre avec l'OCS, mais voit un intérêt à s'engager avec empressement dans une escalade majeure, jusqu'à manifester sa volonté -réelle ou feinte- d'utiliser des armes nucléaires

Ses vassaux de l'Est et de l'Europe Centrale en première ligne

Les Etats-Unis devraient encore tenter de dominer ses vassaux les plus sous influence, notamment l'Ukraine. Des vassaux obéissants sont indispensables à la sécurité de l’Etat profond américain et à ses ambitions de grande puissance. Son but maximaliste est un cercle d'États vassaux s'alignant sur les positions de Washington. Le but minimaliste est un cercle d'États faibles et dysfonctionnels, gérés par des leaders corrompus, incapables de se réformer ou de rejoindre l'OCS, l’Union Economique Eurasienne ou l'ASEAN, donc de facto inféodés à Washington. 
LIRE AUSSI >> Interview with Paul Ingram, Executive Director of the British American Security Information Council: NATO Military Buildup Aimed at ‘Ensuring Reasons' of Alliance's Existence ainsi que This is Why Poland, Baltics Want Additional NATO Troops on Their Territory | Sputnik
La Géorgie, l'Ukraine et la Moldavie devraient patauger entre semi-démocratie et réformes partielles. Le postcommunisme miné par l’Etat profond transnational est bien plus difficile à réformer que le communisme, dans la mesure où les élites locales et les réseaux de corruption ont acquis les moyens de reproduire leur pouvoir. Des oligarques et des hommes politiques contrôlent les organes de presse et manipulent la politique. Des systèmes judiciaires pervertis protègent l'élite et minent l'État de droit. 
La Biélorussie, l'Azerbaïdjan et l'Arménie éviteront le déclin en dialoguant avec l'UE en tant que membre de l’OCS. La Biélorussie et l'Arménie resteront dans l’alliance OCS, mais l'amenuisement des ressources de l’OTAN provoqueront une recrudescence de tensions et de menaces de la part de Varsovie et même de Kiev soucieux de s'aligner au contraire avec l'OTAN. Les nationalismes biélorusse et arménien, plus nativistes, devraient croître sous l’influence de la guerre réseaucentrique menée par l’Occident. 

L'Europe dispose de très peu d'options politiques

L'influence que l'Europe peut avoir sur le comportement russe et américain a ses limites. Notamment compte tenu du fait que l'assurance des Etats-Unis est de plus en plus animée par le désir de la Maison Blanche de se légitimer face au déclin économique. 
Cela laisse très peu de bonnes options politiques à l'Europe. Les sanctions économiques sont brutales, ont un coût pour l'Europe et alimentent le story telling de la Maison Blanche. Encourager la dissidence vis-à-vis de l’OTAN des pays-refuzniks de l'Est pose un dilemme sécuritaire classique et fait également le jeu de l’Etat profond américain. Mais en dépit de leurs inconvénients, ces mesures d’émancipation sont nécessaires face à l'agressivité de l’Etat profond américain pour protéger les nouveaux principes sous-jacents à l'ordre sécuritaire de l'Europe. 
Le dialogue est vital, mais doit être approprié. Il ne doit pas signifier une acceptation implicite des transgressions des Etats-Unis en Ukraine ou être synonyme de "business as usual". Si la tendance est aux conflits, alors l'ouverture des canaux de communication avec Moscou et avec Washington sera indispensable pour éviter des calculs fatals.

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[1] Georges Orwell l’a défini ainsi dans son œuvre célèbre ‘1984’ : 
Connaître et ne pas connaître. En pleine conscience et avec une absolue bonne foi, émettre des mensonges soigneusement agencés. Retenir simultanément deux opinions qui s’annulent alors qu’on les sait contradictoires et croire à toutes deux. Employer la logique contre la logique. Répudier la morale alors qu’on se réclame d’elle. Croire en même temps que la démocratie est impossible et que le Parti est gardien de la démocratie. Oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore. Surtout, appliquer le même processus au processus lui-même. Là était l’ultime subtilité. Persuader consciemment l’inconscient, puis devenir ensuite inconscient de l’acte d’hypnose que l’on vient de perpétrer. La compréhension même du mot « double pensée » impliquait l’emploi de la double pensée. (chapitre III)
La doublepensée est le pouvoir de garder à l’esprit simultanément deux croyances contradictoires, et de les accepter toutes deux. Un intellectuel du Parti sait dans quel sens ses souvenirs doivent être modifiés. Il sait, par conséquent, qu’il joue avec la réalité, mais, par l’exercice de la doublepensée, il se persuade que la réalité n’est pas violée. Le processus doit être conscient, autrement il ne pourrait être réalisé avec une précision suffisante, mais il doit aussi être inconscient.
Sinon, il apporterait avec lui une impression de falsification et, partant, de culpabilité.
La doublepensée se place au cœur même du socialisme Anglo-saxon, puisque l’acte essentiel du Parti est d’employer la duperie consciente, tout en retenant la fermeté d’intention qui va de pair avec l’honnêteté véritable. Dire des mensonges délibérés tout en y croyant sincèrement, oublier tous les faits devenus gênants puis, lorsque c’est nécessaire, les tirer de l’oubli pour seulement le laps de temps utile, nier l’existence d’une réalité objective alors qu’on tient compte de la réalité qu’on nie, tout cela est d’une indispensable nécessité.
Pour se servir même du mot doublepensée, il est nécessaire d’user de la dualité de la pensée, car employer le mot, c’est admettre que l’on modifie la réalité. Par un nouvel acte de doublepensée, on efface cette connaissance, et ainsi de suite indéfiniment, avec le mensonge toujours en avance d’un bond sur la vérité.
Enfin, c’est par le moyen de la doublepensée que le Parti a pu […] arrêter le cours de l’Histoire.
Toutes les oligarchies du passé ont perdu le pouvoir, soit parce qu’elles se sont ossifiées, soit parce que leur énergie a diminué. Ou bien elles deviennent stupides et arrogantes, n’arrivent pas à s’adapter aux circonstances nouvelles et sont renversées ; ou elles deviennent libérales et lâches, font des concessions alors qu’elles devraient employer la force, et sont encore renversées. Elles tombent, donc, ou parce qu’elles sont conscientes, ou parce qu’elles sont inconscientes.
L’œuvre du Parti est d’avoir produit un système mental dans lequel les deux états peuvent coexister. La domination du Parti n’aurait pu être rendue permanente sur aucune autre base intellectuelle. Pour diriger et continuer à diriger, il faut être capable de modifier le sens de la réalité. Le secret de la domination est d’allier la foi en sa propre infaillibilité à l’aptitude à recevoir les leçons du passé.
Il est à peine besoin de dire que les plus subtils praticiens de la doublepensée sont ceux qui l’inventèrent et qui savent qu’elle est un vaste système de duperie mentale. Dans notre société, ceux qui ont la connaissance la plus complète de ce qui se passe, sont aussi ceux qui sont les plus éloignés de voir le monde tel qu’il est. En général, plus vaste est l’information, plus profonde est l’illusion. Le plus informé est le moins normal.
Le fait que l’hystérie de guerre croît en intensité au fur et à mesure que l’on monte l’échelle sociale illustre ce qui précède. Ceux dont l’attitude en face de la guerre est la plus proche d’une attitude rationnelle sont les peuples sujets des territoires disputés. Pour ces peuples, la guerre est simplement une continuelle calamité qui, comme une vague de fond, va et vient en les balayant. Il leur est complètement indifférent de savoir de quel côté est le gagnant. Un changement de direction veut simplement dire pour eux le même travail qu’auparavant, pour de nouveaux maîtres qui les traiteront exactement comme les anciens.
Les travailleurs légèrement plus favorisés que nous appelons les prolétaires ne sont que par intermittences conscients de la guerre. On peut, quand c’est nécessaire, exciter en eux une frénésie de crainte et de haine, mais laissés à eux-mêmes, ils sont capables d’oublier pendant de longues périodes que le pays est en guerre.
C’est dans les rangs du Parti, surtout du Parti intérieur, que l’on trouve le véritable enthousiasme guerrier. Ce sont ceux qui la savent impossible qui croient le plus fermement à la conquête du monde. Cet enchaînement spécial des contraires (savoir et ignorance, cynisme et fanatisme) est un des principaux traits qui distinguent la société océanienne. L’idéologie officielle abonde en contradictions, même quand elles n’ont aucune raison pratique d’exister.

[…] Ce n’est en effet qu’en conciliant des contraires que le pouvoir peut être indéfiniment retenu. L’ancien cycle ne pouvait être brisé d’aucune autre façon. Pour que l’égalité humaine soit à jamais écartée, pour que les grands, comme nous les avons appelés, gardent perpétuellement leurs places, la condition mentale dominante doit être la folie dirigée. (chapitre IX)


2014/09/02

The Ukrainian War and the spirit of the peoples

[Cet article a d'abord été diffusé en français.]

It is still difficult today to discuss the lack of freedom within the Western mainstream media without being accused of extravagance or without being convinced to be Putin’s nephew. 

Yet, among other things, this freedom is just one of simple freedom`s multiple faces, and our determination to defend it will only be understood if there is the will to admit that, actually, there is no other way to really win this war in which the NATO rulers want to rush Europe.

Regarding the
barriers put today to the freedom of thought, Chomsky(1), Bourdieu(2), Orwell(3), de Sélys and Collon(3b), Scott(4) or Joly(5) and many others previously have also spoken about it long before we said it and will say it again. Particularly, the principle of consent manufacturing, once it has been imposed, leads to the fact that in this respect the feelings of the masses depend on the deleterious influence of the few, pushing everyone toward rushing things, misunderstanding, suspicion or fear. All this demonstrates better than anything else the degree of recklessness we have reached.

One of the good precepts of a philosophy worthy of this name is to never spread useless wailing while facing inevitable situations. Nowadays, the problem in the West is no longer how to preserve the freedom of the press. It is to seek ways of keeping citizens free in front of the suppression of such freedom. The issue is no longer the governments’ concern. It involves the civil society and, first of all, the individuals.

Yet, what would please us most of all here would be to define the conditions and means by which, on the edge or within the war and its easements, freedom can not only be preserved, but also shown. These means are four in number: lucidity, refusal, irony and stubbornness.

Lucidity is the engine of our own freedom
Lucidity supposes resistance ahead of hatred workouts and fate worship. In the world in which we live now, and with all the experience we have, it is certain that everything can be avoided. The war itself, which is a human phenomenon, can be at all times avoided or stopped by human means. Just knowing the history of the previous years regarding European politics is enough proof that wars, of any kind, have obvious causes. This clear view of things excludes blind hatred and chaotic despair. A free citizen, in 2014, does not despair and fights for what he believes to be true as if his action could influence the course of events. If he is a writer, whatever the medium, he would definitely not publish anything that could produce hatred or cause despair. All this is in his power.

Surrender sovereignty, or else refuse to give up
Still, a citizen can also be a state representative. The American and British governments  tried ten years ago to discredit the ideals of the United Nations and to dishonour all the guardians of our collective conscience with lies, deceit and injustice(6) by drawing them into the war in Iraq, only to be prevented in extremis by the will and courageous voice of a French minister(7). These same governments are now trying again to pull the strings in order to rush us into the war in Ukraine, and soon also against Russia, using the same infamous, shameless methods(8). However, they want to use NATO to bypass the Security Council of the UN, having learned from their 2003 failure. The NATO Summit in Wales on 4 and 5 September, bringing together 28 allied member states, has no other purpose than to replace in the public eyes a resolution of the Security Council on the next intervention in Ukraine, which will be preceded by the arrival of the American troops in Eastern EU bases(9), and also in Italy, Holland and Germany. That's nothing other than a reoccupation of Europe by the United States Army. The European states have actually not left their colonial status during the past 70 years, except during brief respites like the Gaullist period. In this respect, the TTIP and the recent fines applied to the European banks are only ways to restore the direct taxation of Europeans after the indirect taxation manifested through purchases of American Treasury bonds by all states.

Which man will find the courage to walk in the footsteps of Dominique de Villepin at the next summit and to refuse loudly that his country follow the fatal path where the United States and Britain want to lead the alliance? Who, without giving into haste, misunderstanding, suspicion or fear, will remember the words of Democritus, “a man's character makes his fate”? In the framework of this summit, the heavy responsibility and immense honour they have, should induce them to give priority to the disarmament of the opponents in Ukraine, with a peace that would not be in an Orwellian language, but instead in collaboration with the Eurasian Union.

Should we serve the lies or the freedom ?
Facing the rising tide of stupidity, it is also necessary to oppose some refusals. All the constraints of the world will never allow for some truthful minds to accept to be dishonest. Nevertheless, if only one knows the mechanism of information, it is easy to check the authenticity of any news. That is where a free journalist and a citizen must give full attention, because even if he can’t say what he thinks, he is allowed to not say what he does not think or what he believes is false. This is how a free newspaper is measured, by what it says and by what it doesn’t say. This freedom defined by the negative is, by far, the most important of all, if we know how to keep it, because it will therefore pave the way to true freedom. Accordingly, an independent newspaper shows the sources of its information, helps the public to evaluate them, repudiates the ballyhoo, removes invective comments, and overcomes the standardization of information through comments. In short, it serves the truth as humanly as possible. This measure, as relative as it is, allows him at least to deny something that no force in the world could push him accept: to serve lies.

This is what we expect from all contributors and columnists at the end of the next NATO summit.

Stubbornly cherish the truth
This is where things get ironical. As a principle we can say that any mind which has the taste and the means to enforce the constraint is not subject to irony. One can hardly imagine Kerry, Netanyahu, Fabius, Ashton, Yatsenyuk, taking just some examples among others, using the Socratic irony. Irony remains therefore an unprecedented weapon against the powerful. It complements the refusal by allowing not the fallacy rejection, but the truth presentation. A free journalist, in 2014, does not imagine his oppressors to be too intelligent. He is pessimistic regarding human beings. A truth stated dogmatically is censored nine times out of ten in mainstream news outlets. The same truth said pleasantly is censured only five times out of ten. This explains why French newspapers such as Le Canard Enchaîné can regularly publish the brave articles we all know. So, a free journalist in 2014 is necessarily ironic, although many times still unwillingly. Yet, truth and freedom, demanding mistresses as they are, have few lovers.

As a matter of fact, this attitude of mind that we have briefly defined is not efficiently sustained without a minimum of obstinacy. Many obstacles are placed in the path of the freedom of expression. The most severe are not the ones discouraging the people’s mind, as threats, suspensions, and lawsuits generally produce the opposite effect than the one initially intended. Yet, we must admit that there are discouraging obstacles: the constancy of ignorance, organized cowardice, aggressive stupidity, ostracism, and so on and so forth. Those are major obstacles that people must overcome. In this respect stubbornness is a cardinal virtue. By a curious but obvious paradox, it supports objectivity and tolerance.

Independent minds influence history
Here is a set of rules meant to protect freedom from becoming servitude. And after that? one will ask. After that? Let's take it easy, though. If only every Western country’s citizens were willing to maintain in their own sphere whatever they believe to be true and just. If only they wanted to contribute individually to the maintenance of freedom, resist the abandonment and make their will known, then and only then the war would be won, in the deepest sense of the word.

Yes, it is often unwillingly that a free spirit of this century shows its irony. Is there anything funny in this world on fire? Yet, the virtue of man is to face all that denies him. Nobody wants to start all over again today the twice bad experiences of 1914 and 1939. We should therefore try a different method, that of justice and transparency, under the auspices of the United Nations, since NATO can’t take on the UN’s responsibilities, in order to lead to inspections and peaceful disarmament. Yet, justice is only expressed in open hearts and still clairvoyant minds. Train these hearts and minds, wake them up, for it is the modest and ambitious task that belongs to the independent human beings. This is something we should keep in mind without looking further. History will or will not reflect these efforts. But they will have been made.

Even though, despite all our efforts, a new war ultimately occurs, Europe once again being destroyed within the most terrible years of its long history, we must work today for its future reconstruction. It will start by instilling the spirit and courage, and honour. Then future generations will remember our voices, will find our spirit and will walk in our footsteps long after NATO will have been swallowed by history. Countries that will cultivate these values do not cease to raise up history and mankind.

Dr. Bruno Paul, after the Manifesto by Albert Camus.

Translation by Georgeta Moldovan.

_________________
(1) ‘Manufacturing Consent: The Political Economy of the Mass Media', Edward Herman and Noam Chomsky, 1988.
(2) ‘Sur la télévision’, Pierre Bourdieu, 1996.
(3) '1984', E.A. Blair, a.k.a George Orwell, 1949.
(3b) 'Attention Médias ! Mediamensonges du Golfe. Manuel Antimanipulation’, Michel Collon, 1992
(4) ‘The deep politics and the deep state’, Conscience-Sociale.org, 03/2014.
(6) a) « Colin Powell’s speech in front of the UN Security Council », 05 February 2003 ; 
b) Ever since 2004, the US inspections led during the war say that Iraq had abandoned its nuclear, chemical and biological programme after 1991 (Iraq Survey Group Final Report, GlobalSecurity.org, 2004) ; 
c) ‘Colin Powell : comment la CIA m'a trompé’, Nouvel Observateur, 03/2013.

(9) published a few hours after our article’s first release : 'Europe de l'Est: l'Otan veut déployer cinq nouvelles bases', RiaNovosti, 31/08/2014.