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2017/05/23

La clef de l'Histoire moderne

Diablerie de foule
[dernière mise à jour : 11/9/2017]

Cet opuscule de Pierre-Yves Lenoble donne une partie de la clef de l'Histoire moderne, en s'appuyant sur des citations très pertinentes, dont cinq que je reprends ici. Qu'il me soit permis de compléter cette clef autant que possible, c'est-à-dire par de nouvelles références et des liens vers des articles de fond sur chaque point majeur.

« Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, une forme nouvelle de guerre est née. Appelée parfois guerre subversive ou guerre révolutionnaire, elle diffère essentiellement des guerres du passé en ce sens que la victoire n'est pas attendue uniquement du choc de deux armées sur un champ de bataille. Ce choc, qui visait autrefois à anéantir une armée ennemie en une ou plusieurs batailles, ne se produit plus. La guerre est maintenant un ensemble d'actions de toutes natures (politiques, sociales, économiques, psychologiques, armées, etc.) qui vise le renversement du pouvoir établi dans un pays et son remplacement par un autre régime. Pour y parvenir, l'assaillant s'efforce d'exploiter les tensions internes du pays attaqué, les oppositions politiques, idéologiques, sociales, religieuses, économiques, susceptibles d'avoir une influence profonde sur les populations à conquérir. »
(Roger Trinquier, La guerre moderne, Ed. La table ronde, 1961, Pp.15)


« Aujourd'hui, on ne conquiert plus le terrain pour avoir les hommes, on conquiert les âmes, on conquiert le psychisme. Une fois qu'on a le psychisme, on a l'homme. Quand on a l'homme, le terrain suit. La plus grande astuce du diable, c'est de faire croire qu'il n'existe pas. Le moment est venu d'utiliser le mot "subversion". Arme redoutable car elle essaie de ne pas se montrer. [...] Cette méthode redoutable s'inscrit dans l'infiltration d'une partie des médias, d'une partie de ceux qui enseignent aux âmes, aux cœurs et aux cervelles, je veux dire le clergé, l'école, l'Université. Jadis, pour tenir le pouvoir il fallait contrôler l'Eglise, donc les âmes ; au XIXe siècle, c'est l'instruction, donc les cerveaux. Aujourd'hui c'est l'audiovisuel qui prime, et l'Université. En Occident, on n'apprend plus, comme on le fait dans les pays de l'Est, l'amour de la patrie, du travail, mais le laxisme, l'indiscipline, le non-respect des vertus anciennes, la recherche des paradis artificiels. En un mot ce que j'appelle "l'ordre inverse". »
(Alexandre de Marenches, Dans le secret des princes, Ed. Stock, 1986, Pp. 376-377)


« La Révolution française a été la première révolution de la classe bourgeoise et moyenne ; de ce que l’on appelait le Tiers-Etat, dans l’histoire.
La Commune de Paris devait être la première révolution de la classe prolétarienne, restée relativement dans l’ombre jusqu’à cette époque. Elle fut la première réalisation dans l’histoire - essai encore éphémère et précipitamment étouffé - de la dictature du prolétariat, forme jusque-là inédite de la subversion.
Elle fut le premier avènement du Quart-Etat, ce qui était un progrès sur tout ce qui avait précédé. A ce titre, elle marqua une date dans l’évolution des procédés employés par l’esprit de révolte. Tous les pontifes de la subversion contemporaine, de la phase dite socialiste et communiste, furent unanimes à le déclarer. Les plus grands en tête, Marx et Lénine, répudiaient avec ostentation toute attache avec les révolutions bourgeoises, républicaines et démocratiques, du type de 1789 et 1848. Ils n’y voyaient qu’un moyen, un acheminement, non le but. Tous proclamaient leur filiation directe à l’égard de la Commune parisienne, même lorsqu’ils en critiquaient le manque de préparation technique.
Tous, sans exceptions s’inclinent devant elle comme devant une sorte de chef de file et lui consacrent de nombreux discours, brochures et livres. Elle a été le premier son de cloche de ce que devait être la révolution bolcheviste. Marx, Lénine, Trotsky, Kautsky, Lawrof et beaucoup d’autres traitent ce sujet et polémiquent sous ce rapport.
La grande erreur consiste à supposer que la Commune de Paris fut un mouvement spontané, et cette erreur se répète à propos de toutes les révolutions.
Chaque fois, il se trouve des hommes, par centaines de milliers, assez naïfs pour croire qu’une chose peut se faire toute seule, et qu’elle peut sortir du néant sans avoir été faite par quelqu’un. Pour peu qu’on y réfléchisse c’est une absurdité philosophique et un défi au bon sens. Surtout à une époque qui prétend être scientifique et où l’on devrait savoir que même ces processus qu’autrefois on croyait automatiques et réglés par des lois abstraites de la nature, - tels que la décomposition d’un cadavre, la maladie, la vieillesse, la mort dite naturelle - , sont déterminés par des agents concrets et vivants, appelés bacilles, toxines, qui travaillent à cet effet. Sans eux il n’y aurait ni décomposition, ni fièvre, ni décrépitude, ni mort, et si ces agents nous sont invisibles, cela ne veut pas dire qu’ils soient moins réels.
Il en est de même pour la société, qui est l’humanité dans l’espace, et pour l’histoire, qui est l’humanité dans le temps.
Des bacilles, des toxines, à forme humaine, que l’œil des générations ne discerne pas, que l’œil des historiens ignore, ou plus souvent, feint d’ignorer, - mais dont l’existence n’est pas un mystère pour le bactériologiste de la société et de l’histoire - , provoquent les fièvres, la décrépitude ou la décomposition, les paralysies ou les convulsions, la vieillesse, l’avarie et la mort.
Les victimes croient que le processus se fait tout seul, en vertu des lois inéluctables et consubstantielles à la nature des choses, et c’est pourquoi elles ne réagissent point. En effet, comment réagir, sans être insensé, contre l’inéluctable et la nature des choses ?...
Il n’y a pas eu plus de spontanéité dans la Commune de 1871 qu’il n’y en avait eu en 1789, en 1793, en 1848, en 1905 ou en 1917 et qu’il n’y en a dans les troubles chinois, hindous, soudanais, syriens, turcs, marocains et afghans. Il n’y en a pas davantage dans toutes les grèves de notre époque. Il n’en est pas moins vrai que, de même que dans l’organisme animal, pour que les bacilles et les toxines puissent manifester efficacement leur action meurtrière, il est nécessaire que cet organisme soit affaibli et délabré par des intempéries ou du surmenage. Sans quoi, cet organisme sain et dans la plénitude de ses forces, aurait des ressorts pour se défendre et réduire à néant l’action nocive. »
(Emmanuel Malynski et Léon de Poncins, La guerre occulte, édition de 1940, Pp.19-20 ; cette partie est un résumé par de Poncins de La mission du peuple de Dieu - 6ème partie - La grande conspiration mondiale, 1928)


« Maniement de l'opinion publique
52 - A cela s'ajoute ce qui se révélait déjà dans l'évolution antérieure mais qui, à présent, se découvre à plein : la mise au pas uniforme de l'opinion publique. Et cela par tous les moyens : par la parole et par l'écrit, par la presse et le théâtre, par le cinéma et la radio, par l'art et même par la science, par l'école et les métiers, et encore, trait répugnant, par la pression, au moyen des œuvres d'assistance, sur les pauvres. Et de tout cela, voilà le lamentable résultat : l'homme de masse moderne. Celui-ci n'a plus d'opinion à lui, plus de volonté propre ; il n'est qu'un instrument passif aux mains du chef. Prendre n'importe quelle initiative un tant soit peu en vue lui est pratiquement impossible ; et pourtant, sans cet esprit d'initiative, impossible à l'homme de se donner cette culture personnelle qui est un élément de vie pour la communauté humaine. »
(Humani Generis Unitas. Pope Pius XI - Ineditum, 1938, §52 ; in Georges Passelecq, Bernard Suchecky, L'Encyclique cachée de Pie XI, Ed. La Découverte, 1995, Pp. 242-243)

Quelques explications métaphysiques


Ici comme dans les précédents ouvrages de M. Léon de Poncins dont nous avons déjà eu l’occasion de parler, il y a, pour tout ce qui se rapporte à la critique du monde moderne, beaucoup de considérations très justes ; les auteurs, qui dénoncent avec raison des erreurs communes comme celle qui consiste à croire que les révolutions sont des « mouvements spontanés », sont de ceux qui pensent que la déviation moderne, dont ils étudient plus spécialement les étapes au cours du XIXème siècle, doit nécessairement répondre à un « plan » bien arrêté, et conscient tout au moins chez ceux qui dirigent cette « guerre occulte » contre tout ce qui présente un caractère traditionnel, intellectuellement ou socialement. Seulement, quand il s’agit de rechercher des « responsabilités », nous avons bien des réserves à faire ; la chose n’est d’ailleurs pas si simple ni si facile, il faut bien le reconnaître, puisque, par définition même, ce dont il s’agit ne se montre pas au dehors, et que les pseudo-dirigeants apparents n’en sont que des instruments plus ou moins inconscients. En tout cas, il y a ici une tendance à exagérer considérablement le rôle attribué aux Juifs, jusqu’à supposer que ce sont eux-seuls qui en définitive mènent le monde, et sans faire à leur sujet certaines distinctions nécessaires ; comment ne s’aperçoit-on pas, par exemple, que ceux qui prennent une part active à certains événements ne sont que des Juifs entièrement détachés de leur propre tradition, et qui, comme il arrive toujours en pareil cas, n’ont guère gardé que les défauts de leur race et les mauvais côtés de sa mentalité particulière ? Il y a pourtant des passages (notamment pp. 105-110) qui touchent d’assez près à certaines vérités concernant la « contre-initiation » : il est tout à fait exact qu’il ne s’agit pas là d’ « intérêts » quelconques, qui ne peuvent servir qu’à mouvoir de vulgaires instruments, mais d’une « foi » qui constitue « un mystère métapsychique insondable pour l’intelligence même élevée de l’homme ordinaire » ; et il ne l’est pas moins qu’ « il y a un courant de satanisme dans l’histoire »… Mais ce courant n’est pas seulement dirigé contre le Christianisme (et c’est peut-être cette façon trop restreinte d’envisager les choses qui est la cause de bien des « erreurs d’optique ») ; il l’est aussi, exactement au même titre, contre toute tradition, qu’elle soit d’Orient ou d’Occident, et sans excepter le Judaïsme.
(René Guénon, Etudes sur la Franc-Maçonnerie et le Compagnonnage, t. I, Compte-rendu juillet 1936).


Un autre point qui est à retenir, c’est que les Supérieurs Inconnus, de quelque ordre qu’ils soient, et quel que soit le domaine dans lequel ils veulent agir, ne cherchent jamais à créer des « mouvements », suivant une expression qui est fort à la mode aujourd’hui ; ils créent seulement des « états d’esprit », ce qui est beaucoup plus efficace, mais peut-être un peu moins à la portée de tout le monde. Il est incontestable, encore que certains se déclarent incapables de le comprendre, que la mentalité des individus et des collectivités peut être modifiée par un ensemble systématisé de suggestions appropriées ; au fond, l’éducation elle-même n’est guère autre chose que cela, et il n’y a là-dedans aucun « occultisme ». Du reste, on ne saurait douter que cette faculté de suggestion puisse être exercée, à tous les degrés et dans tous les domaines, par des hommes « en chair et en os », lorsqu’on voit, par exemple, une foule entière illusionnée par un simple fakir, qui n’est cependant qu’un initié de l’ordre le plus inférieur, et dont les pouvoirs sont assez comparables à ceux que pouvait posséder un Gugomos ou un Schroepfer. Ce pouvoir de suggestion n’est dû, somme toute, qu’au développement de certaines facultés spéciales, quand il s’applique seulement au domaine social et s’exerce sur l’ « opinion », il est surtout affaire de psychologie : un « état d’esprit » déterminé requiert des conditions favorables pour s’établir, et il faut savoir, ou profiter de ces conditions si elles existent déjà, ou en provoquer soi-même la réalisation. Le socialisme répond à certaines conditions actuelles, et c’est là ce qui fait toutes ses chances de succès ; que les conditions viennent à changer pour une raison ou pour une autre, et le socialisme, qui ne pourra jamais être qu’un simple moyen d’action pour des Supérieurs Inconnus, aura vite fait de se transformer en autre chose dont nous ne pouvons même pas prévoir le caractère. C’est peut-être là qu’est le danger le plus grave, surtout si les Supérieurs Inconnus savent, comme il y a tout lieu de l’admettre, modifier cette mentalité collective qu’on appelle l’ « opinion » ; c’est un travail de ce genre qui s’effectua au cours du XVIIIème siècle et qui aboutit à la Révolution, et, quand celle-ci éclata, les Supérieurs Inconnus n’avaient plus besoin d’intervenir, l’action de leurs agents subalternes était pleinement suffisante. Il faut, avant qu’il ne soit trop tard, empêcher que de pareils événements se renouvellent, et c’est pourquoi, dirons-nous avec M. Copin-Albancelli, « il est fort important d’éclairer le peuple sur la question maçonnique et ce qui se cache derrière».
(René Guénon, Réflexions à propos du « Pouvoir Occulte », 11 Juin 1914, La France antimaçonnique)


Bien plus, la « subversion » la plus habile et la plus dangereuse est certainement celle qui ne se trahit pas par des singularités trop manifestes et que n’importe qui peut facilement apercevoir, mais qui déforme le sens des symboles ou renverse leur valeur sans rien changer à leurs apparences extérieures. Mais la ruse la plus diabolique de toutes est peut-être celle qui consiste à faire attribuer au symbolisme orthodoxe lui-même, tel qu’il existe dans les organisations véritablement traditionnelles, et plus particulièrement dans les organisations initiatiques, qui sont surtout visées en pareil cas, l’interprétation à rebours qui est proprement le fait de la « contre-initiation » ; et celle-ci, comme nous l’avons signalé dernièrement, ne se prive pas d’user de ce moyen pour provoquer les confusions et les équivoques dont elle a quelque profit à tirer. C’est là, au fond, tout le secret de certaines campagnes menées, soit contre l’ésotérisme en général, soit contre telle ou telle forme initiatique en particulier, avec l’aide inconsciente de gens dont la plupart seraient fort étonnés, et même épouvantés, s’ils pouvaient se rendre compte de ce pour quoi on les utilise ; il arrive malheureusement parfois que ceux qui croient combattre le diable se trouvent ainsi tout simplement, sans s’en douter le moins du monde, transformés en ses meilleurs serviteurs !
(René Guénon, Du double sens des symboles, Études Traditionnelles, juillet 1937)


« Risque de catastrophe complète par la renonciation à l'esprit
67 - Notre société moderne est donc malade ; et les nouvelles formules d'unité, les nouveaux types d'unité, loin de la guérir, ne peuvent que la rendre encore plus malade. Car ils décomposent, avec la pensée et l'idéal de vie, d'eux-mêmes devenus mécaniquement dissociateurs, la consistance interne de la vie sociale humaine ; et pareillement les facteurs naturels de sa constitution, tout comme son fondement naturel, l'unité de la personnalité humaine. Ils risquent, en dernière analyse, d'acheminer l'humanité vers une catastrophe, par leur conception mécanique atomistique du genre humain, par la renonciation radicale à l'Esprit, au fond à l'Esprit de Dieu. 
Faut-il encore, dans le même sens, au sujet de ces formes d'Unité du Totalitarisme extensif, une dernière preuve. La pensée, avec ses procédés de pure mécanique, était désormais incapable, parce que déspiritualisée, de percevoir les divers facteurs naturels de l'édification de la société et leur interdépendance essentielle, ainsi que l'Unité au sein de la Pluralité ; elle ne pouvait plus pousser de l'aant, jusqu'à la véritable Unité et Totalité d'un système complet du monde, comportant une Totalité intensive, c'est-à-dire une authentique Unité dans une authentique Pluralité. Ce qu'elle conservait, pour ainsi dire, de l'Esprit, c'était uniquement l'intelligence, qui précisément ne méritait plus, nous l'avons vu, ce nom-là, pris dans son sens profond, c'est-à-dire dans le sens de l'Esprit, mais en revanche devait s'attendre d'autant plus à ce que la lutte fut engagée contre elle en ces dernières années. »
(Humani Generis Unitas. Pope Pius XI - Ineditum, 1938, §67 ; in Georges Passelecq, Bernard Suchecky, L'Encyclique cachée de Pie XI, Ed. La Découverte, 1995, Pp. 249-250)


Après les considérations que nous avons exposées et les exemples que nous avons donnés jusqu’ici, on pourra mieux comprendre en quoi consistent exactement, d’une façon générale, les étapes de l’action antitraditionnelle qui a véritablement « fait » le monde moderne comme tel ; mais, avant tout, il faut bien se rendre compte que, toute action effective supposant nécessairement des agents, celle-là ne peut, pas plus qu’une autre, être une sorte de production spontanée et « fortuite », et que, s’exerçant spécialement dans le domaine humain, elle doit forcément impliquer l’intervention d’agents humains. Le fait que cette action concorde avec les caractères propres de la période cyclique où elle s’est produite explique qu’elle ait été possible et qu’elle ait réussi, mais il ne suffit pas à expliquer la façon dont elle a été réalisée et n’indique pas les moyens qui ont été mis en œuvre pour y parvenir. Du reste, il suffit, pour s’en convaincre, de réfléchir quelque peu à ceci : les influences spirituelles elles-mêmes, dans toute organisation traditionnelle, agissent toujours par l’intermédiaire d’êtres humains, qui sont les représentants autorisés de la tradition, bien que celle-ci soit réellement « supra-humaine » dans son essence ; à plus forte raison doit-il en être de même dans un cas où n’entrent en jeu que des influences psychiques, et même de l’ordre le plus inférieur, c’est-à-dire tout le contraire d’un pouvoir transcendant par rapport à notre monde, sans compter que le caractère de « contrefaçon » qui se manifeste partout dans ce domaine, et sur lequel nous aurons encore à revenir, exige encore plus rigoureusement qu’il en soit ainsi. D’autre part, comme l’initiation, sous quelque forme qu’elle se présente, est ce qui incarne véritablement l’« esprit » d’une tradition, et aussi ce qui permet la réalisation effective des états « supra-humains », il est évident que c’est à elle que doit s’opposer le plus directement (dans la mesure toutefois ou une telle opposition est concevable) ce dont il s’agit ici, et qui tend au contraire, par tous les moyens, à entraîner les hommes vers l’« infra-humain » ; aussi le terme de « contre-initiation » est-il celui qui convient le mieux pour désigner ce à quoi se rattachent, dans leur ensemble et à des degrés divers (car, comme dans l’initiation encore, il y a forcément là des degrés), les agents humains par lesquels s’accomplit l’action antitraditionnelle; et ce n’est pas là une simple dénomination conventionnelle employée pour parler plus commodément de ce qui n’a vraiment aucun nom, mais bien une expression qui correspond aussi exactement que possible à des réalités très précises.

Il est assez remarquable que, dans tout l’ensemble de ce qui constitue proprement la civilisation moderne, quel que soit le point de vue sous lequel on l’envisage, on ait toujours à constater que tout apparaît comme de plus en plus artificiel, dénaturé et falsifié ; beaucoup de ceux qui font aujourd’hui la critique de cette civilisation en sont d’ailleurs frappés, même lorsqu’ils ne savent pas aller plus loin et n’ont pas le moindre soupçon de ce qui se cache en réalité derrière tout cela. Il suffirait pourtant, nous semble-t-il, d’un peu de logique pour se dire que, si tout est ainsi devenu artificiel, la mentalité même à laquelle correspond cet état de choses ne doit pas l’être moins que le reste, qu’elle aussi doit être « fabriquée » et non point spontanée ; et, dès qu’on aurait fait cette simple réflexion, on ne pourrait plus manquer de voir les indices concordants en ce sens se multiplier de toutes parts et presque indéfiniment ; mais il faut croire qu’il est malheureusement bien difficile d’échapper aussi complètement aux « suggestions » auxquelles le monde moderne comme tel doit son existence même et sa durée, car ceux mêmes qui se déclarent le plus résolument « antimodernes » ne voient généralement rien de tout cela, et c’est d’ailleurs pourquoi leurs efforts sont si souvent dépensés en pure perte et à peu près dépourvus de toute portée réelle.

L’action antitraditionnelle devait nécessairement viser à la fois à changer la mentalité générale et à détruire toutes les institutions traditionnelles en Occident, puisque c’est là qu’elle s’est exercée tout d’abord et directement, en attendant de pouvoir chercher à s’étendre ensuite au monde entier par le moyen des Occidentaux ainsi préparés à devenir ses instruments. D’ailleurs, la mentalité étant changée, les institutions, qui dès lors ne lui correspondaient plus, devaient par là même être facilement détruites ; c’est donc le travail de déviation de la mentalité qui apparaît ici comme véritablement fondamental, comme ce dont tout le reste dépend en quelque façon, et, par conséquent, c’est là-dessus qu’il convient d’insister plus particulièrement. Ce travail, évidemment, ne pouvait pas être opéré d’un seul coup, quoique ce qu’il y a peut-être de plus étonnant soit la rapidité avec laquelle les Occidentaux ont pu être amenés à oublier tout ce qui, chez eux, avait été lié à l’existence d’une civilisation traditionnelle ; si l’on songe à l’incompréhension totale dont les XVIIe et XVIIIe siècles ont fait preuve à l’égard du moyen âge, et cela sous tous les rapports, il devrait être facile de comprendre qu’un changement aussi complet et aussi brusque n’a pas pu s’accomplir d’une façon naturelle et spontanée. Quoi qu’il en soit, il fallait tout d’abord réduire en quelque sorte l’individu à lui-même, et ce fut là surtout, comme nous l’avons expliqué, l’œuvre du rationalisme, qui dénie à l’être la possession et l’usage de toute faculté d’ordre transcendant ; il va de soi, d’ailleurs, que le rationalisme a commencé à agir avant même de recevoir ce nom avec sa forme plus spécialement philosophique, ainsi que nous l’avons vu à propos du Protestantisme ; et, du reste, l’« humanisme » de la Renaissance n’était lui-même rien d’autre que le précurseur direct du rationalisme proprement dit, puisque qui dit « humanisme » dit prétention de ramener toutes choses à des éléments purement humains, donc (en fait tout au moins, sinon encore en vertu d’une théorie expressément formulée) exclusion de tout ce qui est d’ordre supra-individuel.

Il fallait ensuite tourner entièrement l’attention de l’individu vers les choses extérieures et sensibles, afin de l’enfermer pour ainsi dire, non pas seulement dans le domaine humain, mais, par une limitation beaucoup plus étroite encore, dans le seul monde corporel ; c’est là le point de départ de toute la science moderne, qui, dirigée constamment dans ce sens, devait rendre cette limitation de plus en plus effective. La constitution des théories scientifiques, ou philosophico-scientifiques si l’on veut, dut aussi procéder graduellement ; et (nous n’avons, ici encore, qu’à rappeler sommairement ce que nous avons déjà exposé) le mécanisme prépara directement la voie au matérialisme, qui devait marquer, d’une façon en quelque sorte irrémédiable, la réduction de l’horizon mental au domaine corporel, considéré désormais comme la seule « réalité », et d’ailleurs dépouillé lui-même de tout ce qui ne pouvait pas être regardé comme simplement « matériel » ; naturellement, l’élaboration de la notion même de « matière » par les physiciens devait jouer ici un rôle important. On était dès lors entré proprement dans le « règne de la quantité » ; la science profane, toujours mécaniste depuis Descartes, et devenue plus spécialement matérialiste à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, devait, dans ses théories successives devenir de plus en plus exclusivement quantitative, en même temps que le matérialisme, s’insinuant dans la mentalité générale, arrivait à y déterminer cette attitude, indépendante de toute affirmation théorique, mais d’autant plus diffusée et passée finalement à l’état d’une sorte d’« instinct », que nous avons appelée le « matérialisme pratique », et cette attitude même devait être encore renforcée par les applications industrielles de la science quantitative, qui avaient pour effet d’attacher de plus en plus complètement les hommes aux seules réalisations « matérielles ». L’homme « mécanisait » toutes choses, et finalement il en arrivait à se « mécaniser » lui-même, tombant peu à peu à l’état des fausses « unités » numériques perdues dans l’uniformité et l’indistinction de la « masse », c’est-à-dire en définitive dans la pure multiplicité ; c’est bien là, assurément, le triomphe le plus complet qu’on puisse imaginer de la quantité sur la qualité.

Cependant, en même temps que se poursuivait ce travail de « matérialisation » et de « quantification », qui du reste n’est pas encore achevé et ne peut même jamais l’être, puisque la réduction totale à la quantité pure est irréalisable dans la manifestation, un autre travail, contraire en apparence seulement, avait déjà commencé, et cela, rappelons-le, dès l’apparition même du matérialisme proprement dit. Cette seconde partie de l’action antitraditionnelle devait tendre, non plus à la « solidification », mais à la dissolution ; mais, bien loin de contrarier la première tendance, celle qui se caractérise par la réduction au quantitatif, elle devait l’aider lorsque le maximum de la « solidification » possible aurait été atteint, et que cette tendance, ayant dépassé son premier but en voulant aller jusqu’à ramener le continu au discontinu, serait devenue elle-même une tendance vers la dissolution. Aussi est-ce à ce moment que ce second travail, qui d’abord ne s’était effectué, à titre de préparation, que d’une façon plus ou moins cachée et en tout cas dans des milieux restreints, devait apparaître au jour et prendre à son tour une portée de plus en plus générale, en même temps que la science quantitative elle-même devenait moins strictement matérialiste, au sens propre du mot, et finissait même par cesser de s’appuyer sur la notion de « matière », rendue de plus en plus inconsistante et « fuyante » par la suite même de ses élaborations théoriques. C’est là l’état où nous en sommes présentement : le matérialisme ne fait plus que se survivre à lui-même, et il peut sans doute se survivre plus ou moins longtemps, surtout en tant que « matérialisme pratique » ; mais, en tout cas, il a désormais cessé de jouer le rôle principal dans l’action antitraditionnelle.

Après avoir fermé le monde corporel aussi complètement que possible, il fallait, tout en ne permettant le rétablissement d’aucune communication avec les domaines supérieurs, le rouvrir par le bas, afin d’y faire pénétrer les forces dissolvantes et destructives du domaine subtil inférieur ; c’est donc le « déchaînement » de ces forces, pourrait-on dire, et leur mise en œuvre pour achever la déviation de notre monde et le mener effectivement vers la dissolution finale, qui constituent cette seconde partie ou cette seconde phase dont nous venons de parler. On peut bien dire, en effet, qu’il y a là deux phases distinctes, bien qu’elles aient été en partie simultanées, car, dans le « plan » d’ensemble de la déviation moderne, elles se suivent logiquement et n’ont que successivement leur plein effet ; du reste, dès que le matérialisme était constitué, la première était en quelque sorte virtuellement complète et n’avait plus qu’à se dérouler par le développement de ce qui était impliqué dans le matérialisme même ; et c’est précisément alors que commença la préparation de la seconde, dont on n’a encore vu actuellement que les premiers effets, mais pourtant des effets déjà assez apparents pour permettre de prévoir ce qui s’ensuivra, et pour qu’on puisse dire, sans aucune exagération, que c’est ce second aspect de l’action antitraditionnelle qui, dès maintenant, passe véritablement au premier plan dans les desseins de ce que nous avons d’abord désigné collectivement comme l’« adversaire » et que nous pouvons, avec plus de précision, nommer la « contre-initiation ».
(René Guénon, Le Règne de la quantité et les signes du temps, 1945, chap. XXVIII : Les étapes de l’action antitraditionnelle, Pp.187-191)

Si vous n'aviez pas encore compris...


« On peut imaginer que chaque individu accepte, volontairement ou sans le savoir, une puce en lui, qui contiendrait tout un tas d'information sur lui qui permettrait à la fois de payer tout, de tout savoir... Mais donc d'être libéré d'un certain nombre de contraintes. [...] Le vrai luxe de demain, ce sera d'être isolable, de pouvoir s'isoler, et la vraie liberté, ce ne sera pas d'être relié aux autres, mais d'avoir le droit de ne pas être branché. »
(Jacques Attali, interview à la chaîne Public Sénat, 2008)

« L'homme, comme l'objet, y sera nomade, sans adresse ni famille stable, porteur sur lui, en lui, de tout ce qui fera sa valeur sociale. (...) Devenu prothèse de lui-même, l'homme se produira comme une marchandise. La vie sera l'objet d'artifice, créatrice de valeur et de rentabilité. »
(Jacques Attali, Lignes d'horizon, Fayard, 1990, Pp. 50 et 179)



« On pourrait dire que, parmi les instruments ou les moyens de tout genre mis en œuvre pour ce dont il s’agit, la « pseudo-initiation », par sa nature même, doit logiquement occuper le premier rang ; elle n’est qu’un rouage, bien entendu, mais un rouage qui peut commander à beaucoup d’autres, sur lequel ces autres viennent s’engrener en quelque sorte et dont ils reçoivent leur impulsion. [...] Il résulte immédiatement de là que l’action exercée ainsi, au lieu d’être réellement « organique », ne peut avoir qu’un caractère purement « mécanique », ce qui justifie d’ailleurs pleinement la comparaison des rouages que nous venons d’employer ; et ce caractère n’est-il pas justement aussi, comme nous l’avons déjà vu, celui qui se retrouve partout, et de la façon la plus frappante, dans le monde actuel, où la machine envahit tout de plus en plus, où l’être humain lui-même est réduit, dans toute son activité, à ressembler le plus possible à un automate, parce qu’on lui a enlevé toute spiritualité ? Mais c’est bien là qu’éclate toute l’infériorité des productions artificielles, même si une habileté « satanique » a présidé à leur élaboration ; on peut bien fabriquer des machines, mais non pas des êtres vivants, parce que, encore une fois, c’est l’esprit lui-même qui fait et fera toujours défaut. »
(René Guénon, Le Règne de la quantité et les signes du temps, 1945, Pp.177)

« Quand un peuple perd le contrôle de ses propres affaires, est réduit comme en esclavage et devient un instrument aux mains d'autrui, l'apathie le submerge. Il perd, peu à peu, tout espoir. [...] Les vaincus s'affaiblissent et deviennent incapables de se défendre. Ils sont victimes de quiconque veut les dominer et la proie des gros appétits. [...] Voyez aussi les animaux de proie, qui ne se reproduisent pas en captivité. Ainsi, le groupe tribal qui a perdu le contrôle de ses propres affaires continue de s'affaiblir et finit par disparaître. »
(Ibn Khaldoun, Al-Muqaddima [Introduction à l'histoire universelle], 1377 ; II, 23)


2016/03/22

L’étrange cas de l'Union Jack et de Mister Hide: le lent déclin de l’hégémonie financière londonienne

L'article original a été publié par le
Centre de Recherche sur la Mondialisation
Après les Etats-Unis depuis 2008, l’attention mondiale s’est également portée depuis 18 mois sur la crise représentée par la Turquie et l’Arabie Saoudite dans le conflit international contre Daesh. Nous ne parlons pas ici de l’attention des experts, mais de l’audience mondiale au-devant de qui les rideaux tombent les uns après les autres dans les articles des journaux grand public, dévoilant successivement des pans entiers d’une réalité masquée depuis bien longtemps.
Trois autres pays font régulièrement la une, trois pays étroitement liés aux précédents : Israël avec le conflit Palestinien, ainsi que la Corée du Nord et ses relations menaçantes [1] avec les pays voisins. Le troisième pays est le Royaume-Uni et ses relations avec l’UE. Les menaces et enjeux du Brexit ont déjà été longuement détaillés.[2] Ce présent article est consacré à l’anticipation d’une autre fracture dans ce pays, révélatrice d’un autre pan de la réalité : la fracture entre la City de Londres et le reste du Royaume-Uni.
Ne nous y trompons pas : la City est l’un des objets sociaux-historiques les plus complexes à étudier. La relation de puissance qu’entretient la City a besoin d’être expliquée, décortiquée. En effet, on ne peut pas dire qu’une relation perd de la puissance si on n’explique pas quelles sont cette relation et cette puissance au départ et d’où elles proviennent historiquement, sinon la démarche tourne à vide.
Nos précédents travaux ont permis de montrer que l’histoire de l’Occident est orientée depuis le XVIIème siècle par trois mouvements de fond entrelacés :
  • l’émergence des organisations des Etats profonds et de leurs relations transnationales secrètes [3]
  • le développement des structures de la finance internationale et des banques centrales [4]
  • le développement de mouvements politico-religieux hérétiques visant depuis les XVIIème et XVIIIème siècles à renverser l’ordre établi, comme le Sabbataïsme et le Wahhabisme déstabilisant l’Empire Ottoman, ou comme les agissements de Daesh de nos jours.[5]
Ces trois mouvements de fond ont forgé l’âme profonde de la City de Londres, dont l’influence s’est développée d’une manière schizophrénique vis à vis de l’état public et visible du Royaume-Uni. À l’image du personnage du célèbre roman de Stevenson, le Royaume britannique est en réalité gouverné d’une part par l’état monarchique visible (désigné par l'Union Jack dans notre titre, et qui prend le rôle du Dr Jekyll) et d’autre part par l'élite de la City, qui est sa partie profonde, son Mister Hide, celui qui cache.

Un Royaume à deux états

La nature juridique de la City de Londres est très particulière. Elle se distingue des 32 autres districts londoniens par un statut sui generis lui conférant à la fois le titre de « Cité » et de comté cérémoniel, dont le mode d’administration est unique.
C’est en 1319 qu’une charte signée par Édouard II consacre l’autonomie de la City et le rôle prépondérant des guildes (devenues plus tard les « vénérables compagnies ») dans son administration.[6]
Le Lord-maire [7] de la City qui incarne les libertés acquises par les bourgeois, est élu traditionnellement chaque année le 29 septembre. Le deuxième samedi de novembre, celui-ci doit se rendre en très grande pompe au palais de Westminster pour recevoir, par l’intermédiaire du Lord Chancelier [8], l’agrément du souverain britannique.
Investi de sa charge, le Lord-maire est le président de la City of London Corporation, qui est à la fois un conseil d’administration et un conseil municipal. Il a notamment la responsabilité de son propre corps de police, la City of London Police.[9] La City est la seule circonscription administrative de Londres qui ne soit pas sous la juridiction par la Metropolitan Police. Il fait partie du conseil qui proclame un nouveau souverain britannique.[10]
Le Lord-maire exerce également une fonction judiciaire, puisque tous les délits commis dans la Cité sont relevables de sa juridiction. Il est président du tribunal.
La City dispose d’un remémoreur qui est un fonctionnaire désigné pour défendre les intérêts de la City de Londres au parlement britannique. Le Lord-maire reçoit officiellement des ministres des affaires étrangères d’autres états, et se déplace à l’étranger pour promouvoir les intérêts de la City. À la fois les entreprises et les résidents de la City portent la responsabilité de supporter l’industrie des services financiers et de représenter ses intérêts. Elle comporte aujourd’hui 8000 résidents mais 50 fois plus de personnes viennent y travailler tous les jours.
La gouvernance de la City n’a pas été modifiée par le Municipal Reform Act de 1835. Une tentative a eue lieu en 1894 pour supprimer la distinction entre la City et le reste de Londres, menée par la Royal Commission on the Amalgamation of the City and County of London, mais un prompt changement de gouvernement à Westminster a eu pour conséquence l’abandon de ce projet.
La City est donc juridiquement un véritable État dans le Royaume britannique.

La City, bras séculier de l’Empire britannique

À la fin du XVIème siècle, Londres devient progressivement un centre majeur pour les activités de banque et de commerce international.
Le Royal Exchange est fondé en 1565 par Sir Thomas Gresham en tant que centre pour les commerçants de Londres, et il obtint le patronage Royal en 1571.
La société East India Company reçut une Charte Royale de la Reine Elizabeth I le 31 December 1600. Les parts étaient détenues par de riches marchands et des aristocrates.
Fondée en 1694 au cœur de la City par des commerçants orfèvres, la banque d’Angleterre est la deuxième plus vieille banque centrale du monde, et la huitième plus vieille banque. Elle a été fondée pour être le banquier du gouvernement anglais. La Banque est sous statut privé de 1694 jusqu’à sa nationalisation en 1946. En 1998 elle devient une organisation publique indépendante, possédée par le Treasury Solicitor pour le compte du gouvernement.
La Banque d’Angleterre a institutionnalisé les réserves fractionnaires. William Paterson, son fondateur, est célèbre pour avoir déclaré : « la Banque reçoit les intérêts de toutes les sommes qu’elle crée à partir de rien. »[11]
Le XVIIIème siècle est une période de croissance rapide pour Londres, reflétant une population grandissante, les premiers effets de la Révolution Industrielle et le rôle de Londres comme centre de l’Empire Britannique.
La East India Company a gouverné une large part de l’Inde et du Bangladesh avec ses propres armées privées, y exerçant à la fois les fonctions militaires et administratives, à partir de 1757 après la bataille de Plassey. Lors de la Grande Famine du Bengale de 1770, environ 10 millions de personnes, soit un tiers environ de la population de cette région, meurent.[12] La famine a été causée par une monoculture de l’opium à la place de culture vivrières. Cette monoculture a été forcée par la East India Company pour l’exporter vers la Chine comme stratégie d’affaiblissement de l’Empire Chinois, menant aux guerres de l’Opium quelques années plus tard.[13]
En 1858 la Couronne Britannique nationalise la East India Company et assume directement le contrôle de l’Inde.

La City hérite de la finance internationale

Il est impossible de comprendre la puissance financière et politique de la City sans mentionner l’histoire de la famille Rothschild. Remontons quelques décennies en arrière sur le continent : Samuel Wolf Oppenheimer (1630-1703) reçut la charge de juif de cour (court jew c’est-à-dire financier, changeur de monnaie et commerçant en import export) à la cour de l’Empereur Leopold I d’Autriche. Son fils Simon Wolf Oppenheimer exerça la même fonction à la cour de Hanovre.
Jacob Simon Wolf Oppenheimer, le petit-fils de Samuel Oppenheimer, a enseigné à son apprenti Mayer Amschel Rothschild (né Meyer ou Meier Anschel Bauer)[14] les arcanes du commerce international et du change de monnaie à Hanovre entre 1757 et 1763.[15] C’est à Hanovre qu’il conduisit les premières affaires avec le Lieutenant-Général Baron von Estorff, au départ intéressé par ses connaissances de numismate. Son père Moses Amschel Bauer était déjà à Francfort préteur sur gage et changeur de monnaie. Il reprit l’affaire familiale en 1763 en l’étendant aux services financiers, au moment où von Estorff pris la charge de conseiller auprès du souverain (Landgrave) Friedrich II von Hessen-Kassel, l’un des hommes les plus riches d’Europe. Sa fortune était évaluée entre 70 et 100 millions de florins, la plupart hérités de son père Wilhelm VIII, frère du Roi de Suède.
Le Baron von Estorff recommanda au Landgrave les services de Mayer Amschel. Il obtint le titre de juif de cour en 1769.
Mayer Amschel eu ensuite l’occasion de servir d’intermédiaire financier avec le Baron von Estorff lors de l’envoi en Amérique du contingent de mercenaires Hessiens pour le service du roi anglais en 1775-76.[16] Le Landgrave de Hesse gagna 22 millions de thalers dans cette opération.[17]
Il gagna le patronage de Friedrich II von Hessen-Kassel, puis ensuite le patronage du Prince Héritier Wilhelm von Hessen qui avait le même âge que lui et auprès de qui il avait une forte influence. Après la mort subite de Friedrich II le 31 Octobre 1785 à l’âge de 65 ans,[17b] Wilhelm devint Wilhelm IX von Hessen-Kassel, et prend ensuite le nom de Wilhelm I prince-électeur de Hessen après 1805. En 1806 Mayer lui permet de mettre à l’abri son trésor lors de l’invasion de la Hessen-Kassel par les armées napoléoniennes. Napoléon voulait stopper ce trafic de mercenaires qui s’était étendu avec la Prusse.[18]
Mayer Amschel redonnant son trésor au prince-électeur de Hesse, après son retour d’exil [19]
Envoyé par son père Mayer Amschel en Angleterre en 1798, le jeune Nathan Mayer Rothschild (1777 – 1836) commença à faire fortune dans le commerce du textile anglais, un produit de grande qualité et de renommée internationale à l’époque à tel point que cette guilde est encore aujourd’hui la première dans l’ordre de préséance à la City, puis des services financiers à partir de 1805 en liaison avec son père à Francfort. Nathan Mayer joua un rôle très important au moment des guerres napoléoniennes en permettant aux armées anglaises en campagne de financer (moyennant intérêts) leurs dépenses grâce à l’or de sa famille. Il investit dans les obligations d’État britannique, en spéculant à la hausse. C’est à ce moment-là qu’il devint un partenaire indispensable de la couronne britannique. En 1814, il avait avancé 1,2 million de livres au gouvernement anglais. Lors du retour surprise de Napoléon pour les Cent-Jours en 1815, il fut capable de fournir 9,5 millions de livres aux armées coalisées.[20] Son père puis ses 4 frères avaient fondé des banques dans les 4 autres pays les plus puissants en Europe, ce qui permettait à la famille d’être constamment dans le camp des vainqueurs des différents conflits, s’assurant que leurs prêts aux souverains seraient remboursés.
Selon une affirmation très répandue dès le XIXème siècle,[21] son plus grand coup financier, basé sur un délit d’initié, se serait produit lors de la bataille de Waterloo en juin 1815 dont il connut l’issue deux jours avant l’opinion publique anglaise grâce à son important réseau de messagers en Europe qui lui avait valu de gagner un contrat avec l’armée de Wellington.[22] Vrai ou pas, quand il revendit ses obligations d’Etat en 1817, elles avaient fortement grimpé. En 1818, les Rothschild fondent de fait le marché obligataire international en lançant un emprunt en devises pour la Prusse.[22b]
Cette fortune permis à Nathan Mayer Rothschild de gagner une position d’une telle puissance à la City qu’en 1825–1826 il fut capable de prêter suffisamment d’or à la Banque d’Angleterre pour interrompre une crise de liquidités. Il devint ainsi le préteur en dernier ressort et maître incontesté de la City. Ce micro-état souverain avait désormais officieusement à sa tête une dynastie impériale, maîtresse d’une fortune colossale.
Nathan Mayer Rothschild était le pilier de la place financière de Londres, alors très portée sur le financement de la croissance aux Etats-Unis: les banques anglaises refinançaient en particulier les crédits de la multitude de banques américaines créées dans les années 1830.
À partir de ce moment l’influence de la City sur les Etats-Unis ira sans cesse croissante, mais toujours de manière profonde, dans l’univers feutré de la finance internationale.
En 2005, Mayer Anschel Rothschild fut classé 7ème dans la « Liste des hommes d’affaires les plus influents de l’histoire » par Forbes, le nommant « père de la finance internationale ».
Lors de sa mort en 1836, la fortune personnelle nette officielle de Nathan Rothschild est évaluée à 0,62% de l’ensemble du revenu national britannique, c’est-à-dire 3,22 millions de livres de 1836, soit l’équivalent du pouvoir d’achat de 370 millions de livres sterling en 2016.[23] Il est alors intéressant de se poser la question suivante : où est passée cette fortune aujourd’hui, sachant que les avoirs actuels officiels cumulés de la famille Rothschild [24] semblent bien loin d’atteindre cette somme quand on inclut simplement les intérêts composés[25], sans compter les fortunes accumulées par les autres branches de la famille ni les autres investissements ? [26]
En 1858 après une lutte d’influence de 11 ans, Lionel Nathan Rothschild devint le premier parlementaire qui siège sans prêter le serment chrétien. En 1875, Lionel de Rothschild finance en secret la part de l’État britannique dans le Canal de Suez.[22b] En 1869 Alfred de Rothschild, fils de Lionel, devint directeur à la Bank of England. En 1885 son frère Nathan Mayer devint Lord. En 1919, Rothschild est nommé à la tête du comité chargé de fixer le cours quotidien mondial de l’or à Londres.[22b]
En 1838, l’américain Georges Peabody démarre une société de trading à Londres. Elle deviendra en 1851 la première société américaine à Londres. En 1854 il prend l’américain J.S. Morgan (le père du célèbre J.P. Morgan) comme associé. Durant la crise bancaire de 1857, Peabody arrive à obtenir un prêt de 800 000 livres de la Banque d’Angleterre, évite grâce à cela la faillite et s'enrichit en rachetant  des valeurs en déroute. J.P. Morgan fait ses premières armes à Londres en 1857 dans cette société avant d’en hériter et de repartir aux USA. Il jouera un rôle déterminant à Wall Street, dans des prêts importants lors de la guerre franco-prussienne de 1871 et dans la création de la Banque Fédérale des Etats-Unis en 1913.[27] JPMorgan est aujourd’hui la 4ème entreprise du monde tous secteurs confondus.[28] 
Dans son livre paru en 1932, Rutherford citait une lettre des frères Rothschild :
“A Mr. John Sherman has written us from a town in Ohio, U.S.A., as to the profits that may be made in the National Banking business under a recent act of your Congress, a copy of which act [NDR: National Bank Act of 1863] accompanied his letter. Apparently this act has been drawn upon the plan formulated here last summer by the British Bankers’ Association and by that Association recommended to our American friends as one that if enacted into law, would prove highly profitable to the banking fraternity throughout the world.
Mr. Sherman declares that there has never before been such an opportunity for capitalists to accumulate money, as that presented by this act and that the old plan, of State Banks is so unpopular, that the new scheme will, by mere contrast, be most favorably regarded, notwithstanding the fact that it gives the National Banks an almost absolute control of the National finances. “The few who can understand the system,” he says, “will either be so interested in its profits, or so dependent on its favors, that there will be no opposition from that class, while on the other hand, the great body of the people, mentally incapable of comprehending the tremendous advantages that capital derives from the system, will bear its burdens without complaint, and perhaps without even suspecting that the system is inimical to their interests.
Please advise us fully as to this matter, and also, state whether or not you will be of assistance to us, if we conclude to establish a National Bank in the City of New York.” [29]
On peut raisonnablement penser à la suite des travaux du professeur Quigley [30] qu’une grande partie de Wall Street s’est retrouvée contrôlée par la City, et qu’en conséquence, que les Etats-Unis sont en quelque sorte redevenus en termes de souveraineté réelle un territoire parmi d’autres dans le CommonWealth britannique. Voilà pour la fameuse « relation spéciale » depuis 1945. C’est pourquoi l’influence de Wall Street sur la politique des Etats-Unis ne reflète pas l’intérêt national américain. Il est justifié de prendre en considération l’idée que les USA, gangrenés par leur Etat Profond et ses ramifications transnationales, auront finalement joué à l’insu de leur plein gré un rôle de super bras séculier depuis la fin des années 30, évitant à la City et à l’armée britannique de s’exposer davantage.

L'Union Jack et Mister Hide

Aujourd’hui, la City représente 1,4 % des emplois du Royaume-Uni, et officiellement 3 % du revenu national brut (soit 64 milliards de dollar en 2014) ainsi que 21 % des recettes fiscales du Royaume-Uni.[31]
L’influence politique de la City sur le gouvernement anglais ne fait guère de doute, à l’image de celle de Wall Street sur Washington.
Il est normal à ce stade de se poser la question de l’influence de la City sur la famille Royale elle-même.
Victoria montre sur le trône britannique en 1837. Victoria [32] épouse en février 1840 son cousin Albert de Saxe-Cobourg-Gotha. En 1901, lorsque Édouard VII, fils de la reine Victoria, monte sur le trône, il porte le nom de son père et la maison royale prend dès lors le nom de Saxe-Cobourg. En 1917 il renomme sa maison de Saxe-Cobourg en Windsor. On retrouve donc à partir de 1837 une trace de l’influence saxonne et de sa culture profonde au sommet de la dynastie régnante. À titre d’exemple de dévoilement, les liens de la famille royale britannique avec Hitler entre les deux guerres mondiales resurgissent actuellement.[33]
Parvenue au faîte de leur puissance, la crise financière depuis 2007 a ouvert en grand le flux d’or vers l’Asie ce qui a signalé le tarissement du Pactole, la source des finances de la City. Les tribulations et scandales du fixing de l'or et de l'argent à Londres depuis 2003 en sont un autre indicateur. 
Source : Bullion Star, 8/03/2016
La vraie nature de Mister Hide commence à être mieux connue des citoyens du Royaume-Uni, en particulier depuis les révélations sur les fraudes fiscales planétaires (voir par exemple le livre de Nicholas Shaxson), puis celles d’Edward Snowden sur les noirs agissements du GCHQ.[34] Dès les années 1990 les liens privilégiés à Londres entre Al-Qaïda et l’état profond anglais étaient déjà affublés du sobriquet de Londonistan.
Il est déjà de notoriété publique que derrière le paravent du Commonwealth les Dépendances de la Couronne et les British Overseas Territories de Sa Majesté rassemblent le quart de tous les paradis fiscaux du monde.[35] Des organisations non gouvernementales anglaises luttent contre cette emprise [36], l’une d’entre elles écrivant : « The City effectively now stands as money launderer of the world, the capital of global crime. »[37] Cet écart toujours grandissant entre la City et le reste du Royaume-Uni fait l’objet de recherches de la part d’auteurs et d’artistes qui alimentent cette prise de conscience.[38] Malgré tout, le statut de la City elle-même reste incontesté. Nous en voulons pour preuve l’initiative internationale d’échanges automatiques d’informations fiscales pour lutter contre la fraude et le blanchiment, décidée par le G20, et mise en œuvre au travers de l’AEIO,[39] un nouveau standard de l’OCDE. La mise en opération de ce standard sera effectuée en 2017 et 2018 par les autorités fiscales de 97 juridictions officiellement déclarées à ce jour. La liste est pertinente puisqu’on y trouve des juridictions comme Andorre, Anguilla, Antigua, Aruba, Bahamas, Barbades, Bermudes, Iles Vierges Britanniques, Brunei, Cayman, Iles Cook, Curaçao, Chypre, Gibraltar, Grenade, Hong-Kong, Guernsey, Ile de Man, Jersey, Liechtenstein, Sainte Lucie, Macao, Iles Marshall, Monaco, Montserrat, Niue, Saint Kitts, Saint Martin, Saint Vincent, San Marin, Trinidad, Iles Turks, et UK. Mais nulle trace de la City qui n’a pas signé cet accord ! Alors que son indépendance vis à vis du Royaume-Uni est très grande voire totale, c’est dans les faits un état invisible, un spectre qui n’apparaît dans aucun traité depuis plus d’un siècle.
Comment stopper les agissements schizophrènes de Mister Hide sans mettre en même temps la royauté de l'Union Jack sous les verrous ? [39b] Le Financial Times décrit parfaitement la situation qui prévaut désormais :
The crash and the subsequent depression broke the confidence of a generation of political leaders. All the guff they had learnt about a new financial capitalism, self-equilibrating markets and the end of boom and bust was shown to be, well, guff. Seven years on, bankers are once again clinking champagne glasses. By and large, they got off scot free. Not so politicians who believed their own propaganda and embraced the laissez faire Washington Consensus as the end of history. Capitalism survived the crash, but at the expense of a collapse of trust in ruling elites”.[40]
Ce déclin de la City est visible de manière éclatante dans l’abandon forcé de sa relation spéciale avec les US en mars 2015 pour rejoindre l’AIIB, pièce fondatrice de la nouvelle architecture financière mondiale. Cette révolution diplomatique se traduit ensuite par une visite historique en grande pompe du chef d’état chinois pendant 3 jours à Buckingham Palace, pendant laquelle il annonça une nouvelle « ère d’or » entre la Chine et le Royaume-Uni.[41] Faisons confiance aux chinois pour dîner avec le diable avec une cuillère suffisamment longue. Le souvenir des guerres de l’Opium et de la destruction de l’Empire chinois reste très vivace parmi ce peuple.
Comme tout Empire en phase de contraction, le résidu de puissance impériale se tourne vers la lutte sur sa frontière intérieure. Juste après avoir gagné l’élection générale fin 2015 David Cameron a ainsi déclaré : “For too long, we have been a passively tolerant society, saying to our citizens: as long as you obey the law, we will leave you alone. It’s often meant we have stood neutral between different values. And that’s helped foster a narrative of extremism and grievance. This Government will conclusively turn the page on this failed approach.” Au lieu de rassurer, ce discours a immédiatement été perçu par l’opinion publique du Royaume-Uni comme étant une menace directe envers les lois sur les libertés civiles et l’ouverture du dialogue démocratique.[42]
Notre anticipation est que le dévoilement de l’influence réelle de Mister Hide sur le Royaume-Uni et au-delà n’en est qu’au début. Ce dévoilement concernera l’ensemble des facteurs profonds que nous avons mentionnés, en s’étalant sur plus de 10 ans. À court terme ce n’est pas pour autant la fin de la City mais sa baisse de puissance que nous anticipons. Ce dévoilement sera à la mesure de l’influence réelle de la City, c’est à dire planétaire.
La crise systémique globale, l’émergence de nouvelles places financières de tout premier plan (par exemple Shanghai et son marché de l’or), la marginalisation politique du Royaume-Uni au sein de l’UE, le renforcement de la zone Euro… tout cela a commencé à diminuer l’influence de la City qui ne retrouvera pas sa puissance d’antan car la roue tourne. C’est l’histoire d’un Empire en déclin après avoir fait la guerre à plus de 125 peuples depuis sa fondation en 1707.[43]
Dr Bruno Paul 

À propos de l’auteur :
Le Dr Bruno Paul est le fondateur et directeur des études de Conscience-Sociale.org, un producteur culturel autonome pratiquant la transdisciplinarité créé en 2008.
Il s’agit d’abord de contribuer à éclairer le sens à toutes les échelles de décision, du citoyen jusqu’aux parties prenantes dans les relations internationales. Voici notre manifeste.


[1] Lire à ce sujet : NKNews, 01/2016
[2] Global Europe Anticipation Bulletin, n 102, 02/2016
[3] Pour la définition précise et l’origine de ce terme en sciences politiques, voir Conscience Sociale, 03/2014 ; Ces liens historiques mettent également en évidence que des acteurs de l’Etat Profond ont enraciné leur influence non seulement en Turquie et aux USA (et ses pays satellites traditionnels en Asie comme le Japon, la Corée du Sud ou les Philippines), mais aussi au Canada, en Angleterre, en Allemagne (voir iciici et ici), en Italie, en France, en Egypte, en Arabie Saoudite, en Inde , en Thaïlande
[4] Conscience Sociale, 03/2015
[5] La philosophie morale de l’Ancien Testament est en lutte contre l’anti-morale qui a culminé avec Sabbataï Tzvi et les Sabbataïstes, dont le mouvement s’est historiquement prolongé avec les Dönmeh et les Frankistes. Le dénouement de la crise actuelle marquera également, selon nous, l’échec de ce détournement antinomique de la morale que l’on reconnaît par la formule de Tzvi « C’est en violant la Torah qu’on l’accomplit ». Pour aller plus loin sur ces concepts méta historiques, lire Conscience Sociale, 10/2014.
[6] Depuis cette époque, l’organisation municipale de la City gravite toujours autour de la Corporation de la City de Londres comprenant le Lord-maire (Lord Mayor), les 25 échevins (le Court of Aldermen) élus à vie à raison d’un par quartier (ward) et des 150 conseillers (le Court of Common Council) élus annuellement représentant les 110 vénérables compagnies répertoriées dans la City. Ne sont éligibles à ces conseils que des résidents déclarés Hommes Libres de la City de Londres. La City of London Corporation est probablement l’autorité de gouvernement local élue de manière continue la plus ancienne au monde.
[7] Terme apparaissant dès 1414 et devenant usuel après 1545.
[8] Le Lord Chancelier est un membre du Cabinet, responsable du bon fonctionnement et de l’indépendance des tribunaux.
[9] Ainsi que des écoles, des marchés et de la voirie de la Cité, des services d’hygiène du port et des ponts franchissant la Tamise au niveau de son territoire.
[10] Il a également la particularité d’octroyer au monarque britannique la permission ou non de pénétrer sur sa juridiction, en lui remettant solennellement son épée.
[11]  Avec les monnaies fiduciaires, les banques centrales font encore mieux comme accumulation d’intérêts sans effort : voir The Guardian, 03/2014 ; Global Research, 02/2013. À ce sujet on était prévenu depuis des siècles : “If ever again our nation stumbles upon unfunded paper, it shall surely be like death to our body politic. This country will crash.” – George Washington, (1732-1799). “A theft of greater magnitude and still more ruinous, is the making of paper money; it is greater because in this money there is absolutely no real value; it is more ruinous because by its gradual depreciation during the time of its existence, it produces the effect which would be proration of the coins. All those iniquities are founded on the false idea the money is but a sign.” – Destutt de Tracy, (1754-1836)
[12]  La politique de Churchill en 1943 causera la deuxième grande famine dans ce pays.
[13] Toutes ressemblances avec des situations contemporaines où l’Afghanistan et la Colombie remplacent le Bengale ne sont pas des coïncidences. Voir P.D. Scott, La Machine de guerre américaine – La politique profonde, la CIA, la drogue, l’Afghanistan, Rowman & Littlefield Publishers (2010, english), Ed. Demi Lune (2012, français)
[14] Il est intéressant de noter que « destiné par ses parents à devenir rabbin, il fut envoyé à Fürth [NDR: à 220 km de Francfort] pour y suivre un cours de théologie juive, mais la vocation lui faisait défaut. » ; source : La revue des deux Mondes, tome 87 (1888). Sur l'origine du nom Rothschild on consultera A. Elon, Founder: A Portrait of the First Rothschild and His Time, chapitre 1 (1996)
[14b] On pourra consulter cette compilation des banquiers juifs célèbres

[15]  Site officiel de la famille Rothschild
[16] Site officiel de la famille Rothschild ; R. Atwood, The Hessians – Mercenaries from Hessen-Kassel in the American Revolution (2002). On peut lire page 36 : « To the British, speed was essential in concluding the treaty with Hessen. They granted the Landgraf numerous favourable terms, including back-dating the subsidy to 15 January, in order that he should set his corps in motion as quickly as possible. »
[17]  La revue des deux Mondes, tome 87 (1888)

[17b] On remarque que Jacob Frank (généalogie) s'est installé au Isenburger Schloss à Offenbach en 1786, à un peu plus de 6 km du ghetto juif de Francfort où habitait la famille des banquiers Rothschild. Il y décède en 1791, et sa fille Ewa en 1816. Pour aller plus loin lire cet article et la bibliographie rassemblée en annexe. Jacob Emden a mentionné dans son autobiographie chapitre XII le fort militantisme sabbataïste de 'Jacob Rothschild' (lequel? peut-être Jacob Lewin Rothschild ou Jakob Rothschild-Bauer ou Jacob Rothschild), disciple de Eibeschuetz  à Altona en 1755
source
La famille des banquiers Rothschild est également mentionnée en tant que financier d'Ewa Frank dans les mémoires de Moses Porges (1781-1870), second fils de Morenu Raw Gabriel Porges de Prague, rédigées vers la fin de sa vie:
"Cette année-là [1798], M. Salomon Zerkowitz vint aussi à Offenbach. Il avait été très riche et il apportait avec lui tout ce qui restait de sa fortune, qu'on lui ordonna d'abandonner. Sa richesse consistait en titres du gouvernement autrichien que je portai à Francfort pour que le vieux Rothschild les change en argent." (Arthur Mandel, Le Messie Militant ou la Fuite du Ghetto, (Archè, 1989) Pp. 260)
Autres généalogies sabbataïstes ou frankistes: Mendel Speyer (1, ou 2), Juspa Joseph Levy Manzpach Holländer, Carl Anton (Moshe Gershon Cohen), von Hönigsberg, von Hönigstein, von Hönighof, von Henitstein, von Bienefeld : les cinq familles représentant les cinq enfants de Löbl Hönig, familles Wehle, von Bilinski, Karl Abraham Wetzlar von Plankenstern, Wertheimer, Zacher von Sonnenstein, von Adelsbach, Ferdinand Koreff, von Oppeln-Bronikowski
Liste des familles répertoriées comme juives à Prague à la fin du XVIIIe s. 
Liste des communautés juives de Bohème et Moravie à la fin du XVIIIe s.  

(ajouté le 28/10/2018) :
[17c] Fritz Backhaus, Mayer Amschel Rothschild: Ein biografische Porträt (2012) ; voir aussi le banquier Simon Moritz von Bethmann qui est mentionné par Kraushar, Jacob Frank et les Frankistes, vol.2, pp. 222, comme intermédiaire financier, tel que l'a relevé P. Hillard, Atlas du Mondialisme.
  
[18] "La main qui donne est au-dessus de celle qui reçoit." (Dicton italien, cité par Bonaparte pendant la première campagne d'Italie pour souligner la dépendance pécuniaire du Directoire envers l'armée d'Italie qui lui procura des millions et des trésors, butin des pays conquis.) Source: Lucian S. Regenbogen, Napoléon a dit : aphorismes, citations et opinions, Paris: Les Belles lettres (1996).
" Having made peace with the whole world, Bonaparte set about his task of preparing himself and the French people for the return to the God-system. It was ordained by him that money should not be exported from France on any pretext whatever except with the consent of the Government, and that in no circumstances should loans be employed to meet current expenditure whether civil or military.
The object was to withhold from finance the power to embarrass the Government as it had embarrassed the Government of Louis XVI. 
When a Government, Bonaparte declared, is dependent for money upon bankers, they and not the leaders of that Government control the situation, since “the hand that gives is above the hand that takes” . He did not allow anyone to forget the shipments of gold to England organized by Barras at the expense of the army of Italy, and at a moment when France was denuded of metallic currency. “Money,” he declared, “has no motherland; financiers are without patriotism and without decency: their sole object is gain. " Source: Wilson, R. McNair, Monarchy or Money Power, London: Eyre and Spottiswoode (1933). Reprinted as God and the Goldsmiths, Hawthorne, Calif.: Omni Publications (1961).

[18b] Voir également Comte Egon Caesar Corti, The Rise of the House of Rothschild, 1770-1830, (1927), original publié en allemand en 2 tomes:  Das Haus Rothschild, Insel-Verlag, Leipzig, vol. 1: Der Aufstieg des Hauses Rothschild. 1770–1830(1927), vol. 2: Das Haus Rothschild in der Zeit seiner Blüte. 1830–1871, (1928) ; Puis on consultera International Banking 1870-1914, Eds. Rondo Cameron,V. I. Bovykin (1991)
[19]  « In 1806, Napoleon invaded Hesse in response to Wilhelm’s support for Prussia. The Landgrave went into exile in the Duchy of Holstein, but Rothschild was able to continue as his banker, investing funds in London [where one of his son has a bank]. He also profited from importing goods in circumvention of Napoleon’s continental blockade. As a result of these dealings, Mayer Amschel amassed a not inconsiderable fortune » ; source : site officiel de la famille Rothschild
[20] W.  Berdrow, Büch Berühmte Kaufleute – Männer von Tatkraft und Unternehmungsgeist in ihrem Lebensgange vorgestellt, Pp. 194 (1905)
[21] Voir par exemple V. Hugo, Melancholia in Les Contemplations (1856), ainsi que le dialogue suivant tiré d'un roman de Balzac :
La banque envisagée ainsi devient toute une politique, elle exige une tête puissante, et porte alors un homme bien trempé à se mettre au-dessus des lois de la probité dans lesquelles il se trouve à l'étroit.
– Tu as raison, mon fils, dit Blondet. Mais nous seuls, nous comprenons que c'est alors la guerre portée dans le monde de l'argent. Le banquier est un conquérant qui sacrifie des masses pour arriver à des résultats cachés; ses soldats sont les intérêts des particuliers, il a ses stratagèmes à combiner, ses embuscades à tendre, ses partisans à lancer, ses villes à prendre. La plupart de ces hommes sont si contigus à la politique, qu'ils finissent par s'en mêler, et leurs fortunes y succombent. [...] Dans chaque siècle, il se trouve un banquier de fortune colossale qui ne laisse ni fortune ni successeur. [...] La Banque est comme le Temps, elle dévore ses enfants. Pour pouvoir subsister, le banquier doit devenir noble, fonder une dynastie comme les prêteurs de Charles-Quint, les Fugger, créés princes de Babenhausen, et qui existent encore... dans l'almanach de Gotha.” – Honoré de Balzac, La Haute Banque. La maison Nucingen, Pp 17 (1838)
[22]  Pr. N. Ferguson, The House of Rothschild, Volume 1: Money’s Prophets, 1798–1848 (1999)

[22b] Voir le site officiel de la banque d'affaires Rothschild
[23]  Pr. N. Fergusson, The Ascent of Money, Pp. 88, (2008) ; Données historiques du PNB par la Banque d’Angleterre ; calculateur d’inflation de la livre sterling.
[24]  “This may come as a bit of a surprise, as you can browse through Forbes’ extensive rich list and not find a single mention of the name ‘Rothschild’ in their list of the 500 wealthiest people on Earth. This is because the Rothschild’s wealth has been distributed amongst hundreds of heirs throughout the years, and has therefore diluted each individual’s personal fortune. With this being said, it is estimated that the Rothschild Family as a whole still possess in the region of $350 billion USD in assets throughout the world. Bear in mind that this is a low estimation. Due to their great secrecy, the sheer amount of assets they hold, and the scale of their operations, it is difficult to estimate exactly how much the Rothschild Family are worth. Higher estimates have placed it in the region of $1 trillion USD, making them by far the wealthiest family on Earth.”; source: theRichest.com, 06/2014.
[25]  Avec un taux d’intérêt cumulé constant de 5 % par an (valeur faible pour une banque d’investissement, si on se rapporte à l’historique des taux d’intérêts de la Banque d’Angleterre), 1 livre donne 6517 livres au bout de 180 ans (calculatrice). Donc 370 millions donnent 2411 milliards de livres sterling.
[26]  Par exemple, ces avoirs peuvent-ils bénéficier du statut de la City qui est le plus opaque paradis fiscal du monde ?
[27]  Pr. Murray N. Rothbard, The origins of the Federal Reserve, The Quarterly Journal of Austrian Economics vol. 2, no. 3 (Fall 1999), Pp. 3–51
[28]  Source : Forbes
[29]  Lettre attribuée aux frères Rothschild et rédigée en 1863, citée par J. F. Rutherford in Vindication, Livre II, Chapitre 6, Pp. 172-173, (1932). Elle est également citée par W.A. Overholser dans A short review and analysis of the history of money in the United States, Progress Publishing Concern, Pp.46 (1936), et dans de nombreux autres ouvrages à partir de 1932 jusqu’à nos jours. Authentique ou pas, la reprise constante de cette citation au cours des décennies montre combien cette notion de l’influence de la City sur Wall Street et Washington est prégnante parmi les auteurs spécialisés dans ce domaine.
[30]  Source : Pr Caroll Quigley, Tragedy and Hope: A History of the World in Our Time (1966) ; ainsi que The Anglo-American Establishment: From Rhodes to Cliveden (1981) ; traduction en français Histoire secrète de l'oligarchie anglo-américaine, Ed. Retour aux sources (2015).
[31]  Sputnik News, 03/2016
[32]  Sa mère était déjà de la maison Saxe-Cobourg. Elle a eu une très forte influence sur l’éducation de sa fille, orpheline de son père. Citons également le mariage morganatique du prince Alexandre de Hesse, fils de Louis II, grand-duc de Hesse avec la comtesse Julia von Hauke, qui fut titrée comtesse de Battenberg, en contrepartie de l'exclusion de sa descendance de la ligne de succession du trône du Grand Duché de Hesse. La branche britannique changea le nom de Battenberg en Mountbatten (qui est la traduction littérale anglaise de l'allemand Battenberg) en 1914.
[33] Source: Pr. Guido G. Preparata, Conjuring Hitler: How Britain and America made Third Reich (2005) ; BBC, 03/2016 ; Paris Match, 07/2015
[34]  Voir l’article sur les révélations de Snowden sur Wikipedia
[35]  RT, 06/2015
[36]  Tax Research UK, 08/2015
[37]  True Publica.org.uk, 03/2016
[38]  Treasure Islands, 02/2016
[39]  Automatic Exchange Of Information ; source : OECD

[39b] Le site officiel de la banque d'affaire Rothschild précise que grâce à un réseau international de succursales la branche française survit à sa nationalisation en France en 1982.
[40]  Financial Times, 12/2015
[41]  Financial Times, 10/2015
[42]  The Guardian, 05/2015
[43]  Source : wikipedia
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