2015/12/15

Le Réveil de la Force

"Je vais finir ce que tu as commencé...
et revenir du côté obscur!"

Ce titre, bien qu'il rappelle l'actualité de la Guerre des Etoiles, signifie essentiellement le réveil de l'esprit de souveraineté et en conséquence l'émergence progressive de la puissance continentale eurasiatique, de Lisbonne au Kamchatska et d'Oslo à Singapour.

Le cœur de cette puissance réside désormais dans le triangle Russie-Inde-Chine. Il bat concrètement dans de multiples institutions (Union Economique Eurasiatique, BRICS, SCO, ASEAN/APT, AIIB, NDB, CSTO...) qui ont inventé la dé-dollarisation du système financier international et dans de multiples accords de libre échange qui s'y sont développés depuis la fin des années 90, structurant la politique de voisinage de ces géants. Il est intéressant de noter que la création de la Commission Eurasiatique s'est inspirée de la Commission Européenne mais en prenant en compte les expériences tant positives que négatives de l'UE d'après les mots de Medvedev. C'est ainsi que la Commission Eurasiatique est présidée par un Conseil, composé des vice-Premiers ministres de chaque pays membre, ou que le nombre d'officiels est proportionnel à la population de chaque pays membre.

Cet esprit souverain se dilate naturellement dans toutes les directions, obéissant à des invariants géographiques (ce que l'on appelle en géopolitique « la permanence de la carte ») :
  • vers l'Asie du sud-Est, où cette influence se déploie dans les accords commerciaux et les nouvelles positions stratégiques en mer de Chine. On peut associer cet élan à la poussée vers l'Arctique par la Russie et vers l'Antarctique par la Chine ;
  • de l'Asie Centrale vers le Moyen-Orient, où elle s'appuie fortement sur l'Iran -représentant de l'esprit souverain depuis la Révolution de 1979 face aux forces dissolvantes de la mondialisation promulguée par les néo-conservateurs- pour défendre fermement la Syrie ; 
  • vers l'Europe de l'Ouest, où cette poussée de souverainisme entraîne l'obsolescence rapide des institutions du bloc occidental; 
  • et vers l'extrême Occident, où elle s'appuie sur Cuba -représentant de l'esprit souverain depuis la Révolution de 1953- et sur la culture Bolívarienne en Amérique du Sud.
À titre d'exemple, la crise depuis 2008 démontre que les institutions de l'Union Européenne sont incapables de réforme et de remise en question, et les peuples européens en condamnent désormais massivement la logique castratrice. Citons également les accords commerciaux comme le TTIP qui est vécu par les Européens comme une camisole de force et une trahison, ou encore l'OTAN qui comme anticipé se révèle désormais totalement paralysée en interne, comme le prouve l'absence de tout soutien effectif de « l'alliée » Turquie par les pays membres de l'OTAN après le traquenard du SU-24 qui a été abattu.

L'émergence de Corbyn est également un signe de cette émergence du souverainisme, du rejet des fondements de la politique présente en Europe depuis 70 ans. Dernier exemple et non des moindres, celui de la poussée historique du Front National aux élections régionales en France, qui dès les résultats au soir du dimanche 13/12/2015 a fait se cristalliser toute la campagne présidentielle de 2017, en polarisant le « camp des patriotes » contre « celui des mondialistes qui veulent dissoudre le sentiment national ». 

Il ne reste aux technocrates qu'à instaurer des coupes-feux (loi Urvoas en France, état d'urgence, menaces de guerre civile par le Premier Ministre…) pour diminuer encore les règles démocratiques, et gagner un peu de temps. Cela ne changera pas la trajectoire implacable de l'Histoire, qui fait que l'obsolescence éclatante des institutions les condamnent au placard et à l'oubli. Comme Camus l'a proclamé: seuls les esprits indépendants forment l'Histoire.

La crise systémique globale dont la phase aiguë a duré de 2007 à 2015 a dépassé son point haut et vient d'atteindre un nouveau stade, celui de la recomposition, dans un contexte géopolitique mondial où les BRICS jouent et gagnent.

C'est dans cette libération des nouvelles forces politiques en Europe, enfin affranchis de la tutelle américaine, que sont présents plusieurs scénarios de recomposition dans les années à venir.
  • soit les peuples européens gagnent une indépendance exacerbée et restent divisés : ils se condamnent alors à n'être que de simples satellites lointains des géants asiatiques, sans influence extérieure ; 
  • soit la force issue de leur nouvelle indépendance alliée à une compréhension les conduit à adhérer à l'Union Eurasiatique, garante de la stabilité sur le continent ; 
  • soit cette indépendance acquise ne sera qu'une mascarade de plus, dans laquelle le maître derrière le rideau sera encore la City -mais cette fois sans l'alliance avec Wall Street- et où la plupart des dirigeants partageront la même chemise brune, pour afficher des velléités de plus en plus agressives vis à vis de l'Union Eurasiatique, rebouclant en pure perte sur la tragédie du XXème siècle.
Nous nous attacherons au fil des mois à déchiffrer et anticiper les tendances en Europe qui vont nous orienter vers l'un ou l'autre de ces scénarios. La direction est claire, le point de chute encore incertain.



2015/12/06

Airstrikes in Syria and Iraq

Looking closely at the official figures of airstrikes in Syria or Iraq, we can say that by December 16, 2015 Russia military forces will have conducted more airstrikes in Syria since 09/30/2015 than the whole international coalition led by U.S. (including Australia, Belgium, Denmark, The Netherlands, UK, Bahrain, Canada, France, Jordan, Saudi Arabia, Turkey and UAE) will have conducted in Syria and Iraq since 09/22/2014 - starting more than a year before Russia.

US-led coalition military forces conducted less than 7 airstrikes per day in Syria since 09/22/2014, on average.

Russia is conducting on average more than 111 airstrikes per day in Syria. From 09/30/2015 to 12/4/2015 Russian military forces have conducted 3,561 sorties and destroyed 7,334 targets.

From 09/30/2015 to 12/25/2015 Russian aviation has conducted 5,240 sorties in Syria, including 145 sorties by long-range aviation. More than 10,610 targets were destroyed.

Sources of data: wikipedia, defense.gov.
For a summary of figures and references, read :
http://sputniknews.com/infographics/20151130/1030993895/russia-syria-operation-interactive.html 

Updated 2/5/2016 :
- US-led coalition is reporting the number of damaged or destroyed targets in addition to the number of strikes. When available, we compare numbers of destroyed targets.
- As of Feb. 3, the U.S. and coalition have conducted a total -since 09/22/2014- of 10,113 strikes (6,763 Iraq / 3,350 Syria).
  • U.S. has conducted 7,753 strikes in Iraq and Syria (4,611 Iraq / 3,142 Syria)
  • Rest of coalition has conducted 2,360 strikes in Iraq and Syria (2,152 Iraq / 208 Syria)
- Report on January 15: Since September 30, the Russian Aerospace Forces in Syria have made 5,662 sorties, including 145 sorties made by strategic missile and long-range bomber aviation. The Russian military have also carried out 97 launches of sea-based and air-based missiles.
On January 15-18 Russia’s warplanes have made 157 sorties destroying 579 terrorist targets.
On January 25-31 Russian aviation made almost 470 sorties and attacked more than 1,350 targets.
On February 1-4 Russia’s Aerospace Defense Forces made 237 sorties and attacked 875 targets of terrorist organizations.

Jour d'élections en France


Le soldat est persuadé qu’un certain délai indéfiniment prolongeable lui sera accordé avant qu’il soit tué, le voleur — comme le traître, le corrompu, l'assassin — avant qu’il soit pris, les hommes d'État avant qu'ils soient rattrapés par l'histoire, les hommes en général avant qu’ils aient à mourir.
C’est là l’amulette qui préserve les individus — et parfois les peuples — non du danger mais de la peur du danger, en réalité de la croyance au danger, ce qui dans certains cas permet de le braver sans qu’il soit besoin d’être brave. 
Dans tous les autres cas c'est là la marque de la folie qui perd les individus — et parfois les peuples — et qui justifie de répéter cette parole célèbre que Sophocles a mis dans la bouche du peuple voici 2500 ans :

 – Celui qu’un dieu pousse à sa perte prend souvent le mal pour le bien, et il n’est garanti de la ruine que pour très peu de temps.


~ Librement inspiré de Marcel Proust, À la recherche du temps perdu, 1919, tome 4, Pp. 14.