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2015/01/25

QE de la BCE: La vraie conférence de presse de Draghi qui n'a jamais eue lieu

 Allocution introductive à la conférence de presse.

Mario Draghi, président de la Banque Centrale Européenne
Francfort sur Main, 22 janvier 2015

(Cliquez pour lire le texte officiel de l'allocution délivrée à une audience de journalistes accrédités, ou écoutez la traduction en français. Ci-dessous figurent en italique la traduction des questions-réponses officielles, et le reste est la vérité qui n'a jamais eue lieu.)
...
Nous sommes maintenant à votre disposition pour des questions.

* * *

Question: Vous avez dit que vous continuerez à  acheter des obligations jusqu'à ce que l'inflation soit revenue dans des valeurs acceptables. Donc, fondamentalement, vous annoncez un programme sans fin. Envisagez-vous une quelconque valeur en termes de pourcentage de la dette émise que vous pouvez acheter avant de commencer à trop influencer la formation des prix sur le marché secondaire, ce que la Cour de justice européenne a suggéré que vous devriez éviter?

Draghi: Oui, nous allons acheter la dette publique à hauteur du pourcentage qui permettra une  formation correcte des prix du marché. Par conséquent, nous avons deux limites. Nous n'allons pas acheter plus de 25% de chaque émission, et pas plus de 33% de la dette de chaque pays émetteur.
La limite de 25%, au passage, est celle qui est prévue afin de ne pas être une minorité de blocage telle que définie dans les clauses d'action des assemblées collectives, essentiellement les assemblées de détenteurs d'obligations, et c'est fondamental pour nous que nous soyons en mesure de dire que tous les détenteurs seront traités de manière juridiquement égale.

Bien sur ces limites pourront être modifiées à tout moment par la BCE. Les valeurs annoncées aujourd'hui ne sont données que pour faire illusion qu'il existe une limite. Ce qui veut dire que la BCE est fermement engagée sur un chemin où elle détiendra un jour prochain la quasi-totalité des dettes émises. Exactement comme aujourd'hui la Fed détient une très grande majorité des Bons du Trésor américain (US Treasury) pour les maturités pondérées à 10 ans. Nous irons progressivement sur ce chemin pour mieux anesthésier les sujets-citoyens, mais sans jamais faire machine arrière, à aucun prix. Ce n'est pas un coup de bazooka, c'est une déclaration de guerre totale.

Je voudrais insister encore une fois sur deux aspects fondamentaux: tout d'abord que la BCE prend acte que le fonctionnement normal du marché est celui d'un marché officiellement truqué, où comme je l'ai dit les valeurs sont déterminées par quelques personnes anonymes et activées au travers de la BCE. Les autres acteurs du marché, y compris les sujets-citoyens européens, n'ont aucune liberté. Tout comme l'avis rendu par la Cour Européenne de Justice, nous condamnons ainsi les marchés libres. Nous rentrons dans une économie ouvertement et pleinement planifiée. Nous nous sommes assurés de faire suffisamment pression  pour avoir l'appui officiel des instance européennes qui définissent l'interprétation des lois, de façon que les sujets-citoyens n'aient aucun recours, aucun moyen de modifier la donne. Une économie planifiée est fondamentalement une économie qui rend prisonnier chacun des citoyens qui redeviennent au mieux de simples sujets, de la naissance à la mort. 

Ensuite les sujets doivent comprendre ce que signifie les interventions de la BCE sur le marché secondaire. Cela signifie que la BCE n'achète les titres de dettes qu'aux banques privées. Celles-ci les acquièrent sans aucun risque auprès des Ministères des Finances de chaque pays européen, et sont assurées de les revendre avec une marge à la BCE. Cela signifie l'arrivée de marges confortables sur les bilans de ces banques privées, et des bonus pour les quelques personnes qui en profitent (gros actionnaires, comité exécutif, traders d'obligations), pour une activité quasi-automatique qu'un enfant de huit ans pourrait exécuter. 

Mais ce n'est pas tout: nous rachetons en grande partie des titres déjà actuellement acquis par les banques privées. Ce qui implique directement que nous remplaçons sur les bilans de ces banques privées des assets douteux, peu ou pas liquides, par du cash. 

Question: Ainsi le respect des règles de Bâle III ne sera plus un problème. Mais comment ce cash va-t'il servir ?

Draghi: Je répondrai en séparant deux aspects. En termes de communication tout d'abord, la BCE et tous ses complices ont besoin d'insister sur la possibilité que ce cash se déverse magiquement sur les crédits aux PME. C'est ce que nous appelons le "ruissellement de la richesse", ou bien une "incitation accrue pour les banques à prêter au secteur privé". Le fait qu'il s'agisse d'une pure illusion comme l'a démontré la réalité aux USA ou au Japon qui ont conduit de tels programmes de QE, n'est pas un problème pour nous.  L'histoire de l'économie nous a appris tout d'abord que les fonds sont alloués là où c'est le plus facile, le plus rémunérateur, qu'on ne prêtent qu'aux riches, et c'est ce que nous allons faire à nouveau. Bien sûr les média feront quelques reportages largement diffusés où une PME quelconque a reçu un crédit pour "sauver 10 ou 20 emplois" avec un témoignage d'une banquière pour affirmer que c'est possible uniquement parce que le QE est lancé. Ainsi personne ne demandera des comptes sur ce que deviennent très précisément les 60 milliards mensuels.

Ensuite en termes de flux réel, ce cash à la disposition des banques privées européennes va suivre les chemins déjà connus: achats d'actions sur les bourses occidentales, donc montée des cours et des indices, en particulier au Japon et USA. Les banques de ces pays sont heureuses de revendre leurs titres avec une marge, et acquièrent le cash. Ce cash va alors servir à acheter les Bons du Trésor américain. C'est cela le plus important, car c'est ce marché qui tient tout le système financier occidental. Il lui faut obligatoirement des volumes sans cesse croissants. Nous estimons que 90% au moins des volumes mensuels de cash injectés par le QE en euros se retrouveront rapidement transférés en cascade en achats de Bons du Trésor américain. L'attractivité de ce marché en termes d'absence de risque pour les traders et les bonus associés est irrésistible. Chacun trouvera les arguments fallacieux qu'il faut pour se convaincre et continuer à oublier toute morale et toute raison.
C'est un tour de passe-passe très simple mais qui fonctionne toujours avec un bon public. C'est d'ailleurs pour cela que nous nous entourons de journalistes accrédités par nos soins.

Il est inévitable que la vente de ces Bons du Trésor américain continuellement émis servira à financer les efforts des guerres que mènent les Etats-Unis avec la complicité de tout le groupe occidental: financement du gouvernement nazi en Ukraine qui pousse son propre peuple à la guerre civile, guerre de l'ISIL contre la Syrie sont nos deux priorités de cette année. 

En résumé tout programme d'assouplissement quantitatif ou QE, que l'on devrait nommer plutôt "planche à billets électronique" parce que c'est exactement cela, n'est qu'un moyen puissant de continuer à conduire encore plus longtemps et de manière encore plus appuyée la même politique générale. Notre adage a toujours été "More of the same".

Question: Ma question est à propos de cet engagement à mener des achats d'actifs jusqu'à ce que vous vous estimez être sur un chemin cohérent avec la réalisation de taux d'inflation en dessous, mais proche de 2% à moyen terme. Les gens semblent avoir des opinions très différentes sur ce que signifie "à moyen terme". Serait-il possible de préciser?

Draghi: Je me limite à relire seulement la déclaration officielle. Je ne veux pas spéculer, donnant des horizons de dates, des échéances. Ainsi, ces achats sont censés être effectués jusqu'à la fin septembre 2016, et seront dans tous les cas effectuées jusqu'à ce que nous voyons un ajustement durable de l'évolution de l'inflation. Vous pourriez aussi bien avoir demandé, ce qu'est un ajustement durable? Un ajustement durable dans la progression de l'inflation, qui est cohérent avec notre objectif de parvenir à des taux d'inflation en dessous, mais proche de 2% sur le moyen terme. Vous savez que la notion de moyen terme est une question complexe. J'ai discuté de cette notion. Elle dépend de nombreux paramètres, et à ce stade, nous ne voulons certainement pas spéculer sur des échéances précises.

Question: Pour donner de la perspective, pourquoi le public, pourquoi les marchés financiers devraient penser que ce QE sera un succès en termes de renforcement de l'inflation, en termes de rétablissement de la croissance économique, d'emploi dans la zone euro?

Draghi: Tout d'abord permettez-moi d'ajouter quelque chose maintenant, parce que c'est effectivement très important. Ce qu'une politique monétaire centralisée peut réaliser, je l'ai dit de nombreuses fois, mais je pense que c'est la peine de le répéter. Ce que la politique monétaire centralisée peut réaliser au mieux c'est créer les fondamentaux pour la croissance, mais pour que la croissance décolle, vous avez besoin d'investissements. Pour que les entreprises et particuliers investissent vous avez besoin de confiance, et pour la confiance que vous avez besoin de réformes structurelles. 
Inversement, une politique monétaire différente peut créer les fondamentaux pour empécher la croissance.
Ce QE renforcera-t'il l'inflation? Absolument pas, et c'est bien ce que nous recherchons. Ainsi le QE pourra continuer indéfiniment. Nous comprenons bien que toutes les politiques monétaires accommodantes menées depuis 2007 sont des politiques déflationnistes. Les QE ont pour réel objectif de mener vers une hyper-déflation. Celle-ci provoquera immanquablement une destruction physique du capital, c'est à dire une guerre en Europe. Ceci se produira quand l'érosion de capital que constitue la déflation aura anéanti les autres formes de capital: entreprises, économies personnelles, revenus, propriétés. Cette destruction physique causera alors à une hyper-inflation, mais pas avant. Dans de telles catastrophes, personne n'aura l'occasion de demander des comptes à la BCE et à ceux qui sont nos vrais interlocuteurs.  

Question: Pouvez-vous nous expliquer comment le QE entretient la déflation ?

Draghi: Il faut d'abord bien comprendre comment mesurer correctement l'inflation. Il ne s'agit certainement pas de mesurer une hausse des prix en euros courants, qui est une autre illusion que les charlatans-économistes diffusent et que nous encourageons.
L'inflation se mesure par rapport à une référence absolue. Celle-ci ne peut pas, et ne pourra jamais être une devise, euro, dollar ou autre. La seule référence absolue existante est l'or métal. Il faut mesurer tous les prix en masse d'or fin. En effet on ne mesure pas un mètre-ruban à l'aide d'une élastique, mais les variations de longueur d'une élastique à l'aide d'un mètre-ruban.

Voyez par exemple sur ce graphique les prix des principales devises mesurées en mg d'or fin:

Prix des devises mesurées en mg d'or fin
échelle de gauche: USDEuroGBPCHF
échelle de droite: Yuan, RupeeReal ;
données mensuelles depuis 04/1968

Je zoome sur les dernières années pour que vous appréciez mieux les mouvements provoqués par l'abandon du peg par la Banque Nationale Suisse et par le QE de la BCE depuis le 22 janvier :

idem; données quotidiennes depuis 01/2010

Les devises occidentales USD, GBP, euro dévissent par rapport à l'or: ces devises s'échangent contre une quantité d'or qui diminue rapidement.
Les devises des pays BRICS et le franc suisse sont stables ou bien grimpent par rapport à l'or. Une devise des pays BRICS s'échange contre une quantité croissante d'or. Il est ainsi évident de voir quel pays gagne et qui perd du pouvoir d'achat.

C'est le graphique le plus fiable pour suivre l'évolution de la guerre actuelle des devises. Nous avons ici utilisé le cours international de l'or à Londres, mais il faudra très bientôt utiliser le cours international de l'or à Shanghaï pour évaluer plus correctement la valeur réelle des devises.

La déflation se lit aussi dans l'évolution des taux d'intérêts des obligations d'Etat. Voici sur ce graphique ce que donne cette évolution à travers plusieurs régimes monétaires.

Valeurs annuelles des taux des obligations d'Etat entre 1860 et juillet 2012.

La baisse est quasi-continue depuis 1982, également pour tous les pays de la zone euro excepté la Grèce. Des plus bas historiques ont désormais été atteints. Le taux allemand à 10 ans est désormais à 0,4%, soit 10 fois moins environ que la valeur idéale. Le taux de l'obligation d'Etat japonais à 10 ans a atteint 0,2% cette semaine et celle à 5 ans a atteint 0,00%, suite à l'abominable "Abenomics". Alors qu'un régime de stabilité des taux caractérise une période de développement sain, on note un effondrement historique des taux allemands au début des années 20, suivie de la période d'inflation dont les origines économiques réelles ne sont jamais approfondies.

La baisse des taux d'intérêts a un effet pervers. En diminuant le service de la dette, pour les Etats, les entreprises ou les particuliers, elle incite ces acteurs à emprunter encore davantage, et à ne surtout rien changer de leurs comportements. Ne répète-t'on pas depuis des années que "les taux n'ont jamais été aussi bas, et qu'il faut en profiter"? Ainsi le volume absolu de dettes s'accroît, et rend impossible la hausse future des taux à moins de risquer une embolie subite. Le piège s'est refermé.

La baisse des taux appelle une nouvelle baisse: les entreprises et particuliers diffèrent leurs investissements de quelques mois, pour bénéficier de taux encore plus avantageux, ou bien parce qu'ils n'ont pas confiance dans la dérive que prend l'économie et les relations internationales. Tous ces retards produisent un ralentissement de l'économie réelle, qui s'accumule. La banque centrale décide alors d'assouplir encore davantage les conditions de crédit toujours avec le même prétexte: "faire repartir la croissance". Les taux rebaissent.

Il est aisé de comprendre que la source problème vient d'un déficit de demande de crédit, d'un déficit de confiance des sujets-citoyens, et non pas d'un déficit d'offre de crédit. Quand chaque acteur économique décide de retarder son action, dans les faits il se retire du jeu. C'est ce qui se passe dans toutes les situations où un acteur veut dominer les autres et impose ses désirs par la force, la loi, la répression ou le monopole n'étant que des expressions de la force. Les autres joueurs préfèrent délaisser le jeu et en recréer un autre sans faire participer le mauvais joueur. L'action du joueur dominant tombe peu à peu dans le vide.

Notre QE qui déverse du cash aux banques n'est activé que pour aider les banques dans leur problème de solvabilité et d'entretien du flux de Bons du Trésor américain. Pour ceux qui attendent tout d'une centralisation socialiste, il aurait été bien plus logique que ce cash soit déversé directement aux foyers et PME afin d'aider réellement la demande.

La planche à billets électronique, c'est-à-dire le QE que nous allons activer, va encore écraser davantage la structure des taux d'intérêts, en particulier pour les taux longs maintenant que les taux courts sont à zéro ou moins. Vous pouvez en avoir une illustration en observant ce qui s'est passé suite aux QE activés par la Fed depuis 2008, qui sont matérialisés par la courbe des obligations rachetées par la Fed :

Taux directeur de la Fed (FF), taux des obligations d'Etat de 1 à 30 ans (DGS1Y à DGS30Y), volume des obligations rachetées par la Fed (TREAST); Données quotidiennes depuis 06/2006

Question: Comment peut-on se prémunir contre une politique déflationniste ?

Draghi: Quand la politique monétaire est centralisée et conduite de façon déflationniste, l'histoire a montré qu'il existe un moyen ultime: acquérir de l'or ou de l'argent métal, et les stocker en dehors du système bancaire, sous forme de pièces ou lingots. Leur valeur réelle quasiment constante leur permettra d'être spontanément remis en circulation, à tout instant, pour réaliser les échanges critiques à l'échelle locale dans une époque particulièrement troublée. Chaque acquisition d'or revient à sortir un peu plus du jeu dont je parlais, et donc hâte sa fin.
Il est particulièrement intéressant pour les acquéreurs de noter que ces métaux monétaires offrent la même protection dans les périodes d'hyper-inflation, pour les mêmes raisons.

Ce moyen ultime, cette dernière carte individuelle, est un recours utile en cas de faillite de la société. Il ne doit cependant pas faire oublier des actions collectives préalables et qui restent toujours possibles. Celle du mouvement Syriza en Grèce, par exemple, en est un bon exemple.



2014/11/22

Le Référendum des Suisses sur l’Or : une Bonne Idée aux Conséquences Imprévues

Je publie ici la traduction en français que j'ai faite de l'article de Keith Weiner, "Swiss ‪Gold‬ Initiative: Good Idea With Unintended Consequences" publié cette semaine sur Forbes.com, avec l'autorisation de l'auteur.

________________


Il se prépare en ce moment une initiative très intéressante en Suisse, sous la forme d’un référendum qui vise à imposer à la Banque Nationale Suisse (BNS) de maintenir 20 % de ses réserves en or. Les électeurs se prononceront le 30 novembre. Je ne cherche pas prédire le résultat du vote, mais je veux discuter ici de l'impact probable en cas de victoire du oui.

La plupart des analyses sur cette initiative porte sur le prix de l'or. Une prédiction typique est que ce dernier va monter, puisque l'achat d’or de la BNS excéderait l'offre. Cependant Mike Shedlock note que, "Quasiment tout l'or jamais extrait est disponible ...". En effet l'or est infiniment recyclable. La demande de la BNS serait faible par rapport aux stocks d'or présents à travers le monde, et c’est pourquoi le prix ne variera pas beaucoup. Shedlock ajoute: "Il est tout à fait possible que les achats de la BNS pourraient modifier de manière significative les perceptions ...". Je suis d'accord que le sentiment du marché est mûr pour basculer.

Le prix n’est pas une perspective très intéressante, sauf si vous êtes un trader sur le marché de l’or. Il est beaucoup plus important de noter que le référendum propose le premier changement monétaire positif depuis des décennies. Il réintroduit un lien entre l'or et l’activité bancaire, et impose un obstacle à la dévaluation monétaire. Pour cela, les Suisses sont des héros.

Il existe une faille critique dans notre système de devises flottantes. Chaque actif financier est une dette portée par quelqu'un. Lorsqu’une devise varie, elle crée des gagnants et des perdants. Les grands mouvements peuvent nuire aux banques dont les portefeuilles de prêts sont situés dans d’autres pays.

C’est pourquoi la BNS ne permet pas actuellement que l'euro chute en dessous de 1,2 francs. Pour maintenir cette parité, la banque centrale vend des francs et achète des euros. Il n'y a aucune limite à cette dévaluation du franc délibérée, qui dépouille les épargnants suisses, les investisseurs et les entreprises.

Les grands exportateurs comme Swatch et Nestlé peuvent avoir exercé des pressions pour un franc suisse plus faible, dans l'espoir de rendre leurs produits plus compétitifs, mais ce n’est qu’un aspect annexe. Le but réel de la dévaluation du franc est de protéger les banques suisses de la dévaluation de l'euro. Elles sont vulnérables, parce qu'elles accordent beaucoup de prêts hors du pays. Ils ont des actifs libellés en euro et les passifs libellés en franc suisse. Ils subissent des pertes lorsque l'euro chute, ou que le franc monte.

Deux exemples permettent d'illustrer le problème. Tout d'abord, imaginons que Jens en Allemagne emprunte un million d'euros auprès du Crédit Suisse. Alors que l'euro chute, Jens rembourse la banque en euro dont la valeur est de plus en plus petite. Sur les livres de compte en franc suisse du Crédit Suisse, la valeur du prêt chute comme une pierre. Jens est heureux, mais le Crédit Suisse ne l’est pas.

Ensuite, regardons Adriana en Italie qui emprunte aussi de l'argent, mais pas en euro. Elle obtient un million de francs suisses d’UBS. Alors que l'euro chute, Adriana le ressent comme un franc en hausse. Son paiement mensuel monte de plus en plus. UBS est heureux, au moins au début, parce que le prêt d’Adriana est en francs. Cependant Adriana se retrouve coincée. Quand elle ne peut plus rembourser, alors UBS devient aussi malheureux que le Crédit Suisse.

A chaque fois, le capital des banques suisses s’érode. Si l'euro chute suffisamment, alors les banques pourraient faire faillite. Seulement, ils savent où est la limite, et ce n’est probablement pas trop loin sous de la parité actuelle de 1,2 francs.

En cas de victoire du oui, les déposants des banques suisses ne vont pas ressentir la douleur causée par la devise, au premier abord. Ils sont heureux de posséder des francs suisses, surtout si le franc est à la hausse. Au lieu de cela, ils devraient se soucier des conséquences inattendues de la fin de l’ancrage à l'euro. Leur franc fort ne sera pas bienvenu dans le cas d'insolvabilité bancaire.

Malheureusement le régime du papier-monnaie impose un dilemme amer au peuple suisse. Ils n’ont que le choix entre des pertes lentes par la dévaluation ou des pertes totales par la faillite. Ils méritent une meilleure option, celle d’une feuille de route concrète vers l'étalon-or.

Il est formidable que le peuple suisse lutte pour se rapprocher de l'or. Je suis un ardent défenseur de l'étalon-or, et je tiens à applaudir mes amis suisses. Pourtant, je dois les mettre en garde aujourd'hui. Je me rends compte qu'ils ont dépensé beaucoup d'argent et de capital politique pour arriver jusqu'ici, mais je ne veux pas gagner cette bataille et perdre la guerre. Ils ont besoin d'une nouvelle initiative populaire, qui prenne en compte les prêts des banques libellés en euro.


2014/09/19

2015 : émergence d’un nouveau système monétaire international multipolaire. L’or se réveille.


Cet article s’intéresse au mouvement de fond touchant le système monétaire international, et décrit son prochain "palier" qui est en train d’être mis en place par des actions locales, rapides et successives, sans obligatoirement être chacune accompagnée dans la foulée par un communiqué public. 

Dit schématiquement, nous décrivons le processus de sortie du dollar : la dé-dollarisation du monde qui commence par les pays BRICS.

Dollar contre or

L’histoire humaine depuis plus de 6500 ans est jalonnée par l’or, sur tous les continents. En effet cette matière présente des qualités physico-chimiques, géologiques et historiques[*] absolument sans équivalent sur notre planète. Elle représente ainsi le meilleur moyen qui puisse exister pour stocker la valeur sur une longue durée.[**] L’or a donc été sélectionné par l’homme au cours des millénaires pour être le support matériel de la monnaie[1], qui permet de développer les échanges de valeur c’est-à-dire l’économie.

La monnaie représente dans l’esprit des hommes la stabilité de la valeur dans le temps futur. Remarquez l’éclat inaltéré des bijoux de Varna, ou plus proche de nous l'évolution du pouvoir d’achat de l’or lors des derniers siècles écoulés (figure 1). La stabilité de l’or (en termes de pouvoir d'achat) ne subit des fluctuations importantes que lors des événements suivants : découverte des Amériques et de leurs mines par les Européens (XVIème siècle) ; abandon du standard or par la France et l’Allemagne en 1914 pour financer la Grande Guerre, puis par tous les pays de l'Union Latine ; confiscation de l’or des citoyens américains en 1933 ; défaut sur les accords de Bretton Woods par les USA (1971) ; mise en place du premier accord CBGA (1999) ; crise financière globale de 2008.

Figure 1: pouvoir d’achat de l’or entre 1560 et 2010 aux Etats-Unis ; source : WGC

On peut comparer cette stabilité, fondamentale pour la croissance de l’économie, avec l’évolution du pouvoir d’achat du dollar (figure 2a). Cette courbe se lit aussi comme suit : « combien d’onces d’or faut-il pour acheter 1 dollar ? ». 

Figure 2a : pouvoir d’achat du dollar par rapport à l'or entre 1718 et 2013 ; Source : goldsilverworlds.com

On peut également comparer l'évolution des autres monnaies fiduciaires par rapport à l'or lors du siècle écoulé (figure 2b).

Figure 2b: destruction des monnaies fiduciaires depuis 1900; source

Car la référence ultime doit toujours être ce qui varie le moins : on ne mesure pas une règle avec un élastique mais les différentes longueurs de l’élastique (le dollar) au cours du temps, à l’aide de la règle (la masse d’or). Toute économie fondée sur des principes différents est condamnée à faire illusion. La mesure au moyen de l’or, par exemple pour l'évolution du PIB des USA ou de UK, dissipe instantanément cette illusion (figure 3).

Figure 3 : PIB annuel des U.S.A et de UK par habitant (1830-2012) exprimés en onces d'or fin ; Source: Conscience-Sociale.org & Samuel H. Williamson, Measuring Worth

Le retour de l’or

Nous avons déjà décrit les relations actuelles profondes entre les marchés de l’or et du dollar.[1b] Le mouvement profond de la grande crise actuelle doit s’analyser comme une « remontée irrésistible à la surface » de l’or dans le système monétaire international, suivant des paliers de décompression. Le naufrage du dollar (ou plus exactement du système pétro-dollar, et des Bons du Trésor US comme référence commune) doit se comprendre comme ceci : 
  • Toute monnaie ne peut être qu’un instrument d’échange dérivé[2] de l’or, ou d’une autre monnaie, suivant une hiérarchie d’influence. A cet égard, l’euro est actuellement un dérivé du dollar. 
  • Le dollar est un instrument dérivé de l’or, grâce à un marché jusqu’à présent encore liquide et profond.[3] 
  • Le dollar est l’instrument de référence du système monétaire international, reflétant l’organisation unipolaire du monde au XXème siècle.[4] 
  • Réformer le système monétaire international basé sur le dollar, c’est introduire à la place du dollar un autre instrument d’échange dérivé de l’or… ou plusieurs !
Nous avons précédemment mentionné dans nos travaux le stade ultime d’instrument dérivé de l’or, qui est le billet à ordre remboursable en or (Gold Bill).[5]
Nous décrivons ici un palier intermédiaire, reflétant désormais l’organisation multipolaire du monde.
Il ne s’agit pas de remplacer le dollar par un panier de devises. Il s’agit d’abord de remplacer le marché assurant l’échange entre dollar et or (le COMEX), par d’autres marchés. C’est là que nous devons nous intéresser de près à l’accumulation de stocks d’or par les pays BRICS, les seuls ayant la volonté de réformer le système monétaire international.
Les statistiques officielles de stocks d'or (WGC, FMI) ne peuvent pas être tenues pour argent comptant, pour deux raisons :
  • L’importance stratégique primordiale des stocks d’or implique que les valeurs publiées ne reflètent pas les évolutions réelles, en particulier les stocks issus de l’extraction minière dans le même pays. 
  • Les banques centrales, en particulier occidentales, ont pratiqué pendant des décennies le leasing de leur or national, ou l’achat de certificats ETF, ou le déplacement de leur or à New York ou Londres pour soi-disant « faciliter les transactions ». Ces stocks ne sont représentatifs en aucune façon de la réalité[6] de ce qui peut effectivement être mis à disposition sur un marché qui autorise le retrait d'or physique par n'importe quel acteur.[7] 


L’or dans la stratégie des BRICS

Commençons par la Chine.
Sa banque centrale vise officiellement à réunir plus de 8500 tonnes dans ses réserves.[8] Il est donc essentiel de suivre les importations d’or parallèlement aux stocks officiels (figures 4 et 5) et aux volumes de retrait sur le marché de Shanghai qui joue le rôle de porte d’entrée des flux importés. Son ambition de développer un vaste marché de l’or permettant de participer activement au processus de fixation du prix de l’or, s’étale au grand jour.[9] Le marché international des contrats à terme pour l'or (gold futures) qui a ouvert aujourd'hui 18 septembre à Shanghai.[10] Pourquoi cette annonce historique ne fait-elle pas les grands titres du journal télévisé dans votre pays ?

Figure 4; source

Figure 5; source

Passons à la Russie. 
Il est essentiel ici de comprendre la nature multipolaire de tout ce qui se joue et qui compte en ce moment. La Chine ne remplacera pas les USA. C’est l’ensemble des BRICS, articulé lui-même autour de l’axe fort Russie-Chine. La Russie présente le partenariat idéal pour le nouveau système : une monnaie solide ancrée sur des réserves officielles en croissance (sans leasing)[11], et la plus importante capacité d’exportation d’énergie de la planète. 

Ce partenariat Russie-Chine remplace celui du pétrodollar (US-Arabie Saoudite), sans présenter la faiblesse géopolitique de ce dernier pays. Il est beaucoup plus équilibré. C’est pourquoi les ventes d’énergie pourront s’opérer en rouble avec les autres pays[12], la Chine payant soit en rouble soit en Renminbi suivant les accords de swap… voire en billets à ordre remboursables en or (Gold Bills), qui pourront servir dans les 3 mois à la Russie pour acheter des produits chinois. L’ensemble de ces mécanismes assurent qu’aucun déficit de la balance commerciale ne se creusera entre ces deux pays.

Figure 6 : réserves d'or officielles de la banque centrale russe, 1994 - 2014/05; source

La nature multipolaire des BRICS intègre naturellement le Brésil, l’Inde, et l’Afrique du Sud dans ces accords de commerce internationaux.
Chacun de ces pays effectuera ses paiements suivant ses propres atouts :
  • Le Brésil et l’Afrique du Sud vendront des produits agricoles et des matières premières à la Chine (ou à d’autres pays des BRICS) en s’appuyant sur leur accord de swap de devises, en retour de l’achat de produits manufacturés des BRICS. 
  • L'Afrique du Sud est encore un très important producteur d'or mondial, après avoir été le numéro 1 pendant des décennies (figure 6b). Ses mines lui permettent si nécessaire de constituer des réserves nationales de 200 t / an sans l'acheter sur les marchés internationaux. 
Figure 6b ; source
  • Le Brésil est le 14ème producteur d'or mondial malgré des réserves géologiques plus significatives. Les chiffres de l'US Geological Survey annoncent une production en 2011 de 60.3 tonnes, et de 63 tonnes en 2010. Les projets impliquant d'autres pays d'Amérique du Sud (par exemple les projets de Yamana Gold, figure 6c) sont à souligner du fait du fort rapprochement entre BRICS, Mercosur et Argentine.
Figure 6c; source
  • L’Inde importe massivement de l’or depuis les années 90 (figure 7) et dispose après la Chine du plus important stock d’or mondial dans les mains de ses citoyens. Ceux-ci pourront rapidement s’insérer dans le commerce des Gold Bills, après l’étape utilisant les swaps.


Figure 7

Les conséquences de ces rachats d’or sur les équilibres de forces dans le monde se jouent avant tout sur le terrain monétaire, qui est le socle de tous les autres attributs d’indépendance. Grâce à ces stocks astucieusement exploités, et à la confiance mutuelle de très long terme qu’ils inspirent, de puissants partenariats stratégiques peuvent se développer, des nouvelles filières internationales d’approvisionnement (supply chain) peuvent se mettre en place. Le commerce international progresse sur des bases saines.
Nous estimons que ce prochain "palier" du système monétaire international sera techniquement atteint dès fin 2014, et communiqué publiquement pour le prochain sommet des BRICS en juillet 2015.
Le prochain système monétaire international sera donc réellement multipolaire, et favorisera des équilibres commerciaux dynamiques. Il reposera à nouveau sur un repère universel et intangible : l’or, et une cohabitation avec des monnaies fiduciaires. D’autres mécanismes comme les Gold Bills, les obligations remboursables en or (Gold Bonds), viendront consolider le système dans de prochains paliers de maturité.

Mais que font les pays Européens ?

L'Europe a loupé le coche en 2009 pour s’émanciper de sa tutelle américaine et pour participer significativement à l’organisation de ce prochain système monétaire international, malgré nos appels. C’est une erreur historique, collective, qui jouera en faveur de la remise en cause, à terme, du mode de gouvernance des pays européens, des institutions européennes et des banques centrales occidentales.

La plupart des pays Européens sont aspirés dans le mouvement que nous décrivons et peuvent se raccrocher au nouveau système monétaire initié par les BRICS, en particulier grâce aux accords bilatéraux passés tout dernièrement avec la Chine.[13]

Il s’agit bien évidemment d’inciter les pays Européens à participer dès à présent à ce mouvement de fond historique de manière plus étendue. Continuer de ne pas vouloir le faire dès maintenant, c'est être de toute façon contraint et forcé de le faire plus tard, avec beaucoup plus de problèmes de mise en place, sans compter ceux qui continuent à grossir. Les conséquences sociales et géopolitiques consécutives à chaque année de retard se paieront au prix fort dans le destin de l’Europe.

En particulier, il est essentiel de rappeler qu’à l’opposé des Quantitative Easings, l’or est le souverain remède contre la déflation.[14]

Après un état du Canada[15], la Banque d'Angleterre a surpris tous les analystes habituels en devenant le premier pays européen à émettre des obligations en Renminbi.[16]
Cette annonce prouve que la BoE préfère favoriser un système monétaire international basé sur le duo Yuan/Rouble et donc intimement adossé aux banques centrales, plutôt qu'un autre plus distribué et basé sur l'or.
En effet pour la BoE, annoncer reconstituer des réserves d'or serait renier une stratégie de 150 ans.
La City espère ainsi devancer ce nouveau marché et continuer à dominer les pays européens (à defaut du monde) en devenant le centre financier européen incontournable pour le clearing en RMB.
Au moins 4 autres pays européens ont compris la manœuvre: France, Suisse, Allemagne, Luxembourg. Tous luttent maintenant entre eux pour être des seconds couteaux par rapport à l'Eurasie qui se consolide. Nous aurons confirmation de ce pitoyable vide stratégique européen au G20 de Novembre en Australie. C'est ce que nous avions appelé la satellisation des pays européens.

Si l’Europe se contente de rester dans cette position, elle place naturellement le Renminbi échangeable en or au SGE sur le chemin le plus favorable pour le développement du commerce international. La Chine ayant compris la limite lointaine mais mortelle pour eux de ce système, en observant les Etats Unis depuis 1971, favorisera à terme la diffusion internationale des Gold Bills qui résolvent élégamment ce problème.

Remonté des profondeurs de l’histoire, l’or aura alors émergé à nouveau à l’air… libre. Free gold.




[*] L'accumulation des stocks disponibles extraits des mines depuis la préhistoire humaine sur tous les continents, ainsi que son caractère inaltérable et recyclable ("l'or ne se mange pas") explique que le ratio (volume de la production annuelle / stock mondial d'or) est le plus faible de toutes les matières ou composés sur notre planète. Ceci induit une stabilité sans équivalent de la valeur de l'or, issue d'un lent et continu processus historique. A ce titre, la valeur de l'argent métal fluctue librement: elle aussi est mesurée par rapport à celle de l'or.
[**] "Ainsi la valeur n'est pas inhérente aux biens, elle n'en est pas une propriété [...]. C'est un jugement que les sujets économiques portent sur l'importance des biens [...]. Il en résulte que la valeur n'existe pas hors de la conscience des hommes". / "Value does not exist outside of the consciousness of mankind". (Carl Menger, 1840 – 1921)
[1] Gold history in the monetary systems since 5000 years : galmarley.com ; Pour un résumé des vraies caractéristiques de la monnaie voir BullionStar, 09/2014.
[1b] Conscience-Sociale.org, 10/2013 et 03/2014 .
[2] i.e. a derivative.
[3] Hugo Salinas Price, ‘How the Dollar Will Die’, 2014/09. 
[4] L’Union Soviétique n’a pas développé de système monétaire international concurrent pour son commerce international ; source : wikipedia
[5] a) Aussi appelé effet réel de commerce ou lettre de crédit, i.e. Gold Bills, tel que décrit par la Nouvelle Ecole Autrichienne d’Economie (NASoE) ; b) Conscience-Sociale.org, 03/2014
[6] Voir la liste des processus de rapatriements des stocks d’or nationaux, dont 8 concernent des pays européens. 
[7] A échéance du contrat, si celui-ci n’est pas reconduit (roll). 
[8] a) A 2012 paper, ‘A Study on Optimal Scale of China Gold Reserves’ co-authored by the Vice-President of the China Gold Association recommended that by 2020, China’s optimal reserves should be 5,787 – 6,750 tons. If the State Council has followed this recommendation then the PBOC should currently hold between 2,947.2 tons and 3332.4 tons of gold in reserve (source: GoldSeek.com, 10/2013); b) BullionStar, 09/2014; c) Sina Finance, '黄金的战略使命 支撑人民币走向世界', 07/2014.
[9] a) In Gold We Trust, ‘SGE Chairman: China Should Become First Class International Gold Market’, 05/2014; b) Scrapmonster.com, ‘China Invites Top Foreign Banks to Global Gold Exchange’, 05/2014 ; c) Reuters, 05/2014 ; d) Inteligencia financiera global, 05/2014; e) In Gold We Trust, ‘LBMA Forum Singapore - Xu and Zhou speeches’, 06/2014. 
b) L'ouverture était annoncée 10 jours plus tard : Bloomberg, ‘The Shanghai Gold Exchange plans to start bullion trading in the city’s free-trade zone on Sept. 26’, 08/2014 ; c) The SGE IB will facilitate off shore gold trading in renminbi, it will not open the Chinese physical gold market to the rest of the world. Source: Bullion Star, 08/2014
[11] With 1104 tonnes, Russia now has the world’s 6th largest gold reserves, officially higher than both Switzerland’s 1,040 tonnes and China’s 1054 tonnes. As well as Kazakhstan, other countries in the region have also actively been increasing official gold reserves this year including Azerbaijan, Kyrgyzstan and Tajikistan. Source: GoldSeek, 08/2014
[12] Voice of Russia, ‘Russian-led 'gas OPEC ' may emerge soon’, 05/2014. 
[14] NASoE, ‘The deflation nobody understands’, 11/2013.
[15] CBC News, 'British Columbia to issue Chinese-denominated bonds', 11/2013.
[16] Xinhua, 'Britain to include China's RMB as foreign currency reserve', 09/2014.

Mises à jour 
20/09 : ajout du § comportant les réf. 15 et 16 et des figures 6b, 6c ; enrichissement de la figure 11 ; ajout des notes * et **.
29/09 : ajout de la video
05/10 : ajout des références 8b et 8c, mise à jour de la figure 5

2014/03/25

L’age d’or de notre ère est l’age de l’or

[english translation is here]

Vers un nouveau système monétaire international, Partie 2.


Nous avions commencé en janvier 2013 par établir la nécessité de résoudre le problème du système monétaire international, et sa priorité absolue.[1] 

Nous avons ensuite proposé en mai 2013 une stratégie permettant de préparer concrètement la résilience indispensable pour supporter le changement de système monétaire international.[2] Les diverses annonces officielles au cours des mois écoulés ont largement confirmé que cette anticipation était partagée.[3] 

La synthèse de cette stratégie a été à nouveau exprimée par Laurence Brahm le 21/10/2013: 
"Il ne s’agit pas de la suppression intégrale de l’ancienne architecture financière de Bretton Woods mais plutôt de la création d’une nouvelle structure parallèle à l’ancienne. A terme, les pays pourront choisir quelle architecture convient davantage à leurs propres plans de reconstruction et de rénovation." [4] 
L'âge d'Or (Zucchi)
Cette semaine de mars 2014 voit une nouvelle étape se franchir. Il ne s’agit rien de moins que de s’orienter d'ici 2015 entre la redite de la conférence de Vienne en 1815 (le Concert des Nations) ou celle de Yalta en 1945 (la Guerre Froide) qui entérinera les « nouvelles règles du jeu dans les relations internationales »[5]. 

En effet cette semaine en Europe un grand nombre de réunions bilatérales se précipitent: 
  • Le Président Xi avec le Premier Ministre des Pays-Bas, M. Hollande, Mme Merkel, puis à la Commission Européenne [6] 
  • Le Président Obama avec le Président Xi, et étend son déplacement à la dernière minute pour rencontrer les chefs d’Etat des Pays-Bas, d’Italie, de Belgique, des Emirats, de Corée du Sud, du Japon, puis une audience avec le Pape à Rome et une rencontre avec le roi d’Arabie Saoudite.[7] Sans oublier une rencontre prévue avec MM Barrosso et Van Rompuy [8] 
  • La réunion du G7 en marge du Nuclear Security Summit 2014 
  • Et d’autres rencontres bilatérales plus ou moins officielles et préparées entre d’autres chefs d’Etat qui vont profiter de leurs venues au Nuclear Security Summit 2014 
Officiellement il s’agit surtout de parler de la crise en Ukraine et en Crimée, ou de signer quelques contrats. Les communiqués publics en feront mention. 

Nous pensons que d’autres sujets bien plus importants, et liés, seront discutés: ceux relatifs à l'actuelle réorganisation du nouveau système monétaire et financier international.[8.1]

Montant des réserves des banques centrales étrangères en Bons du Trésor US conservées par la Fed; (Sources: St Louis Fed ; Conscience-Sociale.org)

Notre analyse est bien que la crise ukrainienne a été déclenchée par l’Etat profond américain en préparation de l’instauration de cette prochaine organisation.[9] Il s’agit de retenir l’UE dans la zone de domination des USA.[9.1] 

Le moment est venu de préciser ce que nous entendons par nouveau système monétaire et financier international. 
Nous pensons qu’il s’agit non seulement de former ce qui est déjà annoncé: 
  • Une Banque de développement des BRICS parallèle à la Banque Mondiale 
  • Un fonds commun de stabilité parallèle au FMI 
  • Des partenariats pour les échanges bilatéraux en parallèle de l’OMC 
mais d’aller beaucoup plus loin encore. 

Tout d’abord la Banque de Développement des BRICS devient désormais une « banque initiée par les BRICS pour le développement de toutes parties intéressées », et dont la gouvernance est ouverte à tout Etat désirant adhérer.[9.2] 

Ensuite, et c’est le plus novateur: il s’agit de créer une autre institution parallèle à la Banque pour les Règlements Internationaux (BRI / BIS)
Celle-ci est la plus ancienne institution financière internationale, et entièrement gouvernée par l’Occident (les 6 membres permanents et fondateurs sont les banques centrales de Belgique, France, Allemagne, Italie, U.K. et USA, qui peuvent avoir un double poids de vote – l’analogie avec les réunions d’Obama cette semaine n’est pas un hasard [10]) 

La BRI est la banque centrale des banques centrales, c’est-à-dire qu’elle organise et supervise les échanges entre elles… et notamment ceux concernant l’or physique. Les activités sur la régulation financière (les règles des comités de Bâle), beaucoup plus connues, ont été ajoutées bien plus tard, quand l'existence de cette banque est devenue publique alors qu'elle était gardée secrète depuis sa création.[10.7]

Le premier problème à régler pour la refondation du système monétaire et financier international n’est pas vraiment le choix d’une nouvelle monnaie. Ceci n’est qu’un moyen. Il s’agit avant tout d’assurer la stabilité des prix et le développement du commerce international. Sans cela, la seule alternative c’est la guerre sans fin pour les ressources qui seront de plus en plus rares. Il faut donc bien séparer le problème d'une monnaie de référence pour le commerce international, de celui d'une monnaie de réserve pour les banques centrales.

La dislocation géopolitique mondiale à la suite de la crise de 2008 a tranché le nœud gordien: il n’est plus besoin de prendre une décision pour l’ensemble des pays (ce qui a bloqué cette réforme depuis de longues années [10.6]). Désormais ce sont les pays BRICS qui ont l’initiative et la volonté d’avancer. Cette volonté est le facteur essentiel comme nous l’avons écrit: [10.9]
Le contexte géopolitique mondial est caractérisé avant tout par un basculement: déclin de l’empire Américain d’un côté et montée de l'initiative multipolaire des pays BRICS de l’autre. Parce qu’ils manquent cruellement d’autonomie de décision et de volonté, l’UE et le Japon se retrouvent ballottés par cette lame de fond de l’Histoire. 
Le choix est fait depuis plusieurs années: le commerce international sera basé sur l’or.[10.3] 
Comment cela va-t-il se passer en pratique ? Pas avec des bateaux ou des camions chargés de lingots, bien sûr. Il a fallu organiser comme nous le disions une « BIS-bis » qui puisse gérer une chambre de compensation pour les règlements (settlements) en or physique, et surtout lui adjoindre un ingrédient fondamental: permettre à nouveau les règlements du commerce international des marchandises au moyen de « Real Bills » (ou Gold Bills), comme préconisé par la Nouvelle Ecole Autrichienne d’Economie et les travaux du Pr Fekete.[10.4] Ceux-ci sont des effets réels de commerce (ou lettres de crédit ou billets à ordre) payables à échéance en or physique, et dont l'émission est strictement limitée par les commandes reçues. Ils permettent de multiplier la vélocité de la monnaie, sans aucun risque d’inflation.[10.1] 

On est très loin d’un simple standard « 100% or ». 

L’or est la seule monnaie (l'argent métal est côté en parité flottante par rapport à lui) comme tout le monde le savait depuis des millénaires. Aujourd’hui la plupart des gens l’ont confusément oublié, mais pas les banquiers centraux occidentaux qui ont essayé pendant un siècle de nous faire prendre des vessies pour des lanternes.[10.8] En nous trompant, ils se sont trompés eux-mêmes et se sont mis à croire à leurs propres fariboles. Un échec historique et d'ampleur planétaire. Hélas, hélas, c'est un échec de l’esprit européen. Il faudra le reconnaître pour trouver sous nos pieds l’impulsion nous permettant de remonter de ce cimetière marin.[10.2] 

Les pays BRICS n’ont pas nécessairement besoin de l’Occident pour mettre en route ce système.[10.5] Rappelons ce qu’il remplace: les devises en dollar et les Bons du Trésor US (US Treasury) à la base des fameux « pétrodollars » sont remplacés par les effets de commerce réels (Gold Bills) qui vont permettre d’acheter du pétrole par exemple.[11] C'est la fonction de monnaie d'échange pour le commerce international.
Mais ces Bons du Trésor ont aussi une fonction de revenu puisqu’ils procurent un rapport lié à leur taux d’intérêt à moyen ou long terme - c’est d’ailleurs un défaut mortel de ce système. Il s'agit ici du problème de la monnaie de réserve pour les banques centrales.

Le nouveau système propose très astucieusement de découpler ces deux fonctions. La fonction de revenu pourra être apportée (le moment venu) par l’introduction d’obligation-or (gold bond), c’est-à-dire d’obligations libellées en masse d’or, qui produit un intérêt versé en masse d’or et dont le principal est remboursable en masse d’or (donc pas une simple obligation adossée à un collatéral or, et libellée en monnaie fiduciaire - ou gold backed bond). Là aussi, il faut une institution pour assurer l’émission de ces obligations. 

Remarquons que pour démarrer, il n’est pas du tout indispensable de remplacer les devises nationales fiduciaires par des pièces d’or. Les effets réels vont circuler en parallèle des devises, et la confiance des utilisateurs de ces devises se reflétera en temps réel dans le prix local de cette devise mesurée en mg d’or (c’est-à-dire l’inverse du 'prix de l’or' mesuré dans cette devise, qui est la vision habituelle que l’on a – une perception totalement fausse puisqu’on ne peut pas mesurer la longueur d’une barre avec un élastique: on doit faire l’inverse). D’où l’importance fondamentale de ne pas avoir de marché de l’or truqué comme actuellement à New York et Londres.[12]


Prix du dollar U.S. en mg d'or fin
(Sources: St Louis Fed; LBMA; Conscience-Sociale.org)

Les USA n’ont aucun moyen pour empêcher les BRICS de lancer ce système parallèle, concurrent de celui des US Treasury, et qui condamne définitivement l’attraction de ces dernières.  

Il ne reste alors aux décideurs américains (c’est-à-dire l’Etat public et l’Etat profond) que les possibilités suivantes comme nouvelles règles du jeu, puisqu'ils sont dos au mur [12.2]: 
  • soit accepter la cohabitation ouverte de deux systèmes parallèles, avec 100% des acteurs qui savent que le système dollar ne peut être concurrentiel (donc très rapidement un seul système qui perdure et tous les avoirs en US Treasury qui partent en fumée). Pudiquement cela s’appelle la « restructuration des actifs du marché des obligations américaines ». C’est le chemin de Vienne en 1815.[12.1] 
  • soit ne pas accepter cette cohabitation ouverte, c’est-à-dire refermer la porte pour se retrancher derrière et bâtir un mur le plus haut possible pour que personne ne puisse s’échapper de la zone Dollar. Pour que cette zone puisse durer le plus longtemps possible (tout en étant condamnée d'avance à cause de la déflation), il faut qu’elle soit la plus grande possible, et l’UE est donc une proie bien tentante (avec les réserves d'or qui lui restent) et très facile grâce aux gouvernements et à une Commission Européenne atlantistes et qui suivent docilement les intérêts de l’Etat profond américain. Il s’agit donc de leur faire signer le TTIP le plus vite possible, qui les convaincra rapidement de ne pas rapatrier leur or et d’abandonner l’euro (deux monnaies dans la zone US-UE, c’est une de trop) puisqu’ils ont déjà abandonné leur souveraineté. C’est la voie de Yalta en 1945. [12.3] 

La prochaine fois que vous croisez votre Président ou votre Premier Ministre, vous savez maintenant quelle bonne question lui poser: qu’a-t'il choisi à notre place et qui est censé tous nous engager?
Les pays BRICS tendent la main aux peuples Européens depuis 2009, et nos gouvernements leur affichent jusqu'à présent un dédain sans nom, préférant les ombres du monde d'avant.[13] Mais il n’est pas encore trop tard pour penser à notre place dans l'Europe et dans le monde, il reste quelques petits mois et le billet peut se prendre dès cette semaine. Hâtez-vous ou repentez-vous.

Ce qui se discute en ce moment en aparté est pourtant l'affaire de tous, et va nous engager pour bien longtemps. Ne subissez pas sans comprendre.


An error doesn't become a mistake until you refuse to correct it.
(O.A. Battista, 1917-1995)

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[1] ‘La crise écologique globale exige une refonte du système monétaire international’, Conscience Sociale, 01/2013 ; cet article se situait dans la continuité de la question fondamentale posée en 2011: 'How to replace the world trade reference currency’, Conscience Sociale, 06/2011

[2] a) ‘Vers un nouveau système monétaire international - partie 1’, version FR ou EN, Conscience Sociale, 2013 ; b) les prémices de cette stratégie se trouvent dans la conclusion de l'article de 2012: 'La géoéconomie des Bons du Trésor US', Conscience Sociale, 12/2012

[3] a) ‘China, Europe Agree on Currency Deal’, TheTrumpet.com ; b) ‘China's planned crude oil futures may be priced in yuan’, Reuters ; c) ‘India to resume paying Iran in Euros’, India Times ; d) ‘PBOC Says No Longer in China’s Interest to Increase Reserves’, Bloomberg ; e) ‘China’s central government has reportedly approved 12 new free trade zones, including ones in Tianjin and Guangdong’, The Diplomat ; f) ‘Harbinger: 23 countries begin setting up swap lines to bypass dollar’, The Examiner ; g) ‘FMI: La réforme de l'institution reste bloquée par Washington’, Les Echos ; h) ‘Dollar-based system is inherently unstable - The culprit is the dollar’, Financial Times ; i) ‘A Shanghaï, Pékin s'offre un laboratoire des réformes’, Le Monde ; j) ‘La banque de développement et le FMI des BRICS sont nés’, L’Express ; k) ‘Shanghai Free-trade Zone to lead on yuan reform’, South China Morning Post ; l) ‘IMF Quota and Governance Reform: Political Impulse Needed for Progress on Reform Process’, CIGI ; m) ‘South Korea, Australia ink US$ 4.5 billion currency swap agreement’, Sovereign Wealth Fund Institute ; n) ‘BRICS Bank: Caution is a good policy’, India&Russia Report ; o) ‘G20 regrets IMF reforms delay, India says can't wait for long’, Industan Times ; p) ‘Медведев: особую экономическую зону в Крыму будет курировать Козак’, RBC Daily ; q) 'Gold trading to open up to foreigners in Shanghai', SCMP, 03/2014 ; r) 'Russia without dollar - what are the risks?', pravda.ru, 03/2014

[4] a) ‘Les Brics veulent en finir avec l’extrémisme des marchés financiers’, RIA Novosti ; b) article original: ‘БРИКС положит конец рыночному фундаментализму’, RBC Daily 

[5] a) R. Cohen, ‘International Politics: The Rules of the Game’, Longman Group United Kingdom, 1982 ; b) Le Président Xi déclare ainsi cette semaine: "China is firmly committed to ... building a new model of major country relations", Reuters, 03/2014

[6] Le Parisien, 03/2014 

[7] The Guardian, 03/2014 

[8] Conseil Européen, 24/03/2014 

[8.1] Ne pas ignorer par exemple: a) 'Did Russia Just Move Its Treasury Holdings Offshore?', WSJ, 03/2013 ; b) 'Emerging Markets central banks sell US government bonds', Financial Times, 03/2014

[9] a) ‘La crise ukrainienne, un événement de la politique profonde’, Conscience Sociale, 03/2014 ; b) Pour la définition précise du terme 'Etat profond' voir 'La politique profonde et l’Etat profond (deep politics and the deep State)’, Conscience Sociale, 03/2014

[9.1] 'Escalade dans la réaction de survie des États-Unis: déclencher une guerre froide pour mieux annexer l’Europe', Global Europe Anticipation Bulletin n°83, 03/2014

[9.2] 'The Way Forward for the Brics New Development Bank', All Africa, 03/2014

[10] Obama et Cameron ont préparé cette réunion la semaine dernière: whitehouse.gov, 03/2014 

[10.1] Les Real Bills expirent au bout de 91 jours maximum.


[10.3] 'Building a strong economic and financial security barrier for China - Actively build and implement national gold strategies', In Gold We Trust, 09/2013

[10.4] Pour plus de détails sur ce fonctionnement, on pourra lire sa très récente annonce 'Gold Bills Payable in Gold Sovereigns', A.E. Fekete, 03/2014; Sur la distinction entre Real Bills et Gold Bills: entretien du Pr. Fekete avec Daily Bell, 03/2014

[10.5] L'ensemble formé par les BRICS est déjà suffisamment autonome: 'Sanctions effect: Russia to change its economic partners…for the better', Russia Today, 03/2014

[10.6] 'U.S. Dollar, Euro, Renminbi as invoicing currencies in international trade and as reserve currencies - A bibliography', Conscience Sociale

[10.7] Créée en 1930, son existence n'a été publiquement dévoilée qu'en 1977. Notons aussi que d'après les statuts le terrain de l'immeuble de la BIS n'est pas soumis aux lois suisses. La police ou l'armée ne peuvent y rentrer. Voir aussi 'Tower of Basel: The Shadowy History of the Secret Bank that Runs the World', Adam LeBor, PublicAffairs, 2013

[10.8] 'Bernanke Tells Congress: I Don't Really Understand Gold', Forbes, 07/2013 ; Mais ils ont reconnus eux-mêmes être au bout du rouleau : voir Conscience Sociale, 08/2013

[10.9] 'Focus' in Global Europe Anticipation Bulletin n°83, 03/2014

[11] Notons à ce sujet que les pays BRICS ont capitalisé sur l’expérience acquise par les achats de pétrole iranien en or par l’Inde, au travers de banques turques. Comme quoi l’embargo injuste décrété par l’Occident s’est révélé être une faiblesse qui allait entraîner d’énormes conséquences. L’Histoire est friande de ce genre d’ironie. Voir a) WSJ, 02/2014 ; b) Foreign Policy, 02/2014

[12] a) 'Sun Zhaoxue: The United States Intends To Suppress Gold To Ensure The Dollar’s Dominance',  In Gold We Trust, 01/2014 ; b) L'origine de cette stratégie remonte loin dans le temps. On peut citer par exemple: 'Minutes of Secretary of State Kissinger’s Principals and Regionals Staff Meeting, Washington, April 25, 1974', in FOREIGN RELATIONS OF THE UNITED STATES, 1973–1976, VOLUME XXXI, FOREIGN ECONOMIC POLICY, DOCUMENT 63 ; c) 'La Manipulation du Prix de l’Or', 24hgold, 09/2008 ; d) 'Barclays, Deutsche Bank Accused of Gold Fix Manipulation', Bloomberg, 03/2014 

[12.1] 'What the world needs is “19th century behavior', Russia in Global Affairs, 03/2014

[12.2] 'L'implosion du marché COMEX et la dé-américanisation du monde’, Conscience Sociale, 10/2013

[12.3] 'L'Union européenne: la nouvelle URSS', Vladimir Boukovski

[13] 'La dérive néo-conservatrice de la politique française', Agile Démocratie, 03/2014 

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Dernière édition: 10/4/2014, 8:43